RDC: les oubliés d’Ituri
© Alexis Huguet
République démocratique du Congo (RDC)3 min
Dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), un violent conflit entre les communautés a marqué le début des années 2000. Il s’est poursuivi sporadiquement au fil des années et a dégénéré à nouveau en décembre 2017. Ne pouvant être réduit à des tensions ethniques, les intérêts économiques ainsi que le contrôle des terres et des ressources sont à la base du conflit.
Les pics réguliers de violence contre les civils ont forcé plus d’un million de personnes à fuir loin de chez elles. Actuellement, 100 000 personnes sont dans des familles d’accueil et 200 000 autres ont trouvé refuge dans les camps.
Environ 20 000 personnes se sont installées dans des camps informels après avoir fui leurs villages. Ils vivent actuellement dans la paroisse de Drodro ou dans le camp de Rho situé dans les environs. Pillages, incendies, violences et insécurité ont contraint les civils d’Ituri à quitter leur foyer et trouver refuge dans des camps offrant à peine plus de sécurité.
Malgré la présence des forces armées pour assurer la protection des habitants, le camp de Rho a déjà été attaqué deux fois. Les seuils d’urgence y sont dépassés et le taux de mortalité y est extrêmement élevé. Subissant des violences à l’intérieur et dans les environs du site, les réfugiés doivent également faire face à la rougeole, et au paludisme.
Vivre dans le camp
Les familles du camp vivent dans des conditions désastreuses et dans la peur des attaques qui continuent. Elles habitent dans des abris de fortune ou dans des bâtiments publics : église, écoles, etc.
Elles ont un accès très limité à la nourriture et à l’eau. Pour subvenir à leurs besoins, certains travaillent dans les champs appartenant aux communautés hôtes, d’autres font un peu de commerce au marché local. « Nous n’avons reçu qu’une seule distribution alimentaire. Nous faisons le travail journalier dans les champs et nous mangeons les feuilles de manioc. » Arrivé en juin 2019 à Rho, Dieudonné, 32 ans, est père de sept enfants, quatre d’entre eux sont décédés. L’accès aux soins est aussi très compliqué car peu de structures sont fonctionnelles dans la région.
Une situation sanitaire calamiteuse
Le système sanitaire public est décimé, les centres de santé détruits et pillés. Peu d’acteurs interviennent aujourd’hui dans cette zone et les besoins sont d’autant plus grands que la population grossit du fait des nouveaux arrivants. En plus des conditions dans les camps qui détériorent l’état des habitants, rougeole et paludisme touchent de plein fouet les enfants.
La présence de MSF en Ituri
MSF fournit des soins médicaux aux personnes déplacées d'Ituri, mène des activités d'approvisionnement en eau et d'assainissement, distribue des moustiquaires et des biens de première nécessité dans 34 sites des zones de santé de Nizi, Drodro et Angumu. Depuis décembre 2019, les activités ont été intensifiées pour renforcer les transferts par ambulance ainsi que les soins hospitaliers.
Outre les consultations médicales, des promoteurs de santé informent les habitants sur les soins disponibles dans les structures MSF et sont les yeux et les oreilles des communautés qui vivent avec des traumatismes inimaginables. Néanmoins, les personnes vivent toujours dans une précarité des plus alarmantes et ceci depuis plus de deux ans. Au regard de l’ampleur et de l’urgence, l’ensemble de la communauté humanitaire présente en Ituri doit s’engager afin d’aider ces populations en situation critique.
© Alexis Huguet