Un nombre sans précédent de victimes dans la Ghouta orientale
© MSF
Syrie5 min
Les structures médicales soutenues par MSF dans l’enclave de la Ghouta orientale tenue par l’opposition, font état de très nombreuses victimes, dont plusieurs centaines de morts et de blessés. Cela fait suite à une intensification extraordinaire des bombardements dans cette zone située dans la périphérie de Damas, en Syrie.
Au cours des trois derniers jours, treize hôpitaux et cliniques recevant le soutien régulier ou ad-hoc de Médecins Sans Frontières (MSF) ont été touchées et endommagées, ou détruites. Cela réduit considérablement la capacité des acteurs de santé de répondre aux besoins médicaux critiques auxquels ils font face. Le siège autour de la Ghouta orientale empêche le personnel de santé d’obtenir les fournitures médicales essentielles qui pourraient sauver des vies.
Le nombre de victimes était déjà très élevé cette année dans la Ghouta orientale, avec, à la date du 18 Février, plus de 1600 blessés et plus de 180 morts enregistrés par les hôpitaux et les cliniques recevant le soutien régulier ou ad-hoc de MSF. Les bombardements se sont ensuite intensifiés, les premiers rapports faisant état de 1 285 blessés et 237 morts en deux jours et demi, dans dix structures recevant un soutien total de MSF et huit structures bénéficiant de ses donations médicales d’urgence. Le nombre de victimes a été comptabilisé entre le 18 février et la matinée du 21 février. Ceci n’est qu’un aperçu des conséquences des bombardements, puisque les structures n’étant pas soutenues par MSF soignent également des blessés et le nombre de victimes augmente d’heure en heure.
Le besoin de soins de santé vitaux dans la Ghouta orientale est sans précédent, au plus fort de ce que l’on a connu depuis le début de la guerre
« Nous sommes en mesure de maintenir quelques circuits d’approvisionnement de matériel de soins basiques aux structures que nous soutenons et nous faisons également des dons ad-hoc à d’autres structures que nous ne soutenons pas régulièrement mais qui ont des besoins énormes. Toutefois, il y a des choses auxquelles nous n’avons tout simplement pas accès, qui pourraient faire une différence et aider les docteurs syriens sur le terrain à sauver des vies. Nous appelons tous ceux qui ont accès à des fournitures médicales, au sein de la Ghouta orientale et dans ses environs, à rendre leurs stocks accessibles aux médecins de la Ghouta orientale - des vies en dépendent. » explique Lorena Bilbao.
Le siège de la Ghouta orientale a véritablement interrompu la capacité des médecins à recevoir des quantités suffisantes de produits vitaux. Même lorsque les très rares convois des Nations Unies / du Comité International de la Croix-Rouge étaient autorisés à l’intérieur de l’enclave, des produits tels que des anesthésiques étaient constamment interdits ou retirés. Il est rapporté qu’il existe des stocks médicaux au sein de la Ghouta orientale auxquels les médecins n’ont actuellement pas accès.
Bien que MSF ait encore la capacité de soutenir les structures de santé avec des médicaments et des fournitures médicales, la situation de siège total autour de la Ghouta orientale signifie que cette situation est précaire et que les stocks disponibles ainsi que la capacité de MSF à approvisionner ces structures ne sont pas illimités. Pour exemple, MSF dispose actuellement d’une quantité de sachets de liquides intraveineux pour couvrir environ 200 cas de trauma grave et 2000 cas modérés. MSF dispose également de kits de sutures, pour le traitement de blessures ou des opérations chirurgicales de 2000 à 3000 patients. Toutefois, l’organisation et les structures qu’elle soutient sont à cours de poches de sang, de médicaments d’anesthésie générale et d’antibiotiques intraveineux, qui sont essentiels pour une opération chirurgicale majeure. L’indisponibilité de ces fournitures médicales essentielles est extrêmement alarmante, particulièrement si l’intensité du conflit garde un rythme aussi soutenu.
MSF appelle le gouvernement syrien, toutes les autres parties au conflit et tout commerçant dans la Ghouta orientale qui stockerait des produits médicaux, à les rendre disponibles immédiatement pour les structures de santé qui en ont besoin pour sauver des vies.
Conformément au Droit International Humanitaire, MSF réitère une fois de plus son appel à ne pas viser le personnel médical, les patients ou les structures de santé dans le cadre de ce conflit. Nous insistons également sur le fait que les évacuations médicales des patients critiques hors de la Ghouta Orientale doivent être autorisées.
MSF gère directement cinq structures de santé ainsi que trois équipes menant des cliniques mobiles dans le nord de la Syrie, et est partenaire de cinq structures. MSF apporte également un soutien à distance à environ 50 structures de santé à travers le pays, dans les zones où elle ne peut pas être directement présente. Cela inclue 11 structures dans la Ghouta orientale ainsi que des donations médicales ponctuelles pour les structures ayant des besoins critiques. Aucun membre du personnel de MSF n’est présent dans ces structures soutenues. MSF en Syrie n’a pas d’activités dans les zones contrôlées par le groupe État islamique car aucune garantie en termes de sécurité et d’impartialité n’a pu être obtenue de la part de leurs dirigeants. De plus, MSF ne peut pas non plus travailler dans les zones contrôlées par le gouvernement car les demandes de l’organisation pour pouvoir y accéder n’ont pas donné de résultats. Afin d’assurer son indépendance face à toute pression politique, MSF ne reçoit aucun financement gouvernemental pour son travail en Syrie.
© MSF