Soins intensifs dans les montagnes libyennes
© Florent Marcie
3 min
Une équipe MSF aide l’hôpital de Zintan, ville de l’ouest libyen en proie à de violents combats, à faire face à l’afflux de blessés. Entretien avec le Dr Morten Rostrup.
Depuis le 30 avril, une équipe de MSF travaille à l’hôpital de Zintan, une ville située dans l’ouest de la Libye, au sud-ouest de la capitale de Tripoli, dans la zone montagneuse de Nafusah. Depuis plusieurs semaines, Zintan et ses environs sont le théâtre de combats entre les forces pro-Kadhafi et l’insurrection. Les affrontements pour cette région stratégique ont culminé début avril et ont débordé sur Dehiba en Tunisie. Depuis le début du mois de mai, plus de 40 000 Libyens auraient fui cette région vers la Tunisie.
L’équipe MSF a donné du matériel médical et des médicaments à l’hôpital de Zintan. Elle a formé le personnel soignant et appuie actuellement l’unité de soins intensifs. Le Dr. Morten Rostrup, médecin spécialisé en soins intensifs, explique la situation sur place et l’action de MSF.
Quelles sont les activités de MSF à Zintan?
Morten Rostrup: Notre équipe médicale est composée d’une infirmière coordinatrice d’urgence et de moi-même, médecin spécialisé en soins intensifs. Nous fournissons un appui à l’hôpital. Le soutien de MSF se traduit aussi par des dons d’équipement médical et de médicaments. Nous formons le personnel médical de l’hôpital et organisons la gestion de l’afflux massif de blessés. Depuis le début du mois de mai, environ 100 blessés de guerre des deux camps ont été admis dans l’établissement, suite à des affrontements entre les troupes pro-Kadhafi et l’insurrection.
Un chirurgien expérimenté spécialisé dans la chirurgie de guerre et la traumatologie et une infirmière de bloc opératoire et d’unité de soins intensifs vont renforcer l’équipe dans les prochains jours. En plus de la supervision du personnel médical, le chirurgien sera en charge des interventions d’urgence. Il prendra part aux travaux cliniques, au triage et au transfert des patients vers des structures hospitalières spécialisées, tandis que l’infirmière sera en charge de l’assister dans le bloc opératoire et l’unité de soins intensifs.
Quels sont les types de blessures auxquelles vous êtes confrontés?
La plupart des patients ont été blessés par balle et certains souffrent de blessures liées à une explosion, avec des éclats d’obus. Il y a de nombreux cas de traumatismes abdominaux. Certains d’entre eux sont graves et présentent une hémorragie interne ou une perforation de l’intestin. Nous avons également eu des patients blessés par balle à la poitrine, des blessures à la tête et de nombreuses fractures causées par des balles.
Les structures médicales sont-elles capables de répondre aux besoins?
Le personnel médical a été en mesure de faire face à la situation, mais il a besoin de l’appui de spécialistes. Ces deux dernières semaines, nous avons travaillé avec le personnel de l’hôpital afin d’améliorer la gestion de l’afflux massif de blessés. Nous sommes en train de réorganiser l’unité de soins intensifs afin de mieux faire face à cette situation. L’arrivée du chirurgien de guerre renforcera le système que nous avons mis en place.
Quelle est la situation actuelle dans la ville et ses environs?
Même si la situation est actuellement calme, les bombardements sur Zintan continuent. Depuis le début du mois de mai, de nombreuses familles ont fui vers la Tunisie, quoique certaines ont récemment commencé à rentrer chez elles. Des habitants continuent à chercher refuge dans des grottes dans la ville en raison des bombardements. On constate un manque général de diversité alimentaire, la plupart des magasins sont fermés mais il y a de l’eau et de l’électricité. Nous n’avons pas encore pu évaluer la situation en dehors de la ville mais nous sommes préoccupés par le manque d’accès aux soins de santé dans les villes voisines.
© Florent Marcie