Bangladesh - Les Rohingyas subissent des violences inacceptables
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Déplacements forcés, intimidations et violences dans le camp de fortune de Kutupalong.
Dacca / Paris, le 18 juin 2009. Dans le camp de fortune de Kutupalong au Bangladesh, les autorités locales recourent à l’intimidation et aux violences contre des milliers de réfugiés Rohingyas sans papiers, les chassant de force de leurs abris. Médecins Sans Frontières (MSF) a soigné de nombreux blessés, en majorité des femmes et des enfants. L’équipe de MSF a également vu d’innombrables abris détruits et recueilli le témoignage de nombreux réfugiés racontant les menaces pour qu’ils démantèlent eux-mêmes leurs abris s’ils ne voulaient pas en subir les conséquences.
« J’étais parti travailler. A mon retour, j’ai trouvé mon abri totalement détruit. Un inspecteur était sur place avec neuf ou dix personnes. Je leur ai demandé pourquoi ils avaient détruit ma maison. Pour toute réponse, ils m’ont montré un couteau et m’ont prévenu que si je disais quoi que ce soit, ils me tailladeraient », raconte un résident du camp.
Jusqu’ici, quelque 25 000 personnes se sont rassemblées dans le camp de Kutupalong dans l’espoir d’obtenir une assistance et une reconnaissance juridique. Au lieu d’aider ces migrants, les autorités locales leur ont signalé qu’ils ne pouvaient pas vivre à côté du camp officiel, soutenu par le gouvernement bangladais et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Ils n’ont pas non plus le droit s’installer dans la forêt domaniale voisine. Ils n’ont nulle part où aller et aucun moyen de satisfaire leurs besoins de base. « Je ne peux pas m’éloigner de chez moi. Si nous allons chercher du bois, nous serons arrêtés, si nous allons puiser de l’eau, nous serons battus. Mais si nous quittions nos abris, où devrions-nous aller ? », se demande un autre résident du camp.
En mars 2009, MSF a été avertie d’une rapide augmentation du nombre de réfugiés dans ce camp de fortune et a mené une évaluation. 20 000 personnes vivaient dans des conditions très difficiles : le taux de malnutrition aiguë globale dépassait le seuil d’urgence, 90 % des réfugiés vivaient en situation d’insécurité alimentaire, avec un accès à l’eau limité et dans des conditions d’hygiène déplorables, sans aucune assistance. « Contraindre ces réfugiés déjà si vulnérables à quitter le camp est scandaleux », déclare Gemma Davies, coordinatrice du projet de MSF dans le camp de Kutupalong.
MSF est aussitôt intervenue, soignant les enfants souffrant de malnutrition sévère, dispensant des soins médicaux de base et améliorant l’accès à l’eau ainsi que le système d’assainissement.
« En quatre semaines, nous avons admis presque 1 000 enfants dans notre programme de nutrition. La saison des pluies a commencé et la situation sanitaire déjà désastreuse continue à se dégrader, accroissant ainsi le risque de propagation des maladies. Ces personnes n’ont qu’un accès très limité même aux services les plus basiques, si toutefois elles en ont un, et elles sont contraintes de fuir dans la peur, sans aucun endroit où aller. La situation est déplorable », ajoute Gemma Davies.
Malheureusement, cette situation si grave n’est pas nouvelle pour les Rohingyas, une minorité ethnique musulmane originaire du Myanmar (ex-Birmanie), où les autorités leur refusent la nationalité et où ils sont en butte à des persécutions et des discriminations. Au cours des vingt dernières années, des centaines de milliers de Rohingyas ont fui pour chercher refuge à l’étranger. Cependant, peu d’entre eux ont obtenu le statut de réfugiés. La majorité lutte pour survivre sans reconnaissance de leur statut de réfugiés et sans assistance dans des pays comme le Bangladesh ou la Thaïlande. Une véritable solution est essentielle pour les Rohingyas, non seulement dans les pays où ils cherchent asile mais également dans leur pays d’origine, afin que ces personnes retrouvent santé et dignité après de longues années de souffrances.
MSF intervient au Bangladesh depuis 1992. L’organisation a récemment ouvert un programme de soins essentiels à Chittagong Hill Tracts, a déployé des secours auprès des victimes du cyclone Aila et est intervenue en urgence dans le camp de Kutupalong pour porter assistance aux Rohingyas sans papiers ainsi qu’à la population résidente à proximité du camp.
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