Haïti : Malgré une aide massive, des besoins importants persistent un an après le séisme

Le centre de Port-au-Prince en ruine après le séisme qui a frappé Haïti il y a une année, le 12.01.2010.

4 min

MSF dresse un bilan de ses opérations d'urgence et constate de nombreuses lacunes dans le secteur des soins médicaux, des abris, de l'eau et de l'assainissement.

Un an après le séisme dévastateur qui a fait près de 222000 morts et 1,5 million de sans-abri, les Haïtiens continuent de vivre dans des conditions précaires, alors qu’une épidémie de choléra s’est répandue à travers tout le pays, et ce, en dépit du déploiement de la plus importante aide humanitaire jamais menée, déclare l’organisation médicale humanitaire internationale, Médecins Sans Frontières (MSF).

Bien que l'accès global aux soins de santé de base se soit amélioré depuis le tremblement de terre, la rapide propagation du choléra dans l'ensemble du pays a mis en évidence les limites du système de l’aide internationale pour fournir une réponse efficace aux nouvelles urgences. Selon MSF, les agences internationales doivent respecter leurs engagements vis-à-vis des Haïtiens et des donateurs en transformant les promesses en actions concrètes.

Il est crucial de répondre aux besoins humanitaires urgents de la population, tout en poursuivant la mise en place de plans de reconstruction à long terme. La situation sanitaire des Haïtiens et la capacité de contenir les risques d’épidémies dépendent d’une amélioration de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement, et d’un accès à des logements de transition pour le million de personnes vivant toujours sous tentes.

«Les destructions massives causées par le séisme ont provoqué un élan de générosité extraordinaire de la part de donateurs privés du monde entier et la communauté internationale a promis de ‘reconstruire un meilleur Haïti’», explique Stefano Zannini, chef de mission MSF en Haïti. «Cependant, la triste réalité aujourd'hui est que, même si les Haïtiens tentent de reconstruire leur vie, nombreux sont ceux qui demeurent dans un état d’extrême vulnérabilité et doivent maintenant faire face à un second désastre largement évitable, celui de l’épidémie de choléra qui a déjà causé au moins 3600 décès.»

MSF dresse aujourd’hui le bilan de ses interventions d’urgence à la suite du séisme et souligne les lacunes qui persistent dans les soins de santé secondaires et auxquelles elle tentera de répondre dans l’année qui vient. Les opérations de secours menées par MSF en Haïti en réponse au tremblement de terre et à l’épidémie de choléra constituent la plus importante intervention de son histoire.

À la fin de 2010, MSF estime qu’elle aura dépensé la totalité des 104 millions d’euros (138 millions de dollars) qu’elle a reçu des donateurs privés pour son intervention de secours en réponse au tremblement de terre et à l'épidémie de choléra. Entre le 12 janvier et le 31 octobre 2010, les équipes médicales MSF ont pris en charge plus de 358000 personnes, réalisé plus de 16500 opérations chirurgicales et procédé à plus de 15000 accouchements. Rien qu’au cours des trois premiers mois après le séisme, MSF a effectué plus de 5700 opérations majeures, faisant de l’organisation l’un des plus importants acteurs de soins chirurgicaux. Depuis le début de l’épidémie de choléra, les centres de traitement soutenus par MSF ont permis de traiter plus de 91000 patients sur les 171300 cas déclarés à l’échelle du pays, en date du 1er janvier 2011.

«Un an après le séisme, il est primordial d'examiner de plus près les lacunes de l'an passé à la lumière des besoins immenses de la population et de la confiance que nous ont accordé des personnes du monde entier pour répondre à ces besoins», déclare le Dr Karunakara. «Grâce au soutien généreux et constant de nos donateurs ainsi qu’au dévouement de notre personnel -dont un grand nombre a continué à travailler malgré la perte de membres de leur famille et de leurs proches-, MSF s’engage à utiliser son expérience en Haïti pour poursuivre et améliorer ses programmes dans le pays et se tenir prête en cas d’urgences futures.»

Les prévisions budgétaires de MSF pour ses opérations en Haïti en 2011 sont de 46 millions d’euros (60,7 millions de dollars). Cette somme permettra de faire fonctionner six hôpitaux privés à Port-au-Prince, avec une capacité totale de 1000 lits, et de continuer à soutenir deux hôpitaux du ministère de la Santé. Trois de ces installations dans la capitale seront reconstruites en 2011 - y compris le seul service de traitement des grands brûlés fonctionnel de Port-au-Prince-, et permettront de remplacer les structures temporaires mises en place au lendemain du séisme.

À l’extérieur de la capitale, à Léogâne, MSF continuera de diriger un hôpital général de 120 lits construit récemment. Les soins obstétriques, traumatologiques et d’urgence restent des priorités opérationnelles pour MSF.