Lampedusa : des conditions d'hygiène en dessous des standards humanitaires

Italie, 13.03.2011

3 min

Rome/Genève, 1er avril 2011 – Selon l’organisation médicale indépendante internationale Médecins Sans Frontières (MSF) les conditions hygiéniques et sanitaires d’accueil des migrants sur l’île de Lampedusa sont intolérables. Une assistance adéquate doit être assurée.

A l’heure actuelle, sur le port de l’île de Lampedusa, 3.000 migrants se partagent 16  toilettes chimiques.  Seuls deux citernes d’eau sont disponibles pendant que les autorités offrent un litre et demi d’eau par jour, par migrant. Ces conditions sont en deçà des standards humanitaires, qui prévoient vingt litres d’eau par jour par personne et une latrine pour vingt personnes. «  Difficile de se croire en Italie, un pays du G8 ! Les  conditions de vie sur l’île sont pires que celles observées dans les camps de réfugiés où MSF travaille ailleurs dans le monde »  déplore Kostas Moschochoritis, directeur de MSF Italie.
Depuis le 14 Février, MSF fournit en collaboration avec les autorités sanitaires locales, une assistance médicale aux migrants et aux demandeurs d’asile dès leur débarquement sur l’île. L’équipe médicale procède à un triage sur l’île grâce à une clinique mobile. Après les soulèvements populaires et les violents affrontements qui ont secoué le monde arabe, ce sont en effet plus de 18000 les personnes qui ont accosté à Lampedusa.
Le gouvernement italien procède actuellement au transfert des migrants par bateaux de Lampedusa  vers les centres d’identification et de détention des Pouilles, de la Sicile et des autres régions d’Italie. MSF s’inquiète des conditions d’hygiène sur l’île et dans ces centres qui pourraient également être surpeuplés. « Les mauvaises conditions d'hygiène pourraient faciliter le développement de maladies infectieuses. Il faut assurer des conditions d’accueil et d’accès aux soins meilleures dans les centres où sont transférés les migrants », indique Barbara Maccagno, responsable médicale des projets de MSF en Italie.

« La majorité des personnes arrivaient de la Tunisie dans les derniers jours, mais nous avons assisté aux débarquements de personnes ayant quitté les côtes libyennes. Elles sont originaires de l’Erythrée, de la Somalie, de la Gambie, du Nigeria et du Soudan. Nous sommes particulièrement inquiets pour ces personnes qui arrivent de la Lybie,  car elles endurent des voyages en mer plus long et plus dangereux », continue le Dr. Maccagno.

Dans les prochaines jours, MSF distribuera pour la seconde fois plus de 2500 kits hygiéniques comportant des couvertures, du savon et des serviettes aux migrants sans abris sur le port. Cependant sans réelles et concrètes installations sanitaires, ces interventions sont comme une goutte d’eau dans l'océan. « Ces conditions d’accueil sont intolérables et ne sauraient durer car elles portent atteinte à la dignité de ces personnes  », déclare Kostas Moschochoritis.

Les activités de MSF sont financées par des donateurs privés et l'organisation ne reçoit aucun fonds institutionnel de la part du gouvernement italien. MSF était déjà présente à Lampedusa entre 2002 et 2009, disposant d'un dispensaire mobile géré par une équipe composée d'un médecin, d'une infirmière et d'un médiateur culturel. Pendant cette période, l'équipe MSF était mobilisée 24 heures sur 24 pour faire face à l'arrivée de migrants sur l'île. Pendant les périodes où le nombre d'arrivées augmentait (notamment durant l'été), les effectifs étaient renforcés. Le dispensaire mobile était installé sur le port de Lampedusa et doté de tout le matériel médical nécessaire pour apporter les premiers soins médicaux aux migrants présentant des problèmes de santé. Au total, MSF a fourni une assistance médicale à 5000 migrants.

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