Sud-Soudan: 30 000 réfugiés n’ont nulle part où aller
© Robin Meldrum/MSF
4 min
Les camps dans l’Etat du Nil Supérieur, au Sud-Soudan, sont débordés par l’afflux de réfugiés.
MSF appelle le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations Unies (UNHCR) à identifier immédiatement un emplacement adéquat pour accueillir les 30 000 nouveaux réfugiés qui ont afflué ces deux dernières semaines de l’Etat du Nil Bleu, au Soudan, vers l’Etat du Nil Supérieur, au Sud-Soudan. 2 000 nouveaux réfugiés traversent la frontière chaque jour et ont besoin d’urgence d’aide humanitaire. Ils rejoignent ainsi dans cette région 70 000 réfugiés qui ont déjà fui les combats entre les forces armées soudanaises et le groupe armé SPLM-Nord.
«Nous sommes confrontés à une véritable urgence», explique le coordinateur des urgences de MSF, Patrick Swartenbroekx. «Nous prodiguons des soins médicaux dans les points de rassemblement temporaires pour les refugiés. Chaque jour, nous traitons et distribuons aussi 90 000 litres d’eau provenant d’étangs. Mais les étangs seront vides d’ici la fin de la semaine. La situation deviendra alors vraiment critique.»
Pénurie d’eau
Depuis décembre, les pénuries d’eau entravent la réponse humanitaire dans les deux camps de réfugiés de cette région reculée dans l’Etat du Nil Supérieur. Le camp de Doro a pratiquement atteint sa pleine capacité, tandis que dans le camp de Jamam, chaque personne reçoit moins de sept litres d’eau par jour, soit moins de la moitié du standard minimum requis en cas d’urgences.
Près de 40% des consultations qui ont été dispensées dans la clinique de MSF concernent des cas de diarrhée. Après de longues discussions, un troisième camp de réfugiés est en train d’être mis en place à Yusuf Batil, mais il ne peut fournir actuellement de l’eau qu’à 3 000 ou 4 000 réfugiés. Alors que les camps existants sont pleins ou manquent d’eau, une solution alternative doit donc être trouvée de toute urgence.
A l’heure actuelle, les nouveaux réfugiés sont rassemblés sous des arbres à un endroit appelé Rum. Seuls quelques uns d’entre eux disposent de lambeaux de feuilles plastiques pour construire un abris. Depuis la semaine dernière, MSF prodigue des soins de santé aux cas les plus graves. Cela a inclus 214 consultations pour des diarrhées et 34 enfants souffrant de malnutrition aiguë.
Epuisés par leur fuite
Les réfugiés sont épuisés et ont déjà passé des mois dans la brousse pour fuir les combats. Beaucoup racontent des histoires atroces sur les plus faibles ou les blessés qui se sont effondrés au bord du chemin pendant le trajet. Une marche qui a duré au moins deux semaines, voire bien davantage pour nombre d’entre eux. «On a marché avec toute la famille pendant plus de 17 jours avec très peu d’eau et de nourriture», explique un père entouré de ses enfants. «Il y a encore beaucoup de gens sur la route, dont des personnes âgées ou affaiblies. Beaucoup souffrent de diarrhée.»
«Un scénario cauchemardesque est en train de se dessiner», prévient Jean-Marc Jacobs, chef de mission adjoint de MSF. « Depuis plus de trois mois, MSF tire la sonnette d’alarme sur la nécessité de fournir davantage d’eau et de se préparer à de nouveaux afflux de réfugiés. Nous sommes maintenant confrontés maintenant à une situation qui requiert de toutes les organisations une action immédiate et efficace dès aujourd’hui.»
MSF va fournir des soins médicaux pour les nouveaux réfugiés ainsi que de l’eau dans les prochains jours avant que les étangs de Rum soient asséchés. Entretemps, nous demandons au HCR et aux autres organisations humanitaires présentes dans le comté de Maban d’explorer toutes les possibilités afin de trouver un emplacement pour ces réfugiés.
Il faut aussi un approvisionnement immédiat et en quantité suffisante d’eau traitée. Des routes permettant l’accès des réfugiés aux camps doivent être aménagées d’urgence, sans quoi la saison des pluies rendra cet accès impossible. Enfin, il faut prévoir des plans de secours concrets avec des ressources appropriées pour les nouvelles arrivées de réfugiés à venir.
Les activités de MSF
Depuis novembre 2011, MSF mène une opération médicale d’urgence de grande envergure en faveur des réfugiés dans l’Etat du Nil Supérieur. L’équipe compte aujourd’hui sur le terrain plus de 40 collaborateurs internationaux et 250 collaborateurs locaux, gérant deux hôpitaux de campagne et réalisant plus de 3 000 consultations par semaine. L’équipe organise également des cliniques mobiles aux points de passage frontaliers. Elle assume aussi le traitement et la distribution d’eau, une activité vitale.
© Robin Meldrum/MSF