Kenya: les limites des camps de réfugiés de Dadaab

«Aujourd’hui, même si les gens reçoivent de la nourriture, Dadaab ne constitue plus un refuge», ajoute la Dr. Elena Velilla, la représentante de MSF au Kenya.

3 min

MSF appelle à trouver des solutions pérennes pour le demi-million de réfugiés somaliens vivant à Dadaab, au Kenya.

La prochaine urgence humanitaire qui va frapper les camps de réfugiés de Dadaab n’est qu’une question de temps, selon un rapport publié aujourd’hui par MSF avant la journée mondiale des réfugiés. «Dadaab: vivre dans l'ombre» décrit le sort d’un demi-million de réfugiés vivant dans des conditions de plus en plus précaires avec nulle part d’autre où aller. MSF affirme qu’il y a un urgent besoin d’explorer des alternatives.
Un an après la crise humanitaire de 2011, les taux de malnutrition et de mortalité sont revenus au niveau d’avant l’urgence, explique MSF. Mais la situation dans les camps reste inacceptable et, sans changement significatif, le cycle de crises sanitaires suivies de périodes de calme relatif continuera indéfiniment, avec un personnel médical constamment sur ses gardes en attendant la prochaine urgence.
«Aujourd’hui, même si les gens reçoivent de la nourriture, Dadaab ne constitue plus un refuge», ajoute la Dr. Elena Velilla, la représentante de MSF au Kenya. «Il est clair que le modèle actuel des camps ne fonctionne pas. Combien d’autres crises nutritionnelles ou d’épidémies de rougeole faudra-t-il avant qu’on commence à chercher une solution?»

Dégradation de la situation sécuritaire

Les réfugiés, pour la plupart des femmes, des enfants et des personnes âgées, continuent d’arriver depuis la Somalie. Mais Dadaab ne peut plus leur offrir de sécurité. A l’intérieur et autour des camps, la situation sécuritaire se dégrade, affectant les services et l’aide délivrés par MSF et d’autres organisations.
Après de nombreux incidents graves, y compris l’enlèvement de deux employées de MSF, les activités humanitaires à Dadaab ont été réduites, l’enregistrement et le triage médical stoppés. Durant ces huit derniers mois, les nouveaux arrivants ont dû trouver un abri chez les réfugiés installés depuis plus longtemps dans les camps qui sont déjà surpeuplés et on a assisté à des épidémies de rougeole et de choléra.
Parmi les alternatives possibles à Dadaab mises en avant par MSF, il y a persuader la communauté internationale de permettre à davantage de réfugiés de se réinstaller à l’étranger, relocaliser les réfugiés dans des endroits plus sûrs et dans des camps de taille plus gérable ainsi que créer des opportunités afin que les réfugiés puissent davantage subvenir à leurs besoins. 
«Un camp de réfugiés n’est pas une solution à long terme», affirme la Dr. Vellila. «Des milliers de personnes vulnérables ont déjà trop souffert de cette situation. Dans un refuge, la santé et la dignité devraient être garanties. Tant que des mesures ne seront pas prises, les réfugiés somaliens continueront à en payer le prix.»

Un hôpital de 300 lits

MSF gère un hôpital doté de 300 lits à Dagahaley, l’un des cinq camps qui composent Dadaab. Il y a actuellement plus de 850 enfants sévèrement malnutris admis dans le programme nutritionnel. Le personnel MSF dispense en moyenne 14 000 consultations et hospitalise 1000 réfugiés chaque mois. L’hôpital fournit également des soins maternels, de la chirurgie ainsi que des traitements contre le VIH/sida et la tuberculose. MSF gère également quatre postes de santé à Dagahaley, fournissant des soins prénataux, de santé mentale et des vaccinations.
En octobre 2011, deux collaboratrices de MSF, Montserrat Serra and Blanca Thiebaut, ont été enlevées dans le camp de réfugiés de Dadaab, alors qu’elles apportaient une aide d’urgence à la population somalienne. Elles sont toujours en captivité. Tout  en continuant à répondre aux crises aigües, MSF a suspendu l’ouverture de projets non-urgents en Somalie jusqu’à leur libération.