Italie: MSF assure une continuité dans les soins pour les sans-abri
© Livio Senigalliesi
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Depuis décembre dernier, MSF offre des soins gratuits aux sans-abri et aux migrants qui dorment dans les rues de Milan, une ville du nord de l’Italie.
Gheorghe, un Roumain de 50 ans vivant en Italie depuis 1996, raconte: «les médecins m’ont dit de me rendre au sanatorium, où j’ai dû rester quelque temps, au chaud, pour prendre des médicaments.» Gheorghe est soigné par Médecins Sans Frontières (MSF) pour une infection des voies respiratoires qu’il a contractée en dormant dans des conditions très rudes dans le froid hivernal. «Après avoir travaillé durant dix-sept ans, je me suis retrouvé à la rue, comme un chien. Je n’en peux plus.»
Selon des données officielles, il y aurait plus de 47 000 sans-abri en Italie, et plus de 13 000 d’entre eux se trouveraient dans les rues de Milan. Les personnes qui dorment à la rue ont trois à six fois plus de chance de tomber malades que celles ayant un logement. Beaucoup de patients souffrent de maladies chroniques comme le diabète et l’hypertension, ainsi que de maladies aggravées par le froid durant les mois d’hiver, telles que la bronchite et autres infections des voies respiratoires. En outre, le projet reçoit un faible nombre de cas de traumatismes.
Eviter les rechutes
«Les sans-abri qui sont hospitalisés finissent souvent par tomber malade à nouveau peu de temps après leur sortie », explique Gianfranco De Maio, coordinateur de terrain pour MSF. «Si nous apportons notre aide aux patients sans-abri tout de suite après leur sortie, ces gens n’ont pas besoin de revenir à l'hôpital aussi souvent et leur état de santé n’est pas autant affecté».
MSF fournit des soins gratuits au sein d’un établissement mais aussi en ambulatoire, comprenant entre autres des consultations médicales ainsi que des soins infirmiers 24 heures sur 24. L’organisation dispose de 23 lits dans une structure de 150 lits dirigée conjointement avec d’autres organisations locales. Les équipes MSF ont enregistré 975 consultations externes et hospitalisé 107 patients en interne.
Une majorité de migrants
De nombreuses barrières entravent l’accès aux soins de santé des sans-abri. Par exemple, ils ne savent pas où se rendre pour bénéficier d’un traitement, ils n’ont pas accès aux moyens de transport et ne disposent pas de papiers d’identité. Des barrières psychologiques – telles que la honte, la nervosité quant au fait de remplir des formulaires et de répondre convenablement aux questions, ainsi que le manque d’hygiène parce qu’on vit dans la rue – sont autant de facteurs qui contribuent à dissuader les sans-abri de solliciter des soins.
Près de 70% des patients qui se présentent chez MSF sont des migrants venant de plus de 30 pays différents et principalement originaires d’Afrique et d’Europe de l’Est. Les 30% restants sont des citoyens italiens. Ce projet d’aide aux sans-abri fait partie d’une initiative de plus grande envergure mise en œuvre avec d’autres organisations médicales et sociales. MSF travaille en étroite collaboration avec les hôpitaux locaux et finance ses opérations uniquement via des fonds privés.
Il s’agit du premier projet de MSF visant à aider les sans-abri en Italie. Les activités se termineront fin mars, en même temps que la période des grands froids.
MSF va utiliser cette expérience comme un point de départ pour de nouvelles évaluations de façon à déterminer un modèle pour améliorer la continuité des soins pour les personnes sans domicile en Italie.
© Livio Senigalliesi