Les femmes qui font avancer MSF

Fikile Ngwenya

Eswatini5 min

Bon nombre de femmes qui travaillent pour des projets médicaux MSF ont dû surmonter des obstacles pour devenir les leaders qu’elles sont aujourd’hui, notamment les stéréotypes de genre. Elles se distinguent en tant que militantes et actrices du changement au sein de MSF et de leurs communautés, transformant la perception des femmes et veillant à se faire entendre pour rendre nos programmes plus inclusifs et accessibles à tous.

Plus de 90% du personnel MSF est recruté localement. Des chauffeuses aux infirmières superviseuses en passant par les coordinatrices financières, les femmes leaders sont essentielles pour soutenir l’engagement de MSF en faveur de soins de qualité, axés sur les patients. Le leadership des femmes nous permet d’obtenir des perspectives plus équilibrées et diversifiées dans tous les domaines, de la conception des programmes à leur mise en œuvre sur le terrain, en passant par la définition de l’orientation future pour notre organisation.

Inspirés par la diversité et la force individuelle de ces femmes anonymes au sein de MSF, nous avons demandé à certaines, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes 2022 : « Que pouvons-nous apprendre de vous ? ». Et voici ce qu’elles nous ont répondu.

Fikile Ngwenya, chauffeuse de terrain, Eswatini

Quand Fikile Ngwenya a été engagée comme chauffeuse de terrain par Médecins Sans Frontières dans le Shiselweni, en Eswatini, elle a été absolument ravie. Le fait d’exercer cette profession généralement réservée aux hommes l’a exposée à de nombreuses critiques et remises en question, mais elle aime incarner ce modèle de confiance pour sa communauté.

Bien sûr, j’ai dû faire face à des difficultés en tant que femme. Même les gens que je conduis me rabaissent parfois. Mais d’une certaine façon, j’ai l’impression de me nourrir de ces obstacles. Le fait qu’ils me rabaissent me pousse à m’autonomiser encore plus. Ça ne m’affecte pas.

Fikile Ngwenya

« Je me souviens d’une fois, quand j’ai commencé à travailler chez MSF, il y avait cet homme qui travaillait dans le bureau. Il parlait à quelqu’un. Il ne m’a pas vue, mais je l’ai entendu dire : « Jamais je ne me laisserai conduire par une femme ».

Quelque temps plus tard, j’ai dû l’amener en ville. Je lui ai dit : « Tu te souviens ce que tu as dit l’autre fois. Alors, ça te pose un problème ? ».

En dehors du travail, je suis mariée et j’ai des enfants. J’ai même des petits-enfants. Et à côté de ça, je suis femme et conductrice. Je ne vois pas le problème. On est tous différents. Tout le monde ne peut pas être médecin, on a tous nos spécificités. Chacun ses capacités et ses facilités. »

Shorouq Madmouj, assistance sociale, Palestine

Shorouq Madmouj est assistante sociale pour Médecins Sans Frontières à Naplouse, en Palestine. En tant que femme, elle a l’habitude d’être sous-estimée. Au fil des années, malgré un handicap visuel, elle n’a cessé de servir sa communauté touchée par le conflit. Et aujourd’hui, celle-ci le lui rend en lui accordant une confiance sans faille.

En tant que femme, j’ai toujours l’impression que les gens me sous-estiment. Ils me regardent et disent: « Mais elle n’en est pas capable. Qui est-elle ? ».

Shorouq Madmouj

« Travailler au plus près des gens est ma passion. Et en tant qu’assistante sociale, je peux leur venir en aide à mon échelle. Le défi, c’est de trouver un moyen de faire accepter cette assistance aux personnes – de les convaincre de se faire aider.

En tant que Palestinienne, je travaille avec des personnes qui souffrent des conséquences de l’occupation [de la Cisjordanie]. Moi aussi j’en souffre. Je vis au sein de cette communauté, j’ai mon propre ressenti, mes peurs, je suis comme eux. Parfois, quand on prend en charge un patient qui souffre de quelque chose, il peut s’avérer bénéfique d’avoir connu la même chose soi-même.

Être atteint d’un handicap physique n’est pas chose facile. Pour moi, le handicap c’est avant tout une perception mentale plus qu’un ressenti physique. Mais quand on est atteint d’un handicap, on a souvent une capacité d’endurance et une volonté supérieure à d’autres qui n’ont pas cette spécificité.

Alors mon message aux femmes est le suivant : ne vous laissez pas arrêter par un handicap physique ! »

Marie-Jocelyne Nshimirimana, coordinatrice financière, République démocratique du Congo

En tant que coordinatrice financière en République démocratique du Congo (RDC), Marie-Jocelyne Nshimirimana gère une équipe de soutien dans des projets réguliers et des interventions d’urgence pour le compte de Médecins Sans Frontières. Elle aime faire avancer son équipe pour susciter un changement positif et le voir perdurer au sein de la communauté.

« Même si je suis leur superviseur, je t’avoue que moi aussi, j’apprends. J’apprends d’eux, et tout ce que j’apprends d’eux, ça m’aide aussi à renforcer mes compétences.

Je suis fière de mon travail, parce que voir les valeurs de MSF, ce qu’on apporte à nos patients, c’est quelque chose de louable. En tant que femme d’abord, c’est un honneur pour moi qu’une part de ma participation permette de venir en aide à la population, y compris à des mamans et à des enfants. En tant que mère, c’est quelque chose qui me tient à cœur et qui me donne la force d’être plus engagée qu’avant.

Chaque femme doit savoir que nous les femmes, on est capables. On est capables d’apporter de la positivité au sein de la communauté pour faire avancer les choses positivement. Pour faire tourner le monde. Et apporter le bonheur aux autres.

Marie-Jocelyne Nshimirimana

La femme a une place importante dans la société. Ça, les femmes doivent le savoir.

Nous avons ces atouts, nous avons ces compétences. Donc femme, ne doute pas de tes compétences. La société a besoin de nous. La communauté a besoin de nous pour faire avancer les choses. »