Ebola: « Lorsque le premier patient est sorti du centre, l’équipe était vraiment émue »

Vue aérienne du centre de traitement de l’ebola dans la capitale guinéenne Conakry.

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Dans la lutte contre l’Ebola en Guinée, les équipes de MSF et du ministère de la Santé engrangent des succès, mais les défis persistent.

A l’heure où l’on enregistre les premiers patients ayant survécu au virus Ebola et quitté les centres de prise en charge, les activités médicales ont dû être suspendues dans l’une des localités touchées par l’épidémie à cause d’un incident de sécurité.

Suspension des activités de MSF à Macenta

A Macenta, dans le sud-est de la Guinée, les activités de Médecins Sans Frontières (MSF) ont été suspendues suite à un incident au cours duquel des habitants ont manifesté et lancé des pierres sur les structures de soin et les véhicules de l’organisation. La manifestation a été déclenchée par la diffusion de fausses informations selon lesquelles MSF aurait amené le virus dans le village. Aucun membre du personnel MSF n’a été blessé dans l’incident, mais les activités ont dû être interrompues.
«Nous comprenons les inquiétudes de la population,», dit Henry Gray, le coordinateur d’urgence de MSF. «Nous avons fait face à des réactions similaires dans d’autres pays. Dans ce type de situation, il est important de s’assurer que les populations ont une bonne compréhension de la maladie et de ses risques. A Macenta, une équipe chargée de la sensibilisation des patients était en place, mais il est très difficile d’informer les gens sur le virus dans leur langue, tout en mettant tout en œuvre pour stopper l’épidémie». Alors que les négociations avec les autorités se poursuivent, MSF prévoit de relancer ses activités à Macenta dès que possible.
L’unité d’isolement mis en place à Guéckédou, une autre ville au sud-est de la Guinée, est toujours fonctionnelle.

A Conakry, l’hôpital de Donka engrange ses premiers succès

Il n’existe pas de traitement spécifique contre l’Ebola et les taux de mortalité de la maladie sont élevés. Cependant, si les patients reçoivent un traitement pour les infections secondaires et sont bien réhydratés dans des structures de santé bien gérées, leurs chances de survie augmentent.
“Lorsque le premier patient est sorti du centre de prise en charge, j’étais vraiment heureuse. Toute l’équipe était vraiment émue”, raconte Marie-Claire Lamah, médecin guinéenne qui travaille pour MSF dans le centre de prise en charge Ebola à l’hôpital Donka, dans la capitale Conakry.
Le centre de traitement d’Ebola installé par MSF est passé de 10 à 30 lits. «Nous avons actuellement huit patients dans ce centre et nous avons augmenté sa capacité en cas de besoin», dit Henry Gray.

Sensibiliser la population, identifier les contacts et éviter la stigmatisation des patients ayant survécu

A Conakry et ailleurs, MSF et d’autres organisations œuvrant dans le domaine de la santé ont envoyé des équipes dans les communautés pour identifier les personnes ayant été en contact avec les patients atteint d’Ebola et tenter de retracer la propagation de la maladie.
MSF travaille également avec les communautés locales pour s’assurer que les patients guéris puissent rentrer chez eux en sécurité et que tout le monde comprenne qu’ils ne sont plus contagieux. «Nous savons combien la stigmatisation peut être forte et difficile à gérer pour les patients qui ont vaincu la maladie», explique Ella Watson-Stryker, de l’équipe de sensibilisation. «Nous expliquons à la famille et aux voisins que le patient ne représente plus aucun risque de contamination. On peut l’embrasser, le toucher, le serrer dans ses bras sans risque pour quiquonque».

MSF continue de renforcer ses équipes en Guinée et envoie des spécialistes au Liberia

MSF appuie les efforts du ministère de la Santé guinéen pour éradiquer cette épidémie. A ce jour, les autorités ont répertorié 151 cas suspects et 95 décès. MSF a envoyé une soixantaine de personnels expatriés en Guinée et plus de 40 tonnes de matériel pour lutter contre l’épidémie.
Suite à l’annonce de cas d’Ebola au Liberia, une spécialiste à été envoyée pour former le personnel de santé et améliorer l’unité d’isolement mise en place par le ministère de la Santé au Liberia. MSF a également envoyé un équipe et du matériel médical depuis Bruxelles vers la capitale, Monrovia.