Epidémie de mpox en RDC : déclarée urgence de santé publique internationale

Des promotrices de santé MSF sensibilisent la population au mpox dans le camps de déplacé·e·s de Kanyaruchinya, à Goma, au Nord-Kivu.

République démocratique du Congo (RDC)5 min

L'épidémie de mpox se propage à un rythme alarmant en République démocratique du Congo (RDC). Selon le ministère de la Santé, toutes les provinces du pays sont désormais touchées. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclaré mercredi 14 août que la recrudescence de cas non seulement en RDC mais aussi dans un nombre croissant de pays d’Afrique constituait une urgence de santé publique de portée internationale. Déployant des équipes d’urgence depuis la mi-juin, Médecins Sans Frontières appelle à une mobilisation de tous les acteurs afin d’apporter une réponse globale et de protéger au plus vite les populations les plus à risque.

La mpox est une maladie causée par le virus de la variole simienne (anciennement connu sous le nom de « variole du singe »). Les symptômes courants comprennent des éruptions cutanées, des lésions et des douleurs. La plupart des patients se rétablissent en l'espace d'un mois mais maladie peut être mortelle. Les traitements, qui aident à gérer les symptômes et à éviter les complications, ne sont disponibles que dans certains pays.

Un nouveau variant à plus forte transmission

Se propageant par des contacts avec des animaux infectés et, depuis sa mutation récente, par contacts étroits entre individus, la mpox est endémique en Afrique centrale et de l’Ouest depuis les années 1970, mais elle a connu une propagation rapide dans le monde en 2022-2023, avec des dizaines de milliers de cas liés au variant ouest-africain, recensés dans plus 110 pays. 

En RDC, le nombre de cas a triplé en 2023, avec plus de 14 600 cas suspects notifiés et 654 décès. En 2024, la situation s'est encore aggravée. Depuis janvier, le pays a enregistré 15 664 cas potentiels et 548 morts, selon le dernier rapport du ministère de la Santé congolais publié le 15 août.

Auparavant, dans cette région d’Afrique, les épidémies de variole étaient principalement liées à une transmission zoonotique (à partir d'animaux). Mais aujourd'hui, la maladie se transmet d'humain à humain (via des rapports sexuels ou des contacts familiaux soutenus par exemple) de manière soutenue depuis des mois, sans qu'aucun animal ne soit impliqué. Cette nouvelle transmission est due à un variant de la souche de mpox endémique en RDC.

La maladie a été enregistrée dans les camps de personnes déplacées autour de Goma, dans le Nord-Kivu, où l’extrême densité de la population et la promiscuité rendent la situation très critique. Les risques d’explosion du nombre de cas sont réels vu les importants mouvements de population dans et en dehors de la RDC.  Or, l’identification des cas, le suivi des malades et les soins disponibles restent extrêmement limités, et l’absence de vaccins dans la région rend cette situation encore plus difficile.

L'OMS déclare une urgence sanitaire mondiale

Le 14 août 2024, l’OMS déclare l’épidémie de mpox une « urgence de santé publique de portée internationale ». Une réponse complète et coordonnée est nécessaire, incluant la surveillance, le renforcement des capacités laboratoires, la sensibilisation et l’engagement des communautés locales ou encore l’accessibilité des diagnostiques, traitements et vaccins pour les personnes concernées.

Sur ce dernier point, la RDC a validé deux vaccins et essaie de s’approvisionner mais à ce stade, il n’y a pas encore de vaccins disponibles. Ainsi, les équipes de plaidoyer MSF poussent pour que les doses arrivent au plus vite et en masse pour pouvoir protéger les populations dans les régions les plus affectées et notamment celles les plus à risque telles que le personnel de santé congolais (en première ligne face à l’infection), les travailleur·euse·s du sexe et les personnes déplacées dans les camps. 

« La quantité extrêmement limitée de vaccin contre la mpox disponible en RDC a déjà réduit drastiquement la portée du plan national de vaccination contre la maladie, constate le Dr Justin B. Eyong, coordinateur épidémiologie MSF en RDC. Concrètement, cela signifie que sans une amélioration de l’accès aux vaccins, des milliers de personnes, y compris des enfants de moins de 15 ans qui sont particulièrement affectés par la mpox (ce groupe représente 56 % des cas et 79 % des décès liés à la mpox en 2024), pourraient se retrouver sans protection. Etant donnée l’évolution rapide de l’épidémie de mpox en RDC, il est urgent de tout mettre en œuvre pour fournir ces vaccins aux adultes et aux enfants qui en ont besoin immédiatement. »

En RDC, nous travaillons aux côtés des autorités dans quatre provinces particulièrement touchées afin de prendre en charge les malades, isoler les cas suspects, former le personnel médical ainsi que sensibiliser les communautés aux mesures d’hygiène et de prévention.

Actions concrètes en lien avec les vaccins auxquelles nous appelons :

  • L’OMS devrait accélérer la procédure d’inscription sur la liste des utilisations d’urgence des deux vaccins contre la mpox déjà approuvés par les autorités réglementaires nationales inscrites sur la liste de l'OMS. Cette procédure encouragera les fabricants à augmenter leur production de vaccins.
  • Les pays qui possèdent des stocks importants de vaccins MVA-BN (Le seul vaccin contre le virus mpox approuvé par l’Union européenne et les États-Unis) et qui ne connaissent pas de flambées épidémiques actives doivent faire don du plus grand nombre possible de doses aux pays touchés par l'épidémie en Afrique.
  • L'utilisation pédiatrique du vaccin MVA-BN ayant été recommandée aux États-Unis lors de l'épidémie de mpox de 2022 ainsi que par l'OMS, car les enfants présentent un risque accru de contracter la maladie.
  • Le prix actuel du vaccin MVA-BN trop élevé pour la plupart des pays à revenu faible ou intermédiaire.  Le laboratoire pharmaceutique danois Bavarian Nordic doit revoir sa politique de prix et signer un partenariat avec l'un des fabricants de vaccins émergents en Afrique pour un transfert de technologie complet et rapide afin qu'un vaccin puisse également être produit sur le continent africain à l'avenir.