Le vaccin oral contre le choléra a été très efficace lors de l’épidémie de 2012 en Guinée
© David Di Lorenzo/MSF
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Ce vaccin pourra être utilisé pour aider à contrôler et à prévenir les épidémies mortelles.
Selon une étude publiée le 28 mai dans la revue scientifique américaine New England Journal of Medicine, le vaccin oral contre le choléra a protégé 86% des individus vaccinés lors de l’épidémie récente en Guinée.
L’étude conduite par le ministère de la Santé guinéen et Epicentre, l’institut de recherche affilié à Médecins Sans Frontières (MSF), est la première à démontrer que le vaccin utilisé apporte très rapidement une protection contre le choléra. Alors que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) l’ajoute actuellement à ses stocks d’urgence, l’étude démontre l’intérêt de son utilisation dans le contrôle des épidémies.
«Puisque nous n’avions jamais documenté l’efficacité de ce nouveau vaccin dans des conditions réelles d’épidémies, nous n’avions pas suffisamment d’information pour comprendre le potentiel de ce vaccin comme instrument de contrôle au moment d’une flambée de choléra» a déclaré Francisco Luquero, chercheur responsable de cette étude.
«Nous savons désormais que le vaccin oral contre le choléra confère un niveau de protection élevé lors d’épidémies, et que la vaccination contre cette maladie hautement mortelle peut et doit faire partie des activités à mettre en place lorsque nous faisons face au choléra, en complément d’autres mesures de prévention et de contrôle».
L’étude d’Epicentre a mesuré l’efficacité du vaccin dans le premier mois consécutif à son administration. Le vaccin oral utilisé est constitué de deux doses complètes de Shanchol, un des deux vaccins oraux actuellement disponibles et pré-qualifié par l’OMS. Le Shanchol est l’option la plus appropriée pour les pays en développement du fait de son coût abordable mais aussi parce que la substance est plus facile à produire et que le vaccin est moins encombrant pour le transport et le stockage.
L’étude publiée dans le New England Journal of Medicine fait partie d’une recherche plus étendue sur l’utilisation du vaccin oral contre le choléra en Guinée en 2012; c’est la première jamais conduite sur les vaccins contre le choléra lors d’épidémies en Afrique. En avril 2012, le ministère de la Santé et MSF ont administré 316 250 doses de vaccins au cours des deux tours d’une vaccination organisée sur les districts côtier de Boffa et Forecariah, qui aura duré six semaines. La couverture vaccinale de la campagne avait été bonne, avec 75,8 pourcent des personnes ayant reçu deux doses à Boffa et 75,9 pourcent à Forecariah.
Planification et sensibilisation
«Nous avons démontré qu’avec une bonne planification et une sensibilisation de qualité dans les communautés, il est possible de vacciner rapidement des centaines de milliers de personnes contre le choléra, dans des zones isolées et malgré leur forte mobilité», précise Dr. Iza Ciglenecki, responsable du projet de la campagne de vaccination en Guinée.
La forte couverture vaccinale réduit la transmission de la maladie dans les communautés vaccinées. La plupart des cas confirmés de choléra provenaient de petites poches d’épidémies dans les communautés locales qui avaient le plus bas taux de couverture vaccinale. Les cas suspects ont été confirmés avec un test rapide, puis les équipes ont vérifié combien de ceux-ci avaient été vaccinés. La vaccination avec les deux doses complètes de Shanchol a été associée à un fort taux de protection contre le choléra (autour de 86 pourcent).
Le vaccin oral contre le choléra a été ajouté aux recommandations de l’OMS pour la prévention et le contrôle de la maladie en 2010, et l’OMS et ses partenaires ont créé en 2013 des stocks de ce vaccin pour les urgences. Depuis lors, il n’avait pas encore été utilisé comme un instrument de santé publique dans la lutte contre le choléra. Des inquiétudes au sujet de la faisabilité, de la durée et de l'acceptabilité de la vaccination au sein des communautés, ainsi que la peur de détourner des ressources d'autres programmes médicaux avaient découragé son utilisation.
«Nous espérons que les résultats sur l’efficacité et la faisabilité de la vaccination oral contre le choléra pendant une urgence appuieront les efforts menés pour que ces vaccins soit intégrés dans la réponse globale à mettre en place en cas d’épidémie de choléra» explique Dr. Rebecca Grais, l’auteur principal de la publication.
«Jusqu’à très récemment, les vaccins contre le choléra ne faisaient pas partie des instruments utilisés pour circonscrire une épidémie». «Plusieurs épidémies mortelle et de grande ampleur ont montré les limites du système classique de réponse à une épidémie à l’échelle du pays. L’utilisation de ces vaccins oraux contre le choléra devrait apporter des améliorations notables et augmenter notre capacité à prévenir les épidémies et donc à terme, à sauver des vies».
MSF est une des plus grandes organisations cliente de ce vaccin oral. Il est essentiel pour MSF d'avoir accès à des vaccins à bas prix, que ce soit pour le choléra ou d’autres maladies tels que le pneumocoque, afin d’assurer qu’un maximum de personnes soient protégées pendant les urgences, a déclaré MSF.
© David Di Lorenzo/MSF