Poursuite des chirurgies d’urgence, mais l’approvisionnement en matériel médical est toujours difficile
© Julie Rémy
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Les équipes de MSF à Port-au-Prince vivent encore dans un climat de tension important, cherchant d'un coté plus de structures d’accueil pour réaliser des opérations urgentes et d'un autre coté de faire venir encore plus de matériel médical et chirurgical.
Selon les estimations, jusqu'alors, 3 000 personnes ont reçu des soins par nos équipes et près de 400 patients ont été opérés dans la capitale haïtienne. Les blessures sérieuses les plus fréquentes sont les fractures ouvertes, les blessures à la tête ainsi que les plaies infectées qui nécessitent une amputation. En outre, MSF s’est rendue dans la périphérie de la ville pour évaluer la situation et commence à étendre ses services médicaux aux habitants de ces zones.
Marie-Christine Ferir, l’une des coordonnatrices d’urgence de MSF, explique que la situation générale demeure très difficile et que les blessés dans la ville attendent depuis trop longtemps les secours. « Les hôpitaux qui sont encore debout sont bondés. Malgré l'augmentation sensible des services chirurgicaux à Port-au-Prince, grâce à la montée en capacité de MSF et à l’arrivée d’autres organisations, la prise en charge des innombrables patients nécessitant obligatoirement une opération reste bien insuffisante. Nous devons nous concentrer sur ceux ayant de très graves blessures, et là où des interventions chirurgicales peuvent sauver des vies. »
Les éléments de l’hôpital gonflable équipé de deux salles d’opérations arrivent aujourd’hui (18.10.2010) à Port-au-Prince. Certaines pièces sont arrivées hier à l’aéroport, et le reste a été acheminé par la route de la République dominicaine. Un terrain a été identifié pour y installer l’hôpital. Son montage commence aujourd’hui même (18.10.2010).
D’autres équipes MSF se sont rendues dans des zones à l’extérieur de la ville et signalent d’importants dégâts et un nombre considérable de blessés. À Jacmel, sur la côte sud, tout près de l’épicentre du tremblement de terre, environ 60 pour cent des bâtiments ont été détruits. Une partie de l’hôpital s’est écroulée, mais la salle d’opération restr encore utilisable. MSF y démarrera ses activités dès que possible, bien que le seul moyen de s’y rendre soit par hélicoptère car les routes sont bloquées. À Saint Marc, à environ 40 kilomètres au nord le long de la côte, les dommages ne sont pas aussi importants, mais de nombreux habitant de Port-au-Prince s’y sont rassemblés et MSF entend y installer un autre centre de santé. Les équipes MSF ont aussi ouvert un nouveau centre de traitement à Léogâne, à l’ouest de la capitale qui a aussi été sévèrement touchée par le désastre.
Une autre source d’inquiétude est la situation générale en matière de fournitures médicales. Au cours des six derniers jours, de grandes quantités ont déjà été utilisées, et il est actuellement très difficile de les remplacer. Les arrivées des vols à Port-au-Prince sont encore restreintes. Un avion cargo qui devait arriver hier avec, à son bord, du stock supplémentaire, a été dérouté vers la République dominicaine, mais le temps et le trafic important rendent le trajet par la route pénible.
Toutefois, la situation en terme de personnel s’améliore. Plus de 130 nouveaux travailleurs internationaux sont parvenus à arriver sur les lieux depuis le tremblement de terre. Ils viennent grossir les rangs des équipes déjà sur place depuis les premiers jours. Parmi ces membres, on compte des Haïtiens venus travailler même si la plupart d'entre eux ont vu leur vie affectée par les événements. Certains ont même perdu des proches. MSF essaie encore de contacter tous les anciens employés de l'organisation mais il reste encore des interrogations sur plusieurs d'entre eux. Nous savons que plusieurs n’ont certainement pas survécu à la catastrophe qui s’est produite la semaine dernière.
© Julie Rémy