Niger: MSF toujours bloquée à Maradi malgré un nouveau protocole d’accord

Campagne de distribution de Plumpy'nut dans la région de Maradi, Alfari, Niger, juin 2008.

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Niamey/Genève, 1er octobre 2008 - La section française de MSF espère obtenir au plus vite l’autorisation de reprendre ses activités.

Dix semaines après la suspension de son autorisation de prendre en charge la malnutrition dans la région de Maradi, la section française de Médecins Sans Frontières n’a plus aucune activité médico-nutritionnelle sur place. Un nouveau protocole d’accord entre MSF et le ministère de la Santé publique a été établi, mais les autorités nigériennes ne l’ont toujours pas signé .
« Ces dernières semaines, de nombreux interlocuteurs nous ont laissé espérer une levée imminente de la suspension. Malheureusement, ces signes favorables tardent à se concrétiser, explique Christophe Fournier, président international de Médecins Sans Frontières. Nous espérons cependant toujours qu’une issue favorable est possible. »
Depuis le 18 juillet, date de la suspension, MSF a entrepris de multiples démarches pour tenter de reprendre ses activités. Le 7 août, Marie-Pierre Allié, présidente de la section française de MSF, s’est rendue à Niamey pour une audience avec le ministre de la Santé publique. Dans la foulée, une délégation conjointe du ministère de la Santé publique et de responsables de MSF s’est rendue à Maradi afin de rédiger un nouveau protocole d’accord entre l’organisation et les autorités sanitaires nigériennes. Ce nouveau protocole a été soumis au ministre de la Santé publique, puis officiellement transmis au Premier ministre le 15 août. Par ailleurs, des demandes d’audience auprès de la Présidence nigérienne et des ministres de la Santé et de l’Intérieur ont été transmises début septembre.
Conformément à la décision des autorités nigériennes, MSF a cessé l’admission de nouveaux enfants dans son programme dès l’annonce de la suspension, puis a progressivement fermé ses treize centres de prise en charge à Maradi et en périphérie. En outre, deux mois et demi après la suspension, dans l’impossibilité de soigner les enfants à Maradi, MSF n’a eu d’autre choix que d’entamer les procédures de rupture des contrats de son personnel à Maradi.

Ces dernières années, de nombreuses avancées ont été réalisées sur les questions de nutrition. Le Niger a été le premier pays de la sous-région à adopter, dès 2005, un protocole national de prise en charge de la malnutrition sévère. Un département national de la nutrition a été mis en place au sein du ministère de la Santé publique. Dans la région de Maradi, selon les enquêtes même du ministère de la Santé publique et de l’Unicef, la prévalence de la malnutrition a été fortement réduite entre 2005 et 2008.
« Depuis le début de l’année 2008, plus de 14 000 enfants malnutris avaient été pris en charge dans notre programme dans la région de Maradi. A l’annonce de la suspension de notre autorisation de travailler, près de 3 400 enfants étaient suivis dans nos centres, dont plus de 180 étaient hospitalisés, rappelle Marie-Pierre Allié. En pleine période de soudure, période la plus sensible de l’année, ne pas pouvoir prendre en charge la malnutrition est extrêmement préoccupant. »
Une levée rapide de la suspension est plus que jamais indispensable pour que Médecins Sans Frontières puisse reprendre ses activités à Maradi et poursuivre sa collaboration avec les autorités afin d’améliorer la prise en charge de la malnutrition au Niger.
Depuis 2001, Médecins Sans Frontières mène des programmes de prise en charge de la malnutrition au Niger. Le mouvement MSF intervient actuellement dans les régions de Zinder, de Maradi et de Tahoua. Depuis le début de l’année 2008 jusqu’à mi-septembre, un total de 61 051 enfants souffrant de malnutrition aiguë ont été admis dans les centres nutritionnels de MSF. En collaboration avec les autorités sanitaires, Médecins Sans Frontières répond également au Niger à des épidémies en assurant le traitement des malades ou en menant des campagnes de vaccination. En 2008, plus de 700 000 enfants ont été vaccinés contre la rougeole et des interventions ont également eu lieu sur des épidémies de méningite et de choléra. Les équipes de MSF au Niger comptent 1 537 personnes, dont 1 468 Nigériens.