L’épidémie de choléra qui sévit au Kenya s’étend au camp de réfugiés de Dadaab
© MSF
4 min
L’épidémie de choléra qui sévit au Kenya depuis plus d’un an a atteint le camp de réfugiés de Dadaab, situé à la frontière avec la Somalie.
Pour l’heure, près de 540 personnes auraient été touchées, dont la majorité vivent dans le camp de Dagahaley. Médecins Sans Frontières (MSF) a étendu les activités hospitalières qu’elle mène à Dagahaley et construit un centre de traitement du choléra pour faire face à l’afflux de patients. Avec la saison des pluies, qui ne fait qu’aggraver des conditions de vie déjà difficiles, MSF craint que l’épidémie ne s’étende encore davantage.
Depuis décembre 2014, l’épidémie de choléra s’est propagée à 16 comtés du Kenya. Elle a été officiellement déclarée à Dadaab le 23 novembre 2015.
Insuffisance des investissements à long terme
«Cette épidémie ne fait que mettre en lumière les conditions de vie et d’hygiène déplorables qui règnent dans le camp, ainsi que l’insuffisance des investissements à long terme dans les services d’assainissement», explique Charles Gaudry, chef de mission pour MSF au Kenya. «Les réfugiés, qui dépendent exclusivement de l’aide humanitaire, paient aujourd’hui le prix des coupes budgétaires opérées par les institutions donatrices: sans financements suffisants, les infrastructures n’ont pas pu être entretenues ces dernières années. Il n’y a pas suffisamment de latrines pour le nombre de réfugiés et ils n’ont pas reçu de savon depuis deux mois. En parallèle de l’épidémie de choléra, le nombre de patients admis à l’hôpital a également doublé la semaine dernière. Ce sont notamment les enfants qui sont les plus concernés, dont beaucoup souffrent de malnutrition.»
Sept personnes sont décédées depuis le début de l’épidémie à Dadaab. Au cours des deux dernières semaines, MSF a admis 307 patients dans son centre de traitement. Environ 30% des patients admis jusqu’ici sont des enfants âgés de moins de 12 ans.
Les équipes MSF circulent également dans le camp pour mener des séances d’information sur le choléra et les bonnes pratiques d’hygiène. Par ailleurs, elles visitent les domiciles des patients admis au centre de traitement et vaporisent les maisons avec une solution au chlore pour empêcher la propagation de la maladie.
Améliorer les conditions de vie des réfugiés
«Les pluies ne font qu’aggraver une situation sanitaire déjà précaire», poursuit Charles Gaudry. «À chaque forte pluie, on constate une augmentation du nombre de patients dans notre centre de traitement. Bien que des mesures immédiates aient désormais été prises pour endiguer l’épidémie, il est également crucial que des investissements à long terme soient réalisés pour améliorer les conditions de vie des réfugiés et éviter d’autres épidémies à l’avenir.»
Une fois que les personnes sont infectées par de l’eau ou des aliments contaminés, le choléra se propage rapidement. Cette propagation est accélérée par de mauvaises pratiques d’hygiène et un assainissement insuffisant. L’amélioration des conditions d’hygiène est la seule façon de stopper la propagation de la maladie. Le choléra peut être traité de manière simple et efficace en remplaçant immédiatement les fluides et les sels perdus par les vomissements et la diarrhée. Les patients atteints de choléra sont toujours traités avec des solutions de réhydratation orale et des antibiotiques. Les cas plus graves nécessitent le remplacement des fluides par une perfusion intraveineuse.
Depuis que l’épidémie de choléra a commencé au Kenya, MSF travaille en collaboration avec le ministère de la Santé dans 17 provinces pour soutenir la prise en charge des patients et les mesures de contrôle de l’épidémie. Plus de 8 360 patients ont été traités dans les structures du ministère soutenues par MSF.
MSF est actuellement la seule organisation à fournir des soins médicaux dans le camp de Dagahaley à Dadaab, où elle gère un hôpital de 100 lits et deux postes de santé, dirigés et gérés par du personnel MSF kenyan. L’hôpital offre des consultations externes et admet des patients au sein de ses différents services, qui incluent la chirurgie, une maternité, une unité de traitement du VIH/sida et de la tuberculose, ainsi qu’un centre de réhabilitation nutritionnelle intensif pour les enfants souffrant de malnutrition. En 2014, nos équipes ont dispensé 180 000 consultations, hospitalisé 12 000 patients, assuré 12 000 consultations prénatales et assisté 3 240 accouchements. MSF est présente à Dadaab depuis 20 ans.
© MSF