La tuberculose: une vieille maladie au nouveau visage
© Andrea Bussotti/MSF
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Des mesures urgentes sont nécessaires pour lutter contre la menace mondiale de tuberculose résistante aux médicaments.
Un rapport publié par Médecins Sans Frontières (MSF) démontre que la propagation alarmante de souches mortelles de tuberculose pharmacorésistante (TB-R) constitue l’une des plus grandes menaces de santé publique à ce jour. Le rapport appelle les gouvernements, les compagnies pharmaceutiques et les chercheurs à se mobiliser de toute urgence pour trouver de nouveaux traitements, endiguer cette maladie dévastatrice et ainsi sauver des vies.
Chaque année, près de huit millions de personnes dans le monde contractent la tuberculose, une maladie infectieuse transmise par voie aérogène, et 1,3 million de personnes en meurent. Les personnes atteintes de la tuberculose peuvent en guérir, mais le manque de mesures adaptées au niveau mondial a facilité le développement de souches pharmacorésistantes. Près de 500 000 nouveaux cas de tuberculose multirésistante (TB-MR) se déclarent chaque année. Presque aucun pays du monde n’est épargné, et dans une centaine de pays, on signale de nouvelles formes encore plus difficiles à traiter. À l’heure actuelle, les souches les plus mortelles de la TB-R se propagent comme un feu de brousse, alors qu’aujourd’hui, aucun pays n’a trouvé le moyen de traiter efficacement cette forme de la maladie.
«La crise liée à la TB-R touche tout le monde et requiert des mesures internationales immédiates», explique Sidney Wong, directeur médical de MSF. «Chaque année, nous diagnostiquons plus de cas de TB-R chez nos patients. Les traitements existants sont de mauvaise qualité et n’ont pas le moindre impact sur l’épidémie. Peu importe où vous vivez; tant que de nouveaux traitements combinés ne seront pas élaborés, les chances de survivre à cette maladie sont faibles.»
Des traitements inadaptés, extrêmement lourds et très chers
De plus en plus de cas sont détectés grâce à l’utilisation d’un nouvel outil de diagnostic de la TB-MR. Cependant, les médicaments antituberculeux de base ne fonctionnent pas pour ces patients, et les médecins n’ont d’autres choix que de se tourner vers des traitements plus longs, plus complexes et plus chers qui ne permettent qu’à la moitié des patients de guérir. Ceux qui ont la chance d’avoir accès à ces traitements doivent traverser deux ans de calvaire pendant lesquels ils avaleront plus de 10 000 comprimés et recevront des injections quotidiennes pendant huit mois. Ces traitements sont extrêmement incommodants et ont des effets secondaires néfastes, notamment des nausées et des douleurs généralisées, mais allant jusqu’à la surdité ou la psychose. Malgré leurs défaillances, ces médicaments coûtent près de 4000 $US par patient. Les prestataires de soins doivent aussi compter les frais associés aux longues périodes de soins et à la prise en charge des effets secondaires.
Ces traitements inadaptés et onéreux compromettent gravement la lutte mondiale contre la tuberculose : à ce jour, seulement 20 % des personnes ayant besoin d’un traitement le reçoivent. Cette maladie infectieuse est donc encore loin d’être contenue. La gravité de la situation a conduit des patients atteints de TB-R et leur personnel soignant des quatre coins du monde à s’associer. Dans le manifeste de lutte contre la tuberculose résistante «Des diagnostics, des traitements», ils demandent que cette situation change de toute urgence.
Sortir de la crise mondiale: se battre ensemble pour nos enfants
«Nous devons accepter le fait que nous sommes confrontés à une véritable épidémie de tuberculose», déclare une mère de deux enfants vivant au Swaziland, dont la fille est décédée d’une TB-R et dont le fils est lui aussi contaminé. «Nous devons nous battre ensemble pour notre survie afin de garantir l’avenir des générations futures. Si nous abandonnons maintenant, nos enfants n’auront aucune chance.»
Bien que deux nouveaux médicaments antituberculeux aient vu le jour dernièrement, les premiers en l’espace de 40 ans, les médecins et les patients devront encore attendre plusieurs années avant que les traitements dont ils ont besoin évoluent. Pour être efficaces, plusieurs médicaments antituberculeux doivent être combinés; les essais cliniques combinant les nouveaux médicaments ne sont pas encore à l’ordre du jour. Le rapport détaillé de MSF repose sur l’expérience directe de l’organisation dans la lutte contre la TB-R. Il décrit également la nécessité de diagnostiquer et de traiter davantage de personnes, et l’urgence de mener plus de recherches sur l’amélioration des traitements, afin qu’ils soient plus courts, plus efficaces et plus facilement tolérés. Ces étapes sont essentielles pour espérer sortir de la crise mondiale de la TB-R.
© Andrea Bussotti/MSF