Malnutrition: Les aliments thérapeutiques préviennent aussi la malnutrition
© Karine Klein
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New York/Genève, 21 janvier 2009 – Une étude publiée aujourd’hui dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) donne les résultats d’un projet de distribution d’aliments prêts à l’emploi donnés en plus de la nourriture habituelle dans une zone rurale du Niger. Elle révèle que, parmi les enfants ayant reçu un complément, cette distribution a permis de réduire de 60% le nombre d’enfants atteints de malnutrition sévère, comparativement à ceux qui n’ont rien reçu.
« L’utilisation d’aliments nutritifs prêts à l’emploi est recommandée par les Nations unies pour le traitement de la malnutrition aiguë sévère », explique Rebecca Freeman Grais, l’un des auteurs de l’étude, travaillant pour Epicentre, un institut de recherche affilié à l’organisation médicale Médecins Sans Frontières (MSF). « Mais cette étude montre que l’utilisation de ce type d’aliment peut également servir à prévenir la malnutrition. »
Cette étude, réalisée en 2006-2007, s’est déroulée dans 12 villages de la région de Maradi au Niger, pendant la période de soudure, celle qui s’étend entre deux récoltes. Elle a concerné 3 533 enfants de six mois à cinq ans.
Près de la moitié des enfants ont reçu une ration quotidienne de pâtes nutritives prêtes à l’emploi (RUF) pendant trois mois, en supplément de leur régime alimentaire habituel. Au cours des huit mois de l’étude, les enfants des deux groupes étaient suivis une fois par mois. Les résultats montrent que ceux qui ont reçu un aliment nutritif en complément ont 58% de chances en moins de souffrir de malnutrition aiguë sévère.
« Cette étude a des implications directes sur l’aide alimentaire et les stratégies nutritionnelles », explique Tido von Schoen-Angerer, directeur de la Campagne d’Accès aux Médicaments Essentiels (CAME) de MSF. « Aujourd’hui, la plupart de l’aide alimentaire distribuée aux enfants est composée de farines enrichies, comme le mélange maïs-soja (Corn-Soy Blend ou CSB) fourni par USAID. Nous savons que ces farines manquent des nutriments essentiels nécessaires à la croissance des jeunes enfants, et qu’elles ne permettent pas de prévenir la malnutrition. Mais cette étude montre que, contrairement au CSB, la distribution d’un aliment nutritionnel adapté donne de bons résultats. »
La dénutrition est une cause sous-jacente de 3,5 à 5 millions de décès d’enfants de moins de cinq ans chaque année. La prévention de la malnutrition est donc primordiale. Le système immunitaire d’un enfant sévèrement malnutri est tellement affaibli qu’une maladie infantile commune telle une infection respiratoire ou une diarrhée, peut rapidement mener à des complications médicales importantes voire à la mort.
Dans cette étude, c’est une version thérapeutique d’aliments prêts à l’emploi qui a été utilisée, et le coût de ces produits est relativement élevé. Mais d’autres produits alternatifs moins chers pourraient avoir un effet préventif similaire. Certains produits sont par exemple aujourd’hui utilisés dans d’autres contextes par l’UNICEF ou le Programme alimentaire mondial (PAM).
Au cours des deux dernières années, MSF a traité plus de 300 000 enfants malnutris dans 22 pays. MSF a commencé en 2007 à mettre en place des stratégies préventives dans ces projets en distribuant des pâtes nutritives du même type en complément. Une distribution à grande échelle de ces pâtes à tous les jeunes enfants de la région de Maradi a permis d’éviter le pic de malnutrition sévère, normalement observé chaque année.
© Karine Klein