Gaza: MSF renforce son équipe médicale
© Chris Hurby
3 min
Dès la fin du cessez-le-feu humanitaire le 17 juillet, des détonations résonnaient dans la ville de Gaza où se trouve la clinique MSF. Une équipe médicale a finalement réussi à rejoindre Gaza pour renforcer la réponse en urgence.
L’équipe avait dû attendre une heure et demie avant de traverser le terminal d’Erez, à la frontière israélienne, en regardant passer les journalistes devant elle.
Au dixième jour de l’opération militaire israélienne « Haie de protection », la ville de Gaza était redevenue vivante et bruyante, le temps de la trêve. Klaxons, embouteillages, vendeurs ambulants poussant des charrettes débordant de melons, échoppes arborant des ballons de foot colorés, des pots de peinture ou des vélos d’enfants… Avant, presque tous les magasins étaient fermés et les rues désertées.
28 patients ont rejoint la clinique MSF le jeudi 17 juillet, soit trois fois plus que la moyenne quotidienne de ces dix derniers jours. A Khan Younis et à Rafah, les équipes MSF ont pu distribuer des kits de pansements aux personnes qui vivent dans le sud de la bande de Gaza. « Grâce à ce cessez-le-feu, nous avons pu atteindre la plupart de nos patients qui avaient besoin de pansements. Ces cinq heures de trêve ont été comme une grande respiration pour la population de Gaza, mais ça ne les protège absolument pas des bombardements indiscriminés pendant les 19 autres heures de la journée », constate Nicolas Palarus, coordinateur des projets MSF à Gaza.
Gaza, la plus grande prison à ciel ouvert du monde où se précipitent les médias
Après avoir parcouru près d’un kilomètre à pied dans le couloir grillagé du passage d’Erez, les ruines du checkpoint détruit du Hamas vous accueillent à l’entrée de Gaza. Il semble que les journalistes soient plus nombreux à entrer que les humanitaires. « Notre chirurgien a été bloqué du côté israélien peu après que la première équipe est passée à cause de retards administratifs au checkpoint alors que les équipes télés n’avaient aucune difficulté à obtenir l’autorisation d’entrer et de sortir », déplore Nicolas Palarus.
La cour de l’hôpital Shifa est remplie de caméras et de studios mobiles avec une grande antenne satellite pointée vers le ciel. Les médias présents sont venus pour couvrir la guerre en espérant filmer des patients blessés. Du côté égyptien, même les journalistes passent difficilement la frontière pour entrer à Gaza. Le point de passage de Rafah est fermé la plupart du temps, contribuant largement à l’enfermement de la population de Gaza et freinant l’accès des équipes et du matériel humanitaire.
Des équipes médicales éprouvées
L’équipe MSF est venue soutenir le personnel du ministère palestinien de la Santé à l’hôpital Shifa où la plupart des blessés sont admis. Avec près de 250 lits et 8 blocs opératoires, Shifa est le plus gros hôpital de Gaza. L’équipe chirurgicale y fait des rotations de 24 heures. Mais ce jeudi 17 juillet, la salle des urgences n’était pas saturée de cas graves. Passé deux heures de l’après-midi, tout le monde regarde sa montre, le décompte a commencé avant l’expiration du cessez-le-feu. Un chirurgien palestinien confie qu’il est au bord de la dépression et raconte l’histoire d’une petite fille admise dans son service qui a perdu sa mère et sa sœur au cours d’une attaque aérienne. Son père et son frère étaient aux soins intensifs mais n’ont finalement pas survécu.
Les bruits de la guerre
Inutile d’attendre très longtemps après 15 heures. Des sirènes, des hélicoptères, des bourdonnements de drones, l’écho des détonations et le cycle de représailles recommence. Plus d’une centaine de missiles tirés depuis Gaza et déjà huit Palestiniens tués par des bombardements en l’espace de quelques heures. A 21h30, l’info tombe : une offensive terrestre est lancée. L’équipe médicale de renfort a réussi à entrer juste à temps et MSF fait son possible pour que le chirurgien puisse les rejoindre au plus vite. Les urgences de Shifa devraient être bien plus chargées aujourd’hui.
© Chris Hurby