Violences sexuelles : proposer un ensemble de soins aux personnes survivantes
Pendant les années qui ont suivi sa création en 1971, Médecins Sans Frontières n’a apporté qu'une réponse limitée aux victimes de viol.
Le premier programme de soins qui leur a été spécifiquement dédié n’a été mis en place qu’en 1999 à Brazzaville, à la fin de la guerre en République du Congo, dans un contexte de viols massifs des femmes déplacées par les forces armées. L’association a depuis développé un ensemble de soins destinés à aider les victimes. Elle apporte son soutien en temps de guerre, lorsque la violence sexuelle est exacerbée et souvent commise à grande échelle par des forces armées, mais aussi en temps de paix, où elle est particulièrement prévalente dans des contextes favorisant l’exploitation des plus vulnérables : bidonvilles, camps de réfugiés, extrême pauvreté.
MSF porte assistance aux victimes en leur fournissant des soins de santé adaptés, mais aussi en leur proposant d’autres moyens de soutien tels que : l’offre d’hébergements provisoires, l’accès aux services sociaux, une aide matérielle, la mise à disposition d’un certificat médico-légal, et l’appui pour des procédures judiciaires au cas par cas.
Conséquences des violences sexuelles
- Traumatismes physiques
- Traumatismes psychologiques (stress post-traumatique, dépression)
- Maladies sexuellement transmissibles
- Grossesses non désirées
Soins de santé fournis par MSF aux victimes de violences sexuelles
- Le traitement des blessures physiques
- Le traitement des infections sexuellement transmissibles
- Les vaccinations Hépatite B et tétanos
- Une prophylaxie VIH si le patient se présente dans les 72h après l’agression
- Une contraception d’urgence si la patiente se présente dans les 120h après l’agression
- Des soins en santé mentale
Une assistance médicale en temps utile
Un viol relève de l’urgence médicale car certaines séquelles peuvent être évitées si la victime est prise en charge dans les quelques heures qui suivent.
L’équipe médicale peut administrer un traitement pour éviter une infection par le VIH/sida dans les 72 heures après l’agression. La prophylaxie post-exposition, que le patient doit prendre pendant 28 jours, peut en effet éviter cette infection. Plus le traitement est pris rapidement, plus il est efficace.
Jusqu’à 120 heures après l’agression, il est possible de prescrire la pilule du lendemain, qui peut permettre d’éviter les grossesses non désirées en arrêtant l’ovulation.
Des maladies comme l’hépatite B ou le tétanos, entraîné par des blessures ou des lacérations liées à l’agression, peuvent être évitées grâce à la vaccination, et le développement de certaines infections sexuellement transmissibles (syphilis ou chlamydia par exemple) peut être évité avec des antibiotiques.
A la suite d’une agression, une grande partie des victimes sont en état de choc, et développent des syndromes de stress post-traumatique ou des dépressions. Le soutien proposé par MSF vise également à aider les personnes à lutter contre la stigmatisation ou le tabou et à réduire le risque ou la gravité des séquelles psychologiques.
Le caractère d’urgence que revêt la prise en charge des victimes de violences sexuelles, implique de sensibiliser les communautés : trop souvent les personnes ne communiquent pas sur les agressions qu’elles subissent, parce qu’elles ont peur des représailles, d’être stigmatisées ou faute d’accès à des services dédiés. Dans tous les cas, MSF incite les victimes à venir en consultation même si l’agression est ancienne.
C’est un véritable travail sur les mentalités que nous avons à faire pour lever le tabou autour des violences sexuelles et pour que les soins puissent être offerts à toutes les victimes, sur les populations, mais aussi sur les autorités. Il y a certes un aspect criminel et judiciaire aux violences sexuelles, mais pour nous c’est avant tout une urgence médicale.
Dans beaucoup de programmes MSF de prise en charge des violences sexuelles, certaines des victimes sont des enfants voire de très jeunes enfants, souvent abusés par un membre de leur entourage. Leur prise en charge impose un protocole de soins spécifiques ainsi que des efforts particuliers.
Le soutien psychologique, composante essentielle
La prise en charge des victimes de violences sexuelles va bien au-delà des simples protocoles médicaux. Il est essentiel de constituer des réseaux dans la société civile afin que les patients puissent être référés vers les structures de santé adéquates, qui puissent garantir un accueil, un traitement et un suivi respectueux des personnes. Pour éviter la stigmatisation, les services pour les victimes de violences sexuelles sont la plupart du temps intégrés dans des programmes plus généraux liés à la santé de la femme ou aux consultations de santé générale.
Pour les personnes victimes de violences sexuelles, un soutien psychologique peut être vital. MSF propose des consultations de santé mentale individuels ou de groupe, car dans certains cas, le dialogue entre personnes ayant vécu les mêmes situations peut les aider à surmonter le traumatisme.