Guatemala: Une éruption volcanique et une tempête tropicale provoquent des ravages
© Olivia Blanchard/MSF
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De la lave, des pierres et du sable sont d’abord tombés du ciel. Puis est venue la pluie. Les Guatémaltèques ont tout juste eu le temps de se remettre de l’éruption du volcan Pacaya, le soir du 27 mai, que la tempête tropicale Agatha frappait leur pays de plein fouet, à peine quelques heures plus tard. Des rivières ont débordé, des ponts se sont écroulés, des routes ont été bloquées par des glissements de terrain, des champs ont été inondés, et des maisons détruites. Près de 200 personnes ont été tuées et des milliers d’autres évacuées, ou déplacées. En à peine quelques heures, la tempête tropicale a affecté 21 des 22 départements du pays.
Une équipe MSF était déjà présente à dans la ville de Guatemala, gérant un projet d’aide aux victimes de violences sexuelles. Dès que les informations sur la force de la tempête et ses effets ont commencé à circuler, Patricia Parra, chef de mission MSF au Guatemala, est passée à l’action. « La priorité était de contacter les autorités et d’évaluer les besoins médicaux et humanitaires» dit-elle. « Comme pour d’autres catastrophes naturelles, le véritable défi, durant les premiers jours, était d’obtenir des informations précises et d’atteindre les régions touchées» explique Patricia. L’aéroport international de la capitale a été fermé le jour de l’éruption, et il l’est resté les cinq jours suivants. Des glissements de terrain et des ponts effondrés bloquaient des routes, isolant certaines communautés.
Le gouvernement a immédiatement déclaré l’état d’urgence, et a répondu par l’évacuation et le sauvetage des victimes, puis par la transformation d’écoles et de bâtiments publics en refuges. Mardi 1er juin, quatre membres du personnel MSF sont arrivés du Salvador, par la route, pour rejoindre le personnel MSF déjà présent dans la capitale. Répartis en trois équipes : médicale, logistique et santé mentale, ils ont passé trois jours à explorer les régions touchées, circulant à travers le pays, en voiture et en hélicoptère, visitant des refuges et s’entretenant avec les autorités médicales locales. L’étendue géographique des dégâts était si vaste qu’il a fallu tout ce temps à l’équipe pour se faire une idée précise des dommages, ainsi que des besoins médicaux.
« Cela ne m’était jamais arrivé » explique, en pleurant, Micaela Quin, l’une des centaines de personnes rassemblées dans la salle de sport dans la ville de Patulul, à l’ouest de la ville de Guatemala. C’est l’un des cinq abris mis sur pied dans cette ville, et la plupart des personnes y ayant trouvé refuge viennent du village voisin, El Triunfo, emporté par la rivière. « J’étais en train d’aider quelqu’un à sauver ses affaires de la rivière, lorsque j’ai vu un homme être emporté, et on m’a crié : « Micaela, Micaela, va voir ta maison ! » C’est alors que j’ai vu que la rivière avait pénétré dans ma maison. J’ai sauvé ce que j’ai pu, le reste a été emporté. »
Aura Ines vivait dans l’une des nombreuses plantations de bananes à présent inondées, près d’Izabal. Elle a passé les cinq jours suivant la catastrophe dans une école de la ville de Los Amates. « Pendant que la niveau de l’eau de la rivière Motagua montait, les responsables de la plantation nous ont dit de prendre nos enfants et de quitter nos maisons » explique-t-elle. « Quelques minutes plus tard, la rivière a inondé nos maisons et nous avons tout perdu. Lits, meubles, gadgets électroniques. Nous n’avons plus rien… Nous ne pouvons plus rentrer chez nous puisque nos maisons sont pleines de boue et de moustiques. Ici ça va, on nous fournit un toit, de la nourriture et de l’eau. Mais je ne sais pas quand nous pourrons rentrer chez nous. »
Après l’évaluation initiale, une équipe de six membres MSF, bientôt rejointe par davantage de personnes, s’est installée à Izabal. Elle y a distribué des kits d’hygiène (brosse à dents, savon, serviettes hygiéniques, seau) et a offert des soins médicaux, de l’eau potable, ainsi qu’un soutien psychosocial aux victimes des inondations.
Cecilia Greco, Coordinatrice d’urgence MSF, dirigeant l’équipe à Izabal explique : « Nous allons probablement faire face à des infections respiratoires et dermatologiques, à des diarrhées, des symptômes psychosomatiques, de l’anxiété et des dépressions. Il pleut encore dans la région, et les victimes craignent de rentrer chez elles de peur que la rivière ne monte à nouveau.»
MSF travaille au Guatemala depuis 1986. L’organisation offre actuellement des traitements médicaux et un soutien psychosocial aux victimes de violences sexuelles, dans l’hôpital principal de référence, ainsi que dans des cliniques des districts les plus touchés par la violence de la capitale.
© Olivia Blanchard/MSF