Haïti : MSF intensifie son intervention à Port-au-Prince

Les équipes MSF traitent des patients à l’hôpital Choscal, une structure du ministère de la Santé publique haïtien à Cité Soleil, Port-au-Prince, Haïti, 12.11.2010

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Face au nombre grandissant de patients souffrant de symptômes cliniques du choléra à Port-au-Prince, MSF continue à intensifier son intervention de lutte contre cette maladie.

Comme dans les autres centres médicaux MSF, l’hôpital Choscal, une structure hospitalière du ministère de la Santé publique haïtien à Cité Soleil a admis un nombre accru de patients, en raison de diarrhées aqueuses sévères et de vomissements, symptômes typiques du choléra. Au cours des cinq derniers jours, l’hôpital soutenu par MSF a reçu des centaines de cas. « Hier, nous avons enregistré 216 cas de choléra à l’hôpital. Il y a cinq jours, on n’en comptait encore que 30 », a déclaré le chef de mission de MSF en Haïti, Stefano Zannini. « Les patients proviennent de toute la ville, tant des bidonvilles que des quartiers nantis. »

L’apparition des premiers symptômes est très rapide. « Je me préparais à quitter la maison, lorsque j’ai commencé à vomir », explique Julien, un père de 43 ans qui s’est rendu à l’hôpital 12 heures seulement après avoir ressenti les premiers symptômes. « Je pensais que ça allait cesser, mais cela a empiré au contraire. Depuis, je n’arrête pas de me vider. » Jusqu’au moment d’arriver à l’hôpital, Julien était déjà trop faible pour se tenir debout et pouvait à peine parler.

« J’ai honte d’avoir attrapé une maladie qui peut être évitée en adoptant une bonne hygiène », dit-il la tête baissée. Sa femme, assise à son chevet, ne pouvait néanmoins cacher sa joie de le voir parler à nouveau. « J’avais perdu tout espoir, dit-elle. Cet hôpital a sauvé mon mari. »

Selon Juliette Olivier, médecin MSF, l’unité de traitement du choléra à Choscal a été mise en place pour stabiliser l’état de patients comme Julien. « Après leur admission dans notre centre, les patients sont soumis à un traitement rapide. On leur fait subir un examen, puis on leur administre des solutions de réhydratation. »

L’intervention d’un patient à l’autre est relativement simple, comme ce fut le cas de Julien. Toutefois, à l’échelle du pays, l’ampleur du fléau est désormais inquiétante. « Les conditions météorologiques ont été propices au développement d’une épidémie », explique Juliette Olivier. Nous ne nous attendions pourtant pas à devoir faire face au choléra. Bien que la situation sanitaire demeure la même, nous restons mobilisés pour aider la population. Voilà pourquoi le personnel continue de sensibiliser la population, y compris ceux qui ont reçu des soins et guériront.

MSF compte actuellement 165 employés internationaux et plus de 400 employés haïtiens dans ses interventions de lutte contre le choléra en Haïti. MSF soutient des centres de traitement du choléra dans différentes localités du nord, comme les Gonaïves et Gros Morne. En outre, l’organisation a mis en place un centre de traitement du choléra (CTC) de 20 lits à Léogâne où elle dirigeait déjà un hôpital. Quant à Port-au-Prince, les équipes MSF augmentent leur capacité de prise en charge des patients en visant un millier de lits pour toute la ville dans les prochains jours.

« Nous essayons de leur expliquer que même si le choléra est une maladie mortelle, elle est aussi facile à soigner », déclare Stephano Zannini. « Il est primordial que les patients se présentent au centre médical aussi vite que possible afin d’être pris en charge. »

Et d’ajouter : « Afin de fournir un traitement efficace, il est essentiel que les CTC permettent d’isoler les patients contaminés. Les points d’entrée et de sortie sont placés sous étroite surveillance, de sorte que toute personne entrant ou sortant du centre est vaporisée de chlore afin de favoriser la désinfection et empêcher la propagation. Selon le nombre de lits, chaque CTC occupe entre 50 et 10 000 m². Chaque patient reçoit un lit, et le temps moyen du traitement est de deux jours. »

Toutefois, le nombre de cas menace déjà d’inonder les structures MSF et celles des autres prestataires de soins. Dans un contexte où le séisme a détruit une grande partie des infrastructures de la ville et a forcé la population a trouvé refuge là où elle le pouvait, l’espace libre est devenu extrêmement rare. « Le manque d’espace est un problème préoccupant », dit Stephano Zannini. « Si le nombre de cas continue d’augmenter à la même rapidité, nous serons amenés à prendre des mesures draconiennes pour traiter les patients, comme mettre en place des centres de traitement du choléra dans les espaces publics ou même dans la rue. Nous nous attendons à ce que la situation se dégrade jusqu’à voir des patients couchés dans la rue dans l’attente d’être pris en charge. Pour l’instant, nous n’avons pas beaucoup d’alternatives. »