L’afflux massif de réfugiés provoque une situation de crise au Sud-Soudan
© James Keogh
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MSF alerte sur les besoins criants dans les camps de réfugiés surpeuplés et inadaptés aux besoins
Médecins Sans Frontières (MSF) alerte sur les conséquences médicales catastrophiques provoquées par l’afflux de dizaines de milliers de nouveaux réfugiés en provenance du Soudan vers le Sud-Soudan dans des camps déjà surpeuplés et qui n’offrent pas l’assistance la plus basique. Avec des réserves en eau qui s’épuisent et une assistance insuffisante, la situation dans les Etats du Nil Supérieur et d’Unité évolue rapidement vers une crise humanitaire. L’aide médicale ne suffit plus quand il manque des abris, de la nourriture et l’eau à des populations qui arrivent dans un état déjà critique.
Réhydratation et besoins en eau
Dans l’Etat du Nil Supérieur, quelque 35 000 réfugiés ont franchi la frontière au cours des trois dernières semaines, pour arriver dans un camp qui peine à répondre aux besoins en eau des quelque 70 000 personnes déjà installées dans la zone. Les nouveaux arrivants se sont d’abord regroupés sur un site temporaire où les réserves d’eau ont vite été épuisées. Au cours de la nuit de lundi, les 15 000 personnes qui se trouvaient encore sur ce site n’ont eu d’autre choix que de parcourir les 25 km qui les séparaient du plus proche point d’eau. « Nous nous sommes rendus là le mardi matin pour leur apporter une assistance médicale et organiser des points de réhydratation le long de la route », raconte Erna Rijnierse, coordinatrice médicale pour MSF. « Nous avons vu des gens particulièrement faibles mourir en route de déshydratation, trop affectés pour être sauvés même par des soins médicaux en urgence. » La situation de ces populations ne saurait être plus critique et il est urgent de leur attribuer un lieu avec des abris, de l’eau et de la nourriture le plus rapidement possible.
Dans l’Etat d’Unité, la taille du camp de réfugiés de Yida a augmenté de façon significative au cours des deux derniers mois pour accueillir aujourd’hui quelque 50 000 personnes, avec environ 1000 nouveaux arrivants chaque jour. « A ce jour, notre principale inquiétude est que la moitié des patients que nous voyons en consultation souffrent de maladies liées à l’eau qui facile à prévenir grâce à un accès à l’hygiène, l’assainissement et de l’eau potable en quantité suffisante, déclare André Heller-Perrache, chef de mission pour MSF au Sud-Soudan. « Nous voyons de nombreux patients, principalement des enfants, souffrant de diarrhée et dont la vie est menacée, qui reviennent plusieurs fois à l’hôpital pour y être traités. Nous observons également une augmentation des cas de malnutrition. »
Faire face à l’afflux de réfugiés
Une majorité des nouveaux arrivants en provenance du Soudan ont dû marcher des jours voire des semaines et se trouvent dans un état de santé plus critique que les personnes arrivées au cours des mois précédents. En dépit des efforts fournis par les rares organisations présentes, les conditions et les structures d’accueil dans les camps sont largement insuffisantes pour faire face à l’afflux récent de réfugiés ainsi que pour répondre aux besoins des populations déjà installées dans les camps.
L’arrivée des pluies aggrave la situation. « Alors que la saison pluvieuse s’intensifie, la situation des populations réfugiées devient de plus en plus précaire, » ajoute André Heller Perrache. « Certaines voies d’accès indispensables aux secours sont déjà impraticables et MSF appelle tous les acteurs de l’aide présents à fournir une assistance basique afin de pouvoir répondre aux besoins des populations toujours plus nombreuses dans les camps. »
MSF mène une intervention massive dans les camps de réfugiés, avec plus de 50 employés internationaux et plus de 300 employés nationaux. Au total, MSF fournit chaque semaine plus de 6500 consultations médicales, ainsi que des soins de première urgence aux nouveaux arrivants. MSF intervient également dans la prévention d’épidémies notamment en menant des campagnes de vaccination contre la rougeole auprès des enfants de moins de 15 ans.
A Maban dans plusieurs campements temporaires, MSF traite l’eau et la distribue mais les réserves arrivent à leur fin : « c’est pourquoi il est indispensable que plus d’acteurs s’engagent à relocaliser les nouveaux réfugiés et à fournir des conditions de vie mieux adaptées aux populations vivant déjà dans les camps », ajoute Rijnierse.
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