Aggravation de la crise des réfugiés au Soudan du Sud

Les latrines ont débordé, contaminant les eaux de surface, impropres à la consommation, alors qu’il y a déjà une pénurie générale d’eau potable.

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Les taux de mortalité ont dépassé le seuil d’urgence dans le camp de réfugiés de Jamam, un camp désormais inondé.

Des études préliminaires menées par MSF révèlent que les taux de mortalité ont quasi atteint le double du seuil d’urgence dans un camp de réfugiés dans l’Etat du Nil Supérieur au Soudan du Sud. Ce camp héberge actuellement le quart des quelque 120 000 réfugiés qui ont fui l’Etat du Nil Bleu au Soudan depuis la fin de l’année dernière.
Ces taux de mortalité ont été calculés sur la base d’enquêtes épidémiologiques rapidement effectuées dans le camp de Jamam, dans le comté de Maban, avant le début des fortes pluies saisonnières. Ces pluies ont depuis inondé le camp et sérieusement aggravé le risque de maladie encouru par des réfugiés déjà affaiblis. Tous les acteurs impliqués dans la réponse d’urgence, le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) en tête, doivent trouver de meilleures options pour les populations vivant à Jamam. Un échec mènerait sans doute à encore davantage de souffrance et de décès.

Endroit totalement inapproprié

Les réfugiés, pour la plupart déjà malades, ont échoué dans un endroit totalement inapproprié pour les accueillir: un terrain désolé recouvert de terre craquelée lors de la saison sèche qui devient une plaine marécageuse lors de la saison des pluies.
Les latrines ont débordé, contaminant les eaux de surface, impropres à la consommation, alors qu’il y a déjà une pénurie générale d’eau potable. De nombreux résidents du camp, y compris des enfants, dorment dans des vêtements mouillés sous des couvertures trempées, en proie à l’hypothermie.
Ces deux dernières semaines, les équipes médicales de MSF à Jamam ont traité plus de 2 500 personnes pour des diarrhées, des infections respiratoires, la malaria ou la malnutrition. Avec l’intensification des pluies, de plus en plus de personnes tombent malades, surtout affectées par la malaria et l’hypothermie. Les jeunes enfants sont les plus vulnérables.
«Notre clinique est déjà remplie d’enfants souffrant de pneumonie, de diarrhée et de malnutrition», relève Erna Rijnierse, médecin MSF à Jamam. «S’ils restent dans des conditions pareilles, les conséquences pourraient être dramatiques.» Pour le seul camp de Jamam, près de trois enfants meurent chaque jour. 65% des décès rapportés sont dus à la diarrhée.
Les pluies vont aussi accentuer les problèmes d’hygiène dans les camps, laissant la voie libre à la propagation de maladies. Le sol détrempé complique déjà fortement le transport vers tous les camps de la zone. Afin de répondre aux besoins vitaux immédiats des réfugiés, des routes et des pistes d’atterissage doivent être remises en état afin de faciliter le transport du personnel humanitaire et des équipements lourds nécessaires pour apporter une assistance d’une envergure adaptée aux besoins de ces populations épuisées et vulnérables.

Activités MSF dans l’Etat du Nil supérieur

Depuis novembre 2011, MSF prodigue une assistance aux réfugiés dans l’Etat du Nil supérieur. Elle y gère des hôpitaux de campagne et des centres nutritionnels thérapeutiques intensifs et mène des cliniques mobiles ainsi que des campagnes de vaccination contre la rougeole. Les équipes MSF réalisent plus de 6 000 consultations par semaine. L’organisation distribue également des articles de base (comme des bâches plastique, des couvertures et des bidons). Elle assume aussi le traitement et la distribution d’eau, évalue la mortalité et la morbidité chez les nouveaux réfugiés et apporte une assistance d’urgence aux réfugiés provenant de la frontière qui se déplacent vers ou entre les camps.