Médecins réfugiés : le Dr Media Rashid
© Karem Issa/MSF
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Pour commémorer la Journée mondiale des réfugiés, ce 20 juin, nous vous présentons l’histoire de trois médecins et réfugiés syriens qui ont rejoint les équipes de MSF en Irak.
Ces témoignages mettent en lumière ce qu’ils ont dû sacrifier hier et ce qu’ils apportent aujourd’hui.
«Le jour où la guerre s’arrête, je retourne en Syrie»
Diplômée après avoir passé son diplôme à l’université de Damas en 2009, Media était dans sa quatrième année de spécialisation en hématologie quand elle a dû tout arrêter et quitter la Syrie.
La famille de Media avait déjà fui Damas et elle était restée parce qu’elle voulait terminer sa formation. Sa famille l’a convaincue que sa vie et sa sécurité étaient menacées si elle restait et elle est partie pour Erbil en Irak en juin 2013.
Après avoir cherché du travail pendant six mois, Media a commencé chez MSF comme médecin généraliste, tout d’abord dans le camp de Kawargosk et ensuite dans celui de Darashakran où elle voit environ 50 patients par jour.
«En tant que médecin syrien travaillant dans un camp de réfugiés syriens, j’ai une relation avec les patients qui ne se limite pas à celle d’un médecin. Certains patients ont juste besoin de parler. J’écoute ce qu’ils disent sur leurs souffrances et je ressens leur douleur, en particulier pour ceux qui ont fui le conflit dans la région de Damas et d’Alep. Un des récits qui m’a le plus touché est celui d’une femme syrienne qui avait perdu son mari lors de violents bombardements à Alep. Elle n’avait pas pu lui faire ses adieux ni l’enterrer avant de prendre la fuite.
Avant que le conflit n’éclate en 2011, j’avais beaucoup entendu parler de MSF. Je me souviens que quand je faisais mes études, mes amis et moi rêvions de travailler pour cette organisation humanitaire internationale après l’université et de parcourir le monde. Mais jamais, à aucun moment, je n’ai imaginé que je travaillerais avec MSF pour soigner des réfugiés syriens!
Je me sens souvent coupable d’avoir quitté mon pays parce que nous médecins, nous sommes engagés à ne pas partir en temps de guerre, mais la situation sécuritaire ne nous a pas laissé le choix. Le jour où la guerre s’arrête, je retourne en Syrie.»
Plus de 225 000 réfugiés syriens se trouvent en Irak, la grande majorité d’entre eux dans la région autonome du Kurdistan. Dans la province d’Erbil qui accueille environ 90 000 de ces réfugiés, MSF a ouvert des projets dans le camp de Kawargosk en septembre 2013 et dans le camp de Darashakran en mars 2014 pour dispenser des soins de santé primaire et des soins de santé mentale. Plus de 50 000 consultations médicales ont été données jusqu’ici. MSF est également présente dans la province de Dohuk qui accueille plus de 100 000 réfugiés et y dispense des soins de santé primaire, de santé mentale et de santé reproductive dans le camp de Domiz où plus de 200 000 consultations ont été données jusqu’à présent. Cela étant, les besoins augmentent dans la région avec l’arrivée au Kurdistan de personnes déplacées venant d’autres régions d’Irak à la suite des violents combats survenus récemment. MSF a des équipes mobiles qui dispensent des soins médicaux aux personnes déplacées et continue de faire des missions exploratoires pour évaluer quelle autre aide apporter à ces populations déplacées.
© Karem Issa/MSF