Centrafrique: trois employés de MSF, tués à l’hôpital de Boguila
© Catherine Robinson/MSF
3 min
16 civils non armés, dont trois employés locaux de MSF ont été tués lors d’un vol à main armée qui s’est produit samedi après-midi à l’hôpital de Boguila, un hôpital géré par MSF, au nord de la République centrafricaine (RCA).
Médecins Sans Frontières condamne fermement cette attaque injustifiée contre des civils non armés dans un lieu clairement identifié comme étant une structure de santé de MSF. «Nous sommes extrêmement choqués et attristés par la violence brutale utilisée à l’encontre de notre personnel médical et de la communauté, a déclaré Stefano Argenziano, chef de mission de Médecins Sans Frontières en RCA. Notre priorité est maintenant de soigner les blessés, d’informer les familles, ainsi que d’assurer la sécurité de nos collaborateurs, de nos patients et de l’hôpital.»
Les activités de MSF suspendues
«Ce tragique incident nous a obligés à réduire notre équipe et suspendre nos activités à Boguila. MSF maintient son engagement à porter assistance à la population mais nous devons également prendre en compte la sécurité de nos collaborateurs », a ajouté Stefano Argenziano. En réaction à cet acte terrible, nous évaluons également s’il est possible de continuer nos activités dans d’autres zones».
L’incident s’est produit quand des membres armés de l’ex-Seleka ont entouré l’hôpital de Boguila alors que se tenait une réunion à laquelle MSF avait convié 40 leaders communautaires pour discuter de l’accès aux soins.
Des hommes armés ont pillé le bureau de MSF sous la menace d’armes. Des coups de feu ont été tirés en l’air. Dans le même temps, d’autres hommes armés se sont approché du lieu de la réunion où se trouvaient des collaborateurs de MSF et des membres de la communauté, non armés. Sans raison, les hommes armés ont commencé à tirer dans la foule, tuant et blessant grièvement des civils.
Une attaque inacceptable
MSF est la seule organisation internationale humanitaire présente à Boguila pour répondre aux besoins des populations exposées à des attaques mortelles, et sans distinction, par les groupes armés opérant dans la zone. Les événements tragiques de samedi constituent une attaque inacceptable, non seulement contre les civils mais également contre la capacité à délivrer des soins médicaux et une assistance humanitaire.
MSF appelle toutes les parties au conflit à respecter la neutralité du personnel médical, des structures de santé et des activités.
Depuis le coup d’Etat de mars 2013, la ville de Boguila est instable avec des tensions et une violence croissantes, qui ont provoqué des déplacements de population massifs en août 2013. En décembre 2013, des musulmans fuyant les violences dans le village tout proche de Nana Bakassa, ont cherché refuge auprès de familles d’accueil à Boguila, avant de se diriger vers le nord. Plus récemment, le 11 avril, près de 7 000 personnes ont fui dans la brousse et jusqu’à 40 personnes se sont réfugiées au sein des bâtiments de MSF, après qu’un groupe armé a attaqué un convoi qui transitait à travers Boguila, accompagné par la MISCA.
Les activités de MSF en Centrafrique
Depuis 2006, MSF gère l’hôpital de 115 lits de Boguila et dispense des soins de Santé primaire et secondaire à une population estimée à environ 45 000 habitants dans la région. Nos équipes soutiennent également 7 centres de Santé autour de Boguila, principalement pour la prise en charge du paludisme et les références des cas sévères vers l’hôpital. Chaque mois, entre 9 000 et 13 000 consultations sont dispensées et environ 5 000 à 10 000 patients sont traités contre le paludisme.
MSF travaille en République centrafricaine depuis 1997. Actuellement, MSF a plus de 300 expatriés et 2.000 collaborateurs centrafricains qui travaillent dans le pays. MSF gère 7 projets réguliers (à Batangafo, Carnot, Kabo, Ndélé, Paoua, Bria et Zémio) et huit projets d’urgence (à Bangui, Berbérati, Bouar, Boguila, Bossangoa, Bangassou et Bocaranga, ainsi que des cliniques mobiles au nord-est du pays). Les équipes de MSF sont également actives auprès des réfugiés centrafricains qui ont fui au Tchad, au Cameroun et en République démocratique du Congo.
© Catherine Robinson/MSF