Bulgarie : l’accueil des demandeurs d’asile s’est amélioré
© Alessandro Penso
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Au cours de ces sept derniers mois, des équipes de MSF ont dispensé des soins médicaux et psychologiques, distribué des biens de première nécessité et apporté des améliorations aux bâtiments et aux infrastructures de trois centres d’accueil pour demandeurs d’asile en Bulgarie.
A Sofia, la capitale et à Harmanli, à proximité de la frontière avec la Grèce et la Turquie, les centres hébergent actuellement 1 500 demandeurs d’asile. Beaucoup d’entre eux ont fui la guerre en Syrie et rejoint l’Europe au terme d’un long et souvent périlleux voyage, dans l’espoir d’y trouver sécurité et protection.
MSF a commencé à intervenir en Bulgarie en novembre dernier, après avoir été témoin des conditions de vie épouvantables des réfugiés syriens, confrontés au manque de nourriture et d’abris et à un accès limité aux soins médicaux et psychologiques. En plein hiver, certains dormaient dans des tentes non chauffées et il n’y avait qu’une seule toilette pour plus de cinquante de personnes.
Amélioration des conditions de vie : un exemple pour l’Europe
Depuis, les autorités ont pu renforcer les capacités d’accueil et les conditions de vie se sont améliorées. MSF a donc décidé de transférer la gestion des services médicaux et les soins de santé mentale pour les refugiés au gouvernement bulgare, et appelle les autorités à garantir leur accès aux soins, qu’ils soient hébergés ou non dans les centres d’accueil.
Même si tous les problèmes ne sont pas résolus, ces centres sont un réel exemple pour le reste de l’Europe. Ils sont la preuve que les autorités peuvent et doivent se mobiliser pour améliorer les conditions d’accueil des migrants, » explique Stuart Alexander Zimble, chef de mission de MSF. « Nous espérons que les conditions continueront à s’améliorer et que les normes d’accueil seront respectées, même après le départ de MSF. »
Des craintes persistent sur les conditions d’hygiène
L’organisation médicale internationale se demande toutefois si les autorités locales seront en mesure de garantir de bonnes conditions d’hygiène et craint dès une augmentation des risques sanitaires, et l’apparition de certaines épidémies, comme celle déjà présente d’hépatite A.
Au cours de ces sept derniers mois, MSF a assuré plus de 7 700 consultations médicales en Bulgarie, lors desquelles 1 725 enfants de moins de cinq ans et 990 femmes enceintes ou venant d’accoucher ont été examinées. « Beaucoup de réfugiés syriens ont besoin d’un traitement pour une maladie chronique, comme le diabète ou l’hypertension – des affections potentiellement mortelles si elles ne sont pas correctement traitées, » explique Carla Peruzzo, coordinatrice médicale.
MSF a également assuré des consultations psychologiques
Soixante patients, dont beaucoup avaient été terriblement traumatisés par les violences et les tortures qu’ils avaient subies en Syrie, en ont bénéficié. Les normes minimales de l’Union Européenne (UE) en matière d’accueil des réfugiés imposent l’offre de soins médicaux et psychologiques ainsi que des soins spécialisés pour les groupes vulnérables comme les victimes de tortures ou de violences sexuelles ou les personnes souffrant d’un handicap.
« Il est tout à fait essentiel de proposer un soutien psychologique aux personnes qui ont fui le guerre, le conflit et les violences. Ici en Bulgarie, certains de nos patients ont été torturés, d’autres ont fui la Syrie après que des proches ont été tués ou kidnappés. Ils ont ensuite entrepris un long et périlleux voyage pour rejoindre l’Europe, en sachant qu’un avenir incertain les attendrait ici, » explique Carla Peruzzo.
Les portes de l’Europe de plus en plus étanches
Vers la fin du mois, la Bulgarie achèvera, avec le soutien tacite de l’UE, la construction d’une clôture de 30 km pour rendre sa frontière terrestre encore plus étanche, une stratégie adaptée également par la Grèce qui a fermé ses frontières terrestres en 2012. Au cours de ces derniers mois, l’afflux de réfugiés arrivant en Bulgarie a aussi nettement diminué.
Alors que les conditions se sont améliorées dans ces centres d’accueil, le problème plus général du traitement des migrants et des réfugiés aux portes de l’Europe est loin d’être réglé. Alors que les politiques européennes sont censées assurer des normes minimales d’accueil et une protection adéquate, les États membres continuent de prendre des mesures répressives et restrictives qui ne font qu’aggraver les souffrances.
« L’été approche et le nombre de personnes tentant de rejoindre l’Europe connaîtra bientôt un pic, » avertit Aurélie Ponthieu, conseillère humanitaire pour les migrations. « La plupart des frontières terrestres de l’Europe ont été formées et des milliers de personnes fuyant les combats en Syrie ou en Erythrée par exemple tenteront désespérément de rejoindre l’Europe par la mer, au péril de leur vie. Et lorsqu’ils arrivent en Europe, il est rare que les réfugiés soient traités humainement. Il faut que la situation s’améliore, de toute urgence. »
MSF dispense des soins médicaux aux migrants hébergés dans des centres d’accueil et de détention en Europe depuis 2000.
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