Lindo: six ans, atteinte de tuberculose multi-résistante

Lindo une petite fille atteinte de tuberculose multi-résistante, Swaziland, 2009

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Depuis de nombreux mois, Lindo, une petite fille du Swaziland, subit de douloureuses injections quotidiennes de médicaments contre la tuberculose multi-résistante.

Son sourire est si doux que l’on ne peut qu’être charmé par cette petite fille. Lindokuhle est si pétillante et si animée qu’il est difficile de croire tout ce qu’elle a enduré pendant les six années de sa courte vie. Il y a quelque temps encore, elle ne souriait jamais tant sa souffrance était permanente. La tuberculose, une des maladies les plus mortelles dans son pays, a bien failli l’emporter.  

Lindokuhle a non seulement la tuberculose, mais elle souffre d’une forme de la maladie multi-résistante aux traitements habituels, très difficile à soigner –d’autant plus pour un enfant qui doit avaler quatre à sept comprimés par jour pendant une très longue période. Depuis quatre mois, et sans doute encore pour deux à quatre mois, la petite fille doit subir de douloureuses injections quotidiennes de médicaments contre la tuberculose multi-résistante. Quand les injections prendront fin, Lindo, comme l’appellent affectueusement sa grand-mère et sa mère, sera loin d’avoir fini son traitement : elle devra continuer à prendre de nombreux médicaments par voie orale pendant un an et demi à deux ans.

A l’âge de trois ans, Lindo toussait et avait constamment des problèmes de santé. Elle était si petite et si frêle qu’elle ne pouvait pas marcher comme les enfants de son âge. La mère de Lindo travaillait alors dans une ferme un peu à l’extérieur de la vile de Nhlangano, dans la région de Shiselweni, au royaume du Swaziland. Elle a emmené sa fille chez de nombreux médecins et pharmaciens, mais rien n’a changé : la petite fille allait mieux pendant quelque temps, puis les vomissements et les diarrhées reprenaient.

Lindo et sa mère se rendirent un jour auprès de la grand-mère, Thab’sile, qui habitait à Machobeni, près de la frontière avec la province sud-africaine du KwaZulu Natal. Celle-ci s’est montrée très inquiète de la santé de l’enfant. « J’ai demandé à ma fille de me la laisser quelque temps parce que je pensais qu’elle n’était pas bien nourrie », explique Thab’sile.

Ce séjour à Machobeni devait durer bien plus longtemps que prévu quand la grand-mère s’est aperçue qu’il s’agissait d’un problème bien plus grave que de la sous-alimentation. Elle a alors décidé d’amener la petite fille au centre de santé de Nhlangano. Après de nombreux tests et passages au scanner, le diagnostic a été établi : Lindo souffrait de la tuberculose. Mais après quelques mois de traitement, son état de santé ne s’était toujours pas amélioré et de nouveaux tests ont montré que la petite fille souffrait d’une forme multi-résistante de la maladie. Le chemin de la guérison passait par le traitement long et douloureux que nous avons décrit précédemment. « J’ai prié Dieu car je ne voyais vraiment pas comment je pourrais fair chaque jour ces piqûres si douloureuses à un si petit enfant », se souvient Joyce Sibanda, infirmière de Médecins Sans Frontières au centre de santé de Nhlangano.  

Le plus triste, dans l’histoire de Lindo, c’est qu’elle n’a pas attrapé une forme multi-résistante de la tuberculose à la suite d’un traitement contre la maladie qu’elle aurait mal suivi ou interrompu, comme cela arrive. En fait, Lindo a été infectée directement par un adulte souffrant de tuberculose multi-résistante. Malheureusement, le vieil homme que l’on soupçonne d’avoir infecté l’enfant ne prenait pas de mesures d’hygiène lorsqu’il toussait. Il a transmis sa maladie à un enfant qu’il aimait beaucoup et auquel il n’aurait jamais fait de mal intentionnellement.

"Il faut en faire plus au Swaziland pour éduquer la population sur les mesures qui permettent d’empêcher la transmission de la tuberculose. Beaucoup sont morts ou ont souffert parce que les gens ignorent ce qu’il faut faire pour protéger les autres, ne se couvrent pas la bouche et le nez lorsqu’ils éternuent ou toussent", explique la grand-mère de Lindo.

Aujourd’hui, la petite Lindo semble avoir compris que les injections qu’elle reçoit sont destinées à lui faire du bien. Elle ne pleure plus, ce qui rend le travail des infirmières un peu plus facile. Entourée par l’amour de sa grand-mère, Lindo est sur le chemin de la guérison : elle a pris du poids et se montre chaque jour plus enjouée !