Soudan du Sud: MSF soignent les personnes touchées par la violence à Malakal et Lankien
© Kim Clausen/MSF
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Tandis que les conflits se poursuivent au Soudan du Sud, MSF appelle tous les acteurs à respecter le droit à l'aide médicale.
La situation au Soudan du Sud est instable et évolue rapidement, limitant les déplacements des équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) et les empêchant de fournir de l'aide à ceux qui en ont le plus besoin. MSF appelle toutes les parties en conflit à respecter son personnel et ses installations, et à garantir le droit à l'aide médicale.
Malakal et Lankien
Malakal: Le 24 décembre, de violents combats ont éclaté à Malakal, dans l'État supérieur du Nil. Pendant deux jours, l'équipe de MSF n'a pu accéder sans prendre de risques à l'hôpital d'état de Malakal, ni soigner les 49 patients atteints de kala-azar sous sa responsabilité ou encore prendre en charge les plus de 70 blessés de guerre qui avaient envahi l'hôpital. Hier et aujourd'hui, malgré la persistance des affrontements, l'équipe de MSF est revenue à l'hôpital pour constater que 30 des patients souffrant de kala-azar avaient pris la fuite et que 17 blessés de guerre avaient reçu des soins pré et postopératoires.
«Nous sommes très préoccupés par le sort des blessés de guerre qui ne peuvent atteindre nos installations sans risque, ou pour nos patients atteints du kala-azar, car cette maladie est mortelle sans traitement», souligne Mike White, chef de mission pour MSF au Soudan du Sud. «Nous demandons à tous les acteurs de respecter notre présence ici à Malakal afin de nous permettre de circuler librement et en toute sécurité pour traiter les patients qui nécessitent des soins médicaux urgents.»
Lankien: Les équipes de MSF présentes à Lankien et Yuai, dans le nord de l'État de Jonglei, ont vu des blessés par balles marcher pendant 3 jours depuis Bor à la recherche d'un lieu où ils pourraient recevoir des soins en toute sécurité. Soixante-quatre victimes de blessures par balles ont été soignées à l'hôpital de Lankien géré par MSF et à Yuai ces deux derniers jours, et sept ont été évacués par avion vers Nasir pour y subir des interventions chirurgicales urgentes.
Bentiu, Leer et Djouba
Bentiu: Une équipe d'urgence spécialisée en chirurgie a été déployée il y a deux jours pour renforcer les activités de l'équipe de MSF déjà en place, et aider à soigner les blessés par balles à l'hôpital d'état de Bentiu, dans l'État d'Unity. Ce matin, l'équipe de MSF a été forcée d'évacuer les lieux, en raison de rumeurs faisant état d'une attaque imminente de la ville.
Leer: Hier, MSF a évacué 14 membres de son personnel international de l'hôpital de Leer, où l'organisation est présente depuis 25 ans. Cette année, nous avons traité 64 000 patients atteints de paludisme et pris en charge 2 000 enfants malnutris dans le cadre de nos programmes de nutrition thérapeutique. L'hôpital de Leer continue de fonctionner avec 230 membres du personnel national et nous nous efforçons de renvoyer nos équipes dès que la sécurité nous le permet.
Djouba: Les équipes de MSF ont fourni des soins médicaux à quelque 40 000 personnes qui avaient trouvé refuge dans l'enceinte de deux bases de l'ONU après la dernière vague de violences. La semaine dernière, les équipes médicales ont effectué 1 100 consultations et traité une proportion inquiétante de cas de diarrhées causées par les conditions sanitaires déplorables des camps.
«Malgré tous nos efforts pour maintenir nos équipes d'urgence sur le terrain, le chaos et les rumeurs d'insécurité imminente nous ont contraints à faire passer la sécurité de notre personnel au premier plan», indique Chris Lockyear, directeur opérationnel pour MSF au Soudan du Sud. «Nous espérons retourner aussitôt que possible à Bentiu et à Leer avec de nombreuses équipes d'urgence, mais nous devons tout d'abord inciter toutes les parties à respecter la sécurité de notre personnel.»
MSF réitère sa volonté de travailler avec toutes les parties en conflit et son engagement à fournir une assistance médicale aux populations en détresse, sans distinction de race, de religion, de croyances ou d'opinions politiques.
Dans les zones où la situation est relativement calme, les équipes de MSF poursuivent leurs activités comme à l'accoutumée. Avant que n'éclate ce conflit, l'accès aux services de santé était déjà limité au Soudan du Sud et la crise actuelle ne fait qu'aggraver les énormes besoins humanitaires.
MSF œuvre dans la région qui constitue aujourd'hui la République du Soudan du Sud depuis 1983. L'organisation est présente dans huit des dix états du pays et répond à de nombreuses urgences, notamment les déplacements massifs de population, les afflux de réfugiés, la situation nutritionnelle alarmante et les éclosions d'épidémies telles que le paludisme et le kala-azar, en plus de fournir des soins de santé primaires et spécialisés.
© Kim Clausen/MSF