A Port-au-Prince, le nombre de personnes affectées par le choléra ne cesse d’augmenter
© Jean Marc Giboux
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Le choléra sévit toujours en Haïti et est loin d’être sous contrôle. Après avoir fortement touché la province au mois de juin, il reprend maintenant de la vigueur dans la capitale haïtienne.
Dans ses quatre centres de traitement choléra (CTC) actuellement ouverts à Port-au-Prince, les équipes de MSF ont constaté une nette augmentation du nombre de patients admis. «En un mois, nous sommes passés de moins de 300 admissions par semaine à plus de 850, ce qui laisse craindre une aggravation de la situation dans les semaines à venir», indique Gaétan Drossart, chef de mission en Haïti.
L’un des centres de traitement choléra (CTC) dans lequel MSF opère se trouve à Martissant, l’un des quartiers les plus défavorisés de la capitale. En empruntant la route nationale qui mène au CTC, on ne peut pas ne pas remarquer la précarité qui afflige la population. Entre les amas de détritus, l’eau des canalisations défaillantes se faufile et inonde du même coup plusieurs artères. Cela crée un environnement très propice à la propagation de maladies infectieuses.
«La zone présente des conditions d’hygiène déplorables. La population est très dense et peu d’infrastructures sanitaires sont accessibles, ce qui facilite la propagation du choléra, surtout quand les gens consomment de l’eau et de la nourriture contaminées», explique Nicolas Charret, le coordonnateur du projet sur place. Le CTC se trouve sur un terrain qui jouxte le centre d’urgences que MSF gère en permanence. Y sont traitées les personnes infectées par le vibrion cholérique, celui qui se propage sur tout le territoire haïtien depuis maintenant un an. Le centre dispose de 90 lits et accueille à l’heure actuelle plus de 250 patients par semaine, sa capacité maximale.
Guérison rapide
Mathias Kennes, infirmier au CTC, explique qu’il est essentiel, avec le choléra, de déterminer rapidement le degré de déshydratation des personnes admises car les décès sont pour la plupart liés à cet état clinique. Le traitement est donc adapté en fonction de la sévérité du cas observé. « Si la personne est fortement déshydratée, on devra la traiter immédiatement par intraveineuse ou avec une sonde gastrique. Un traitement approprié et un suivi intensif permettent normalement de guérir les patients, même sévères, en trois ou quatre jours», précise-t-il.
Dans la tente qui accueille les patients convalescents, on rencontre Amonly Jaquette, un jeune homme de 19 ans, originaire du quartier. Il nous raconte qu’il a tout d’abord ressenti des ballonnements au ventre avant que, rapidement, la diarrhée ne s’installe. «J’ai tout de suite compris que j’étais malade car c’était vraiment intense. J’avais entendu dire à la radio que si cela arrivait, il fallait faire quelque chose. Je savais que MSF était à Martissant. Alors je me suis présenté et on m’a tout de suite pris en charge».
Après trois jours de traitement, Amonly espère retourner chez lui sous peu. Pourtant avant de partir, le jeune homme confie qu’il tentera d’appliquer des mesures d’hygiène plus adéquates en se procurant, entre autres, de l’eau chlorée. Par contre, il affirme aussi que ce ne se sera pas facile de maintenir ces standards, compte tenu du manque de ressources sanitaires du quartier, ceux qu’il partage avec la majorité des habitants. En Haïti, près d’un an après l’arrivée du choléra, les moyens pour prévenir de façon adéquate la maladie demeurent encore rudimentaires et à la merci des aléas de la vie.
MSF présente sur toute l’île
Selon le ministère de la Santé publique et de Population, à la fin du mois d’août, plus de 446 000 personnes avaient été atteintes par le choléra et environ 6 300 personnes étaient décédées. Depuis à la confirmation des premiers cas de choléra en octobre 2010, MSF a pris en charge près de 160 000 patients. Ses équipes se sont déployées dans neuf des dix départements que compte Haïti. Aujourd’hui, des équipes de MSF luttent contre le choléra aussi bien à Port-au-Prince que dans les départements de l’Artibonite, du Nord et de l’Ouest.
© Jean Marc Giboux