«Le petit est tombé malade...»
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Au Myanmar, l’épidémie de sida fait des ravages et les victimes de la maladie ont de grandes difficultés à accéder à un traitement. La clinique MSF de Dawei les prend en charge gratuitement et leur permet d’espérer une vie meilleure.
« Les parents de Maung Zin partaient régulièrement travailler en Thaïlande. Son père était pêcheur et sa mère travaillait dans une conserverie », explique calmement Daw Ma Aye, une ancienne de 81 ans habitant les faubourgs de Dawei, dans le Sud du Myanmar. Maung Zin est son petit-fils. Âgé de 6 ans, il est séropositif. Sa maman est décédée et son père a disparu en Thaïlande sans donner de nouvelles. Tout le monde pense qu’il est mort lui aussi. C’est donc sa grand-maman qui prend soin du petit Maung Zin et l’emmène régulièrement à la clinique MSF de Dawei pour qu’il suive son traitement anti-rétroviral.
Les difficultés économiques sont telles au Myanmar que, pour survivre, des milliers d’habitants émigrent en Thaïlande ou en Malaisie. Très souvent, ils adoptent des comportements à risque et contractent le virus du sida.
Daw Ma est très inquiète pour le futur de son petit-fils. « Tant que je suis en bonne santé, je peux emmener Maung Zin à Myittar Yeik (La clinique MSF est couramment appelée Myittar Yeik, « la clinique à l’ombre de l’amour maternel ».) mais que lui arrivera t-il quand je ne serai plus capable de le faire ? Pour le moment, je parviens à faire vivre trois personnes grâce à l’argent que les grands parents paternels envoient quand ils le peuvent.» Daw Ma s’occupe aussi du frère de Maung Zin, âgé de 3 ans, confié à des voisins durant leur visite, à la clinique.
Aux difficultés économiques frappant les habitants, il faut ajouter les défaillances d’un système de santé public presque inexistant.
« Le petit est tombé malade et je l’ai emmené à l’hôpital public. Il avait beaucoup de fièvre et avait perdu beaucoup de poids. Là-bas, ils lui ont donné des cachets. La fièvre est tombée mais il n’allait pas mieux. Un voisin m’a alors parlé d’une clinique à Dawei. Le chauffeur de taxi ne connaissait pas Myittar Yeik et nous a emmenés dans une clinique privée où ils ont fait une radiographie au petit. Ca m’a coûté très très cher mais Maung Zin n’allait toujours pas mieux. J’ai finalement trouvé la clinique MSF. Ils lui ont fait un test et ils ont découvert qu’il était séropositif. »
L’histoire de Daw Ma est malheureusement très fréquente dans un pays où seul 1,8% du budget national est alloué à la santé publique, le niveau le plus bas du monde. Pourtant, Daw Ma est chanceux : il a accès à un traitement. MSF estime que seuls 20% des patients séropositifs ayant besoin d’un traitement y ont accès. MSF exhorte depuis longtemps d’autres acteurs à investir dans la lutte contre la maladie dans le pays mais appelle aussi le gouvernement du Myanmar à prendre en compte cette souffrance et à agir.
Depuis l’annonce de la séropositivité de Daw Ma, le regard des autres a changé sur lui. « A l’école, ses petits camarades le repoussent. Il est devenu un enfant solitaire », explique sa grand-maman. Le sida est toujours une maladie honteuse au Myanmar. Pourtant, elle y est largement répandue. On estime le nombre de séropositifs dans le pays à 240'000 et à 25'000 le nombre de décès dus à la pandémie chaque année.
Au-delà des besoins immenses des patients séropositifs, le reste de la population n’a très souvent pas la possibilité ou les moyens d’accéder à des soins de santé. Pour remédier autant que faire se peut à cette situation, MSF offre des soins de santé gratuits à des populations laissées pour compte, au sud du Dawei, autour de Pichar et de Sonsypian par le biais de centres de santé fixes et de cliniques mobiles.
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