Awerial: sur les rives du Nil, 75 000 personnes vivent dans des conditions précaires

En deux semaines seulement, plus de 75 000 personnes sont arrivées dans la ville d’Awerial, en emportant avec eux les biens qu’ils ont pu sauver.

3 min

Chaque jour, des bateaux arrivent à Awerial sur la rive occidentale du Nil dans l’Etat de Lakes. A leur bord se trouvent des personnes qui ont fui les violences à Bor, capitale de l'Etat voisin du Jonglei. Ce sont pour la plupart des femmes et des enfants.

En deux semaines seulement, plus de 75 000 personnes sont arrivées dans la ville d’Awerial, en emportant avec eux les biens qu’ils ont pu sauver.
La ville, qui compte habituellement quelque 10 000 habitants, déborde à présent de familles déplacées. Alors que certains sont accueillis par des proches, la plupart vivent en plein air. Beaucoup de familles se sont installées sous les arbres qui leur offrent un peu d'ombre pendant la journée. Leurs conditions de vie sont déplorables, mais avec la poursuite des combats à Bor, Awerial reste l'option la plus sûre.

Fuir pour échapper aux combats

Mary Aluer, une jeune fille de 19 ans étudiant au Kenya, était rentrée passer les fêtes de Noël avec sa famille à Bor quand elle s’est trouvée prise au milieu des combats. «C'est arrivé vers minuit, raconte Mary. Tout le monde a fui dans toutes les directions. Nous avons pris les enfants et tout ce que nous pouvions emporter avant de fuir. Quand nous sommes arrivés à Awerial, la ville était déjà surpeuplée. On a installé nos affaires là où il y avait de l'ombre et on n’a plus bougé. Pendant la journée, ça peut aller, mais la nuit il fait très froid. Beaucoup d'enfants sont malades, la plupart souffrent de diarrhée.»

L’eau potable, denrée rare

Sur le marché local, les denrées sont rares et les prix des produits de base ont grimpé. Il y a une grave pénurie d'eau potable et pas de latrines, ce qui expose les populations d’Awerial à des risques d’épidémies.
«L’accès à l’eau potable pose problème car les cinq puits de la ville sont secs à partir de dix heures du matin», explique David Nash, chef de mission MSF au Soudan du Sud. «Le Nil est la seule véritable source d’eau mais elle est de mauvaise qualité. L’eau puisée pour boire est la même que celle utilisée pour se laver et faire la lessive. De plus, il n’y a pas de latrines.» Une équipe de MSF pompe l’eau du Nil et la traite afin d’approvisionner les populations en eau potable.

Offrir des soins médicaux essentiels

Le personnel médical de MSF fournit des soins médicaux essentiels aux populations déplacées dans deux cliniques de la ville d’Awerial. L’une installée dans une école primaire, l’autre au sein d’un hôpital du ministère de la Santé.
«Nous voyons environ 150 patients chaque jour, la plupart d’entre eux souffrent de diarrhées aqueuses aiguës, d’infections pulmonaires et de paludisme», indique le Dr Moussa Oussman, référent médical MSF. «Aujourd’hui nous avons également mis en place un service d’hospitalisation pour les patients les plus gravement malades et nous avons aménagé un espace réservé aux femmes enceintes afin qu’elles puissent accoucher dans les meilleures conditions possibles.»
Il est urgent de porter assistance aux populations déplacées à Awerial vivent dehors, sans accès à la nourriture ni à l’eau potable. MSF réitère son appel aux autres organisations d’aide humanitaire pour qu’elles interviennent en urgence.