Extension des activités médicales et ouverture de l’hôpital gonflable

Dialyse sur une jeune patiente, Haïti, 20 janvier 2010.

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Beaucoup d’équipes de MSF présentes dans le pays subissent une double pression : celle de répondre aux besoins continus en chirurgie et la nécessité grandissante d’offrir des soins postopératoires.

Dans la capitale, l’hôpital Choscal situé dans le bidonville de Cité Soleil fonctionne toujours sans interruption et admet en moyenne de 20 à 25 personnes par jour. Dans la municipalité de Léogâne, MSF a démarré récemment des activités chirurgicales dans l’hôpital local et a déjà opéré 30 patients. Toutefois 40 patients sont encore sur la liste d’attente. À Martissant, où la salle d’opération a été fonctionnelle peu de temps après que le séisme frappe Port-au-Prince, 20 personnes présentant des fractures ouvertes attendent leur tour pour être prises en charge.

Vu le nombre de personnes ayant subi une opération et les soins de suivi qu’elles requièrent, la fourniture de lits et de soins infirmiers devient problématique. MSF vient tout juste d’identifier un nouveau bâtiment (une ancienne crèche dans le centre de Port-au-Prince) pouvant être utilisé comme structure d’accueil pour ces patients, tandis qu’une autre structure dans le quartier Bicentenaire vient d’ouvrir pour assurer les soins postopératoires. Pour remplacer l’hôpital Carrefour qui avait été endommagé, MSF a aussi trouvé à quelques mètres de là une école dans laquelle elle a pu transférer des patients. Le jalon principal d’aujourd’hui a été l’ouverture de l’hôpital gonflable sur un terrain de la ville.

Les équipes ont déjà commencé à y mener des interventions chirurgicales et peuvent accueillir quelque 180 personnes dans les unités sous tente. Avec le traumatisme qu’a connu nombre de patients suite à l’effondrement des structures en dur pendant le séisme, la plupart craignent de se trouver à l’intérieur d’un hôpital normal. C’est pourquoi, avec ses murs souples et légers, le nouvel hôpital de campagne fait toute la différence.

«Les patients sont moins nerveux ici»

«Les patients sont moins nerveux ici», explique l’infirmière Veronica Chesa qui travaille dans cette structure baptisée l’hôpital Saint-Louis. «Ils ont moins de mal à s’endormir, et j’ai remarqué une baisse dans les demandes de sédatifs.»

Les répercussions psychologiques du séisme représentent un immense défi pour tous ceux qui l’ont vécu, et MSF met actuellement en place une équipe de spécialistes pour y faire face. On compte à présent 18 psychiatres et psychologues soutenant autant les patients que le personnel médical qui travaillent dans ce contexte de crise. «La première étape est de fournir des informations psychologiques de base et d’expliquer qu’ils ne sont pas fous en dépit du stress qu’ils ressentent», affirme le docteur German Casas, psychiatre pour MSF. Son message est simple : «C’est normal d’être nerveux, c’est normal d’avoir peur. La peur a une utilité : elle nous protège.»

À l’extérieur de la ville, dans la municipalité de Grand-Goâve, la distribution de produits ménagers essentiels comme du savon, des seaux et des couvertures a déjà démarré. Au cours des deux derniers jours, plus de 1 300 familles ont reçu ces articles de base, alors qu’à Jacmel, le même nombre devrait en bénéficier d’ici la fin de la journée. La prochaine cible est Léogâne où la distribution de 1 200 kits est prévue.

Quant à Port-au-Prince, le groupe de néphrologues continue de procéder à des dialyses des reins. À ce jour, ils en ont déjà réalisés plus de 50. Stefaan Maddens, un néphrologue MSF qui a traité les cas les plus précoces, met l’accent sur la nécessité de repérer les patients dans la ville.
«Le plus important est de faire circuler l’information, pas seulement au personnel MSF, mais aussi à tous les chirurgiens, tous les médecins qui travaillent à Port-au-Prince, et ceux qui soignent des blessés, sur le fait qu’il existe une possibilité de traiter les insuffisances rénales», explique Stefaan. «Nous disposons au total de sept appareils, ce qui veut dire que nous pouvons prendre en charge de nombreux patients par jour, ce qui peut sauver beaucoup de vies.»