Gaza: le besoin de retrouver une humanité inconditionnelle

Par le Dr Christos Christou, président international de Médecins Sans Frontières.

Le massacre de civils est insupportable et doit être condamné de la manière la plus ferme. Un flot de violence horrible se déferle depuis 10 jours.

Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont perdu la vie en Israël.

Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont perdu la vie en Palestine.

La situation à Gaza est aujourd’hui catastrophique. Les cliniques et les hôpitaux encore opérationnels sont débordés et peinent à assurer la prise en charge des patient·e·s. Electricité et matériel médical commencent à manquer. Des chirurgien·ne·s opèrent sans antidouleurs dans l’hôpital d’Al-Shifa. Etant moi-même chirurgien, cela m’est inconcevable.

Des cliniques et des hôpitaux sont pris pour cible. D’autres reçoivent l’ordre d’évacuer – un ordre notifié quelques heures avant l’échéance –, ces décisions sont impossibles à prendre. Les patient·e·s, y compris celles et ceux en état critique, risquent leur vie, et ce, qu’ils ou elles soient évacué·e·s ou qu’ils ou elles restent, car dans les deux cas, ils ou elles vont peut-être finalement mourir sans traitement.

Le pilonnage sur Gaza est ininterrompu. Des gens forcés à se déplacer pour trouver refuge meurent sous les bombes. D’autres, pris au piège, sont incapables de s’échapper et n’ont aucun endroit sûr où aller. Eau, nourriture, abris sûrs, médicaments ; les besoins vitaux ne sont pas couverts.

C’est inconcevable. C’est inhumain.

Gaza a besoin de retrouver une humanité.

Les bombardements indiscriminés doivent cesser. Cette punition collective scandaleuse infligée actuellement à la population de Gaza doit prendre fin.

Les civils à Gaza ont besoin de lieux surs, et de pouvoir les atteindre en toute sécurité et sans entrave. Les personnes voulant traverser la frontière égyptienne devraient y être autorisées, ainsi que la possibilité de revenir plus tard, et elles devraient être prises en charge avec humanité. Ils et elles ont aussi besoin d’eau potable, de nourriture, d’électricité et d’un accès aux soins de santé.

Le point de passage de Rafah vers l’Egypte doit être ouvert pour permettre l’acheminement de fournitures essentielles, notamment médicales vers Gaza.

Pour nous et tout le personnel médical à Gaza, il est essentiel d’avoir des garanties de sécurité pour travailler.

Malgré l’immensité des besoins, les bombardements massifs et l’impossibilité d’acheminer du matériel nous ont contraint·e·s à suspendre la plupart de nos activités. Nos équipes à l’intérieur et à l’extérieur de Gaza font de leur mieux pour continuer de répondre.

En tant qu’organisation médicale et humanitaire, nous voulons faire tellement plus. En ce moment, c’est tout simplement impossible.