Syrie: l’escalade de la violence n’épargne pas les structures de santé

Ainsi, 1 700 familles ont rejoint les 110 000 déplacés syriens vivant dans quatre camps de regroupement autour d’Atmeh, dans le gouvernorat d’Idlib.

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Depuis fin septembre 2015, de nombreux hôpitaux situés dans le nord du pays ont été ciblés et certaines structures ont dû cesser leurs activités. L’intensification des attaques dans la région force également des dizaines de milliers de personnes à fuir.

Selon des personnels médicaux soutenus par Médecins Sans Frontières (MSF) en Syrie, l’augmentation récente et significative du nombre de frappes aériennes sur les hôpitaux du Nord du pays aurait tué au moins 35 patients et travailleurs de santé syriens, et en aurait blessé 72 autres. Depuis fin septembre 2015, 12 hôpitaux situés dans les gouvernorats d’Idlib, d’Alep et de Hama, dont six hôpitaux soutenus par MSF, ont ainsi été ciblés. Six hôpitaux ont été contraints de cesser leurs activités - dont trois soutenus par MSF - et quatre ambulances ont été détruites. Un seul des hôpitaux a pu rouvrir et l’accès aux services d’urgences, de maternité, de pédiatrie et de soins primaires demeure gravement compromis dans ces zones.
Autre conséquence de l’intensification des attaques dans la région : des dizaines de milliers de personnes ont été forcées de quitter leurs domiciles. Certaines ont trouvé refuge dans les champs et villages environnants. Selon les personnels de santé communautaires MSF, d’autres ont dû fuir dans d’autres gouvernorats. Ainsi, 1 700 familles (dont 225 pour la seule semaine du 19 octobre) ont rejoint les 110 000 déplacés syriens vivant dans quatre camps de regroupement autour d’Atmeh, dans le gouvernorat d’Idlib.

Mort du droit international humanitaire ?

«Après plus de quatre années de guerre, je reste sidéré de voir combien le droit international humanitaire peut être aussi facilement bafoué par les différentes parties impliquées au conflit syrien» déclare Sylvain Groulx, chef de mission MSF pour la Syrie. «On peut se demander si ce concept n’est pas mort? En effet, tant d’acteurs humanitaires et médicaux ont, de manière répétée, appelé – et appellent encore – à un arrêt immédiat des attaques contre les structures de santé et les civils... Nos voix sont-elles écoutées?»

Les abris sont une priorité pour les déplacés, après la sécurité

En plus des difficultés d’accès aux soins, et avec la chute des températures qui s’amorce, trouver des abris adéquats est désormais la priorité et l’urgence des populations déplacées. Mais les possibilités d’accroître les capacités d’accueil pour faire face à cet afflux massif de déplacés restent limitées. Certaines familles partagent leur tente, alors que d’autres s’abritent dans des structures communautaires comme des mosquées ou des écoles.
«En plus de notre dispensaire mobile du Sud d’Alep, nous évaluons la possibilité de fournir du matériel non médical comme des tentes» ajoute Sylvain Groulx. «Nous ferons également d’autres distributions de matériel, comme des couvertures. Mais ce genre de soutien n’est qu’une goutte dans l’océan, lorsque l’on considère tout ce dont ces familles déplacées ont réellement besoin. Car elles ont avant tout besoin de sécurité et de ne plus vivre dans l’immédiateté, ne plus se demander quand la prochaine bombe tombera».
Six structures médicales MSF continuent de fonctionner à l’intérieur de la Syrie. L’organisation soutient directement plus de 150 dispensaires, postes de santé et hôpitaux de campagne. En Jordanie, au Liban et en Irak, MSF prend également en charge des réfugiés syriens ayant fui la guerre.