Haïti : « Quand cette maladie vous frappe, c’est la vie ou la mort »

Centre de traitement du choléra de Thomassique.

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Moïse a 33 ans. Il est arrivé il y a quelques heures dans un état grave dans le centre de traitement du choléra de Thomassique, petite ville du département du Centre, en Haïti.

Directement réhydraté sous perfusion et par voie orale, son état s’est rapidement amélioré. Sans aggravation, il devrait être guéri dans trois jours. Ce centre de traitement est supporté par MSF depuis cinq semaines, alors qu’une recrudescence importante des cas de choléra touchait la zone et que le centre alors en place était complètement débordé par l’afflux des patients, et sans supervision ni personnel qualifié, était incapable de fournir à traitement adéquat aux patients. Une équipe a ainsi mis en place un centre permettant la prise en charge adéquate des patients, a engagé et formé du personnel local médical et responsable des protocoles d’hygiène au sein du centre, et en a assuré la supervision.
Aujourd’hui, MSF se retire, passant la main une autre organisation en mesure de reprendre pendant les mois à venir les activités mises en place par l’ONG d’urgence.
« Je viens de Bogbanique. La maladie, elle a commencé alors que j’étais dans mon jardin. Je travaillais. Puis tout a commencé, tout d’un coup. Je ne savais pas ce qui m’arrivait. J’ai perdu connaissance. Des gens m’ont pris et m’ont emmené à la clinique. C’était dans la clinique de Bogbanique. On m’a posé une perfusion. Je m’en souviens, je suis revenu à moi. Mais le centre médical là-bas ne disposait pas des médicaments adéquats pour me soigner, alors on m’a mis sur une moto et on a roulé jusqu’à Thomassique. Je me suis de nouveau évanoui. Je ne me souviens pas d’être arrivé ici. Mais maintenant je suis revenu à moi, et je me sens mieux.
Ma femme m’a accompagné, et c’est mon beau-frère qui a conduit la moto. Il y avait une longue distance à parcourir.
Dans la vie, je suis planteur. Je plante de tout ! Du maïs, des pois, ... que je vends au marché. J’ai cinq enfants à la maison – c’est ma mère qui s’en occupe pour le moment. J’ai réussi à mettre du maïs en réserve, parce qu’on ne sait jamais quand on est frappé par la maladie, ce qui peut arriver. Je viens de démarrer une location d’un champ, pour le cultiver. Tout à l’heure, je pleurais en pensant à cette dépense que je ne peux pas mettre à profit parce que je suis malade. Quand est-ce que je vais pouvoir rentrer à la maison pour travailler ?
J’ai vu d’autres personnes frappées par le choléra. Moi, je pense que je ne suis pas plus malheureux que les autres... Mais que je n’ai pas plus de chance que les autres... Quand cette maladie vous frappe, c’est la vie ou la mort. Seul Dieu aide les gens à ne pas devenir malade, et à pouvoir rentrer chez eux.
Depuis le début de l’épidémie en octobre 2010, plus de 465 000 personnes ont été atteintes du choléra en Haïti . Parmi celles-ci, 6 500 personnes sont décédées. Les équipes de MSF travaillent et supportent des centres et unités de traitement de choléra à Port-au-Prince et en province : à Martissant, Carrefour, Delmas, Choscal, Drouillard, et dans les départements de l’Ouest, du Nord, du Nord-Ouest, de l’Artibonite et du Centre. Depuis le début de l’épidémie, MSF a traité plus de 160.000 patients contre le choléra.