Conflit au Mozambique : 60 000 personnes déplacées en seulement un mois
© Igor Barbero
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Depuis octobre 2017, Cabo Delgado est une province du Mozambique meurtrie par d’intenses conflits entre le groupe islamiste Al-Shabaab et l'armée nationale. Ces affrontements ont obligé 800 000 personnes à abandonner leur maison pour fuir l'insécurité. En juin dernier, 60 000 nouveaux déplacés internes ont été comptabilisés, un triste record pour l’année 2022.
Tout au long du mois de juin 2022, à Cabo Delgado, la peur des violences, suivie d'attaques confirmées, a entraîné des mouvements massifs de personnes en provenance de zones proches de la capitale provinciale Pemba. Cette province du nord-est du Mozambique était pourtant auparavant considérée comme relativement stable, notamment dans les districts d'Ancuabe et de Chiure.
Cette nouvelle vague de violence a forcé 60 000 personnes à se déplacer, dont beaucoup avaient déjà dû fuir à plusieurs reprises face aux précédents épisodes de violence. Au cours de l'année écoulée, les forces armées mozambicaines et leurs alliés régionaux ont renforcé leur présence dans un certain nombre de régions. Les points de conflit se sont déplacés géographiquement et les gens ont commencé à retourner dans les zones qui avaient été attaquées précédemment ou qui étaient sous le contrôle de groupes armés non étatiques.
Des besoins humanitaires énormes, une aide limitée
Différentes zones de Cabo Delgado accueillaient déjà un grand nombre de personnes déplacées, elles doivent maintenant s'adapter à un nouvel afflux de personnes. Les communautés locales en ressentent l’impact : par endroits, MSF est la seule organisation humanitaire internationale qui travaille de manière permanente. L'aide disponible est terriblement insuffisante face aux besoins des populations en termes d'accès aux soins de santé, à la nourriture mais également à l'eau et à son assainissement.
« Le district de Macomia n’a pas de système de distribution d’eau ou d’égouts et il y a souvent de longues files d’attente pour puiser de l’eau dans les très rares forages disponibles. Les personnes déplacées se contentent souvent de collecter de l'eau non traitée partout où elles la voient. Depuis janvier de cette année, les équipes MSF ont traité plus de 1 000 cas de maladies parasitaires et intestinales dans le district de Macomia », explique Patrick Mangochi, coordinateur médical adjoint de MSF dans cette province de Cabo Delgado.
Beaucoup de gens ne fréquentent pas les villes la nuit, pensant qu'ils seront plus en sécurité dans les champs et la brousse. S’ils réussissent à éviter les risques urbains, ils doivent faire face à d'autres dangers, comme le paludisme. À Macomia, cette maladie mortelle a amené 4 adultes sur 10 à se rendre dans une clinique MSF, et 80 % des enfants y ont été testés positifs. Dans toute la province, les soins spécialisés pour les maladies chroniques, comme le VIH, sont souvent indisponibles, malgré la prévalence de ces maladies dans la région. À Mueda, une ville située dans le nord de Cabo Delgado, les équipes de MSF, qui travaillent à l'hôpital local et gèrent des cliniques mobiles, ont vu l'état de nombreux patients s'aggraver après l'interruption de leur traitement.
L’impact de la violence sur la santé mentale
Alors que les conflits se poursuivent à Cabo Delgado, des centaines de milliers de personnes souffrent des effets de la peur, de la violence et des déplacements, tant sur le plan de leur santé physique que mentale. Presque tout le monde dans la région a subi un traumatisme, après avoir été témoin ou victime de violences, ou encore après avoir perdu des êtres chers ou leur maison. Tant que MSF pourra continuer à assurer la sécurité de ses équipes, nous nous efforcerons de fournir des soins aux personnes les plus vulnérables de cette province.
© Igor Barbero