RDC: MSF s’inquiète pour les civils déplacés par les tensions persistantes au Katanga
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Des affrontements entre des milices Maï-Maï et les forces gouvernementales secouent depuis novembre la région située tout près de Shamwana, dans la province du Katanga, dans l’est de la République démocratique du Congo.
Des villages ont été réduits en cendres, tandis que les habitants ont trouvé refuge dans les villages voisins ou dans la brousse. Alors que les gens fuient les attaques, l’intimidation et la destruction, Médecins Sans Frontières (MSF) appelle les groupes armés du Katanga à respecter et à garantir la sécurité des civils, mais aussi à leur permettre d’avoir accès aux soins de santé dont ils ont besoin.
En novembre et décembre, des villages le long des routes reliant Shamwana et Dubie ainsi que Mitwaba et Mpiana ont été incendiés. Et signe que la vague de destruction se poursuit, les villages de Lenge, Nkonkole, Lubinda, Kabwesungu et Kilambwilu ont également été incendiés entre Noël et le jour de l’An.
En fuite, les déplacés sont victimes d’intimidation
Nombre de personnes ont fui dans la peur, en laissant derrière eux leur maison, leur commerce et tout ce qu’elles possédaient pour s’installer dans les villages environnants ou dans la brousse. Il est difficile de quantifier l’étendue de ces déplacements de populations, mais des centaines de familles se sont jusqu’ici réfugiées dans au moins huit villages des environs. En plus de ces déplacements à grande échelle, les personnes en fuite ont aussi été victimes d’intimidation ou ont été forcées à déménager par les groupes armés.
Ces personnes sont particulièrement vulnérables car elles ont dû faire face à de violents affrontements et ont été harcelées pendant des mois. Pour empirer encore les choses, la saison des pluies vient de commencer, alors que de nombreuses personnes devront dormir dehors, sans protection contre les intempéries.
L’insécurité contraint l’accès aux soins
«Le fait qu’un nombre important de personnes vulnérables n’auront pas accès aux soins médicaux et à l’aide humanitaire dont elles ont besoin nous inquiète beaucoup», explique Thomas Mollet, chef de mission de MSF dans la province du Katanga. «La situation qui prévaut en matière de sécurité est tendue, et les organisations ne peuvent se déplacer librement. Étant donné que les civils risquent de se retrouver coincés au milieu des combats et d’être pris à tort pour des combattants, nous craignons qu’ils ne cherchent pas à obtenir les soins dont ils ont besoin.»
À l’hôpital de Shamwana, où MSF offre toute une gamme de services médicaux, les équipes de MSF voient le nombre de patients baisser par rapport aux années précédentes, ce qui semble indiquer que la population ne reçoit plus les soins médicaux nécessaires. En novembre, le nombre de consultations offertes par nos équipes était inférieur de 30 pour cent à celui du mois de novembre de l’année précédente. En décembre, 18 patients recevant un traitement à long terme contre le VIH et la tuberculose à l’hôpital de Shamwana ne sont jamais revenus pour poursuivre ce traitement pourtant essentiel.
Poursuite des actions dans le domaine de la santé, l’eau et l’assainissement
«Le manque d’accès aux soins va sans aucun doute se traduire par des pertes en vies humaines. Des complications durant l’accouchement peuvent s’avérer fatales pour les femmes enceintes, tandis que le paludisme, s’il n’est pas traité, peut être mortel pour les enfants», prévient le Dr Mollet. «Les groupes armés dans la province du Katanga, mais aussi l’armée nationale, doivent respecter et garantir la sécurité des civils, et leur permettre d’accéder aux services médicaux dont ils ont besoin.»
MSF continue d’œuvrer à l’hôpital de Shamwana en dépit des conflits incessants et des conditions de sécurité de plus en plus mauvaises. Les équipes effectuent également des cliniques mobiles, mènent des activités d'approvisionnement en eau potable et en assainissement, et distribuent des moustiquaires gratuitement dans la zone. Surnommée le «triangle de la mort», cette région est caractérisée par un contexte de violence. En 2005, de nombreuses personnes ont été assassinées, violées, blessées ou déplacées en raison de violents affrontements entre les milices Maï-Maï et l’armée dans cette partie de la province. Ces tensions se sont intensifiées au cours des dernières années, de sorte que MSF peine à poursuivre ses activités médicales dans la région en raison des conditions particulièrement difficiles.
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