Fin de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest: le monde doit tirer les leçons pour la prochaine épidémie
© Peter Casaer/MSF
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Alors que le Liberia célèbre aujourd’hui 42 jours sans nouvelle contamination au virus Ebola, ce qui marque la fin de l’épidémie en Afrique de l’Ouest, l’organisation humanitaire médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF) appelle la communauté médicale internationale à tirer les leçons de cette épidémie afin d’être mieux préparée à d’autres épidémies du même type.
« Aujourd’hui est un jour de célébration et de soulagement que l’épidémie soit enfin terminée, déclare Joanne Liu, Présidente internationale de MSF. Nous devons tous apprendre de cette expérience pour améliorer notre réponse aux épidémies futures et aux maladies négligées. La réponse à l’Ebola n’a pas seulement été limitée par le manque de moyens internationaux, elle l’a également été par le manque de volonté politique de déployer rapidement une aide pour les populations concernées. Les besoins des patients et des communautés affectées doivent rester au cœur de toute réponse et primer sur les intérêts politiques ».
« Nous devons féliciter toutes les personnes qui sans relâche ont contribué à mettre un terme à cette épidémie dévastatrice sans précédent, et nous devons également nous souvenir des nombreux professionnels de santé qui ont perdu la vie en combattant l'Ebola. » ajoute Brice de le Vingne, directeur des opérations. « Cette épidémie dévastatrice a frappé près de 40 ans après la première découverte d’Ebola en 1976, mais le manque de recherche et développement sur l’Ebola demeure, et même aujourd’hui, après les essais cliniques et à la fin de l’épidémie, il n’y a toujours pas de traitement efficace. Il faut également obtenir une licence pour un nouveau vaccin qui a été développé »
Dès le début de l’épidémie, MSF est intervenue dans les pays les plus affectés, la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone, en mettant en place des centres de traitement de l’Ebola et en offrant des services de soutien psychologique, des activités de promotion de la santé de surveillance, et de recherche de contacts. Au plus fort de l’épidémie, MSF employait près de 4000 membres du personnel national et 325 membres du personnel international pour combattre l’épidémie dans les trois pays. MSF a admis un total de 10 376 patients dans ses centres de traitement, parmi lesquels 5 226 ont été confirmés positifs à l’Ebola. Au total, l’organisation a dépensé plus de 96 millions d’euros dans la réponse à l’épidémie.
Soins aux survivants
Face à une épidémie tellement imprévisible, il est crucial de maintenir dans la région une capacité de vigilance et de réponse potentielle à de nouveaux cas, ainsi qu’un système de surveillance et de réponse rapide.
Les survivants à l’Ebola sont un groupe particulièrement vulnérable, qui fait face à des défis médicaux continuels tels que des douleurs articulaires, une fatigue chronique et des problèmes de vue et d’ouïe. Ils souffrent également de stigmatisation dans leurs communautés et demandent des soins spécifiques et personnalisés. MSF a investi dans l’ouverture de cliniques pour les survivants en Liberia, Sierra Leone et Guinée, pour mettre à leur disposition une offre de soins complète, à la fois médicale et psychologique, ainsi qu’une protection contre la stigmatisation.
« Tout au long de l’épidémie, j’ai vu comment les communautés ont été déchirées, raconte Hilde de Clerck, épidémiologiste de MSF qui a travaillé au Liberia, en Guinée et en Sierra Leone. Au début, la réponse de la communauté médicale internationale a été paralysée par la peur. C’était une expérience terrible d’être livrés à nous-mêmes et de constamment courir derrière l’épidémie. Mais c’était aussi impressionnant de voir la mobilisation de tout notre personnel médical, et heureusement d’autres acteurs internationaux se sont finalement impliqués. Dans le cas d’une prochaine épidémie , le monde doit se doter des capacités à intervenir plus vite et de manière plus efficace. »
© Peter Casaer/MSF