Sud-Soudan: MSF vient en aide aux habitants récemment déplacés par les combats

Amel est restée pendant l’attaque d’Abyei, car elle devait enterrer ses trois enfants, tous morts pendant les bombardements massifs.

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Suite à la proclamation de son indépendance, le Sud-Soudan compte des centaines de milliers de nouveaux déplacés.

Alors que le Sud-Soudan a célébré samedi 9 juillet 2011 son indépendance officielle, environ 260 000 nouveaux déplacés font encore face à des besoins d’urgence. Parmi eux, 100 000 ont récemment fui les bombardements de la mi-mai et les affrontements entre les forces soudanaises du Nord et du Sud dans la région frontalière de transition d’Abyei.
La majorité des personnes qui ont fui les combats d’Abyei pensaient ne rester que quelques jours loin  de chez elles, car elles espéraient pouvoir regagner leur maison dès la fin des hostilités. Cependant, par crainte de nouvelles vagues de violence, d’autres ont voyagé pendant des dizaines de jours avant de trouver un endroit plus sûr. Début juin, un groupe de 5 000 personnes a cherché refuge dans les villages de Juong Pakok et Mayem Pajok, dans la région d’Akon, au Nord de l’État de Warab, au Sud-Soudan. Début juillet, on a recensé jusqu à 6 300 déplacés rien que dans cette zone.
«Les déplacés sont arrivés dans un état lamentable, complètement exténués et traumatisés. Beaucoup ont vu des membres de leur famille se faire tuer lors des bombardements intensifs. Ils étaient obligés de rester au milieu des affrontements pour enterrer leurs enfants ou leurs parents décédés, avant de fuir pour se mettre en sécurité. D’autres ont perdu des membres de leur famille durant des embuscades militaires et ils ne savent toujours pas si ceux-ci sont vivants ou morts», déclare Carole Coeur, coordinatrice des urgences pour MSF au Sud-Soudan.

Un nouveau pays sous pression

Le Sud-Soudan est régulièrement frappée par des crises nutritionnelles alors que moins de 25 % de la population a accès aux soins de santé de base. La période de soudure annuelle a débuté et les centaines de milliers de déplacés fuyant les violences ainsi que les 300 000 rapatriés ajoutent à la pression qui pèse déjà sur les ressources (eau, nourriture et abris) très limitées.

«Les habitants de ces villages ont accueilli les déplacés et les ont aidés du mieux qu’ils pouvaient. Néanmoins, il n’y a pas assez de nourriture, de logements et d'eau pour faire vivre la communauté et les centaines de déplacés», poursuit Carole Coeur. «En journée, il fait 40 degrés et l’accès à l’eau potable est insuffisant. La saison des pluies va commencer et le paludisme est endémique dans la région. Ces déplacés ont peut être échappé aux bombes, mais ils sont toujours dans un état critique.»
Mi-juin, une équipe d’urgence de MSF a mis sur pied un nouveau projet pour soutenir les 6 300 déplacés qui ont trouvé refuge autour des villages de Juong Pajok et de Mayen Pajok. MSF a vacciné 3 043 enfants contre la rougeole et a distribué à 224 familles des kits contenant des produits de première nécessité, notamment des moustiquaires, des bâches en plastique, des cordes, des ustensiles de cuisine, du savon et des seaux. En outre, MSF a distribué 90 100 biscuits BP5 à haute teneur énergétique et prévoit de fournir 2 000 tentes aux déplacés pour les protéger du soleil et de la pluie.
Le manque d'accès aux soins de santé étant une des principales préoccupations, MSF a déjà mis sur pied une clinique mobile qui se déplace deux fois par semaine à Juong Pajok pour fournir des soins de santé primaire. Une clinique mobile va également se rendre à Mayen Pajok. MSF a aussi développé un programme nutritionnel thérapeutique ambulatoire pour les enfants qui souffrent de malnutrition sévère.

Des combats aussi au Sud-Kordofan

Les combats ont désormais cessé à Abyei, mais les violences continuent de déplacer les habitants de la région voisine du Kordofan du Sud, où 70 000 personnes auraient fui les combats. Alors que le Sud-Soudan démarre sa nouvelle vie d’État indépendant, les urgences dues aux violences et à l’insécurité continuent de menacer la vie et les moyens de subsistance de sa population. Outre les tensions entre le Nord et le Sud-Soudan, le risque de déplacement des Sud-Soudanais est aussi exacerbé par la menace de nouveaux affrontements entre les nouvelles milices et l’armée du Sud, la présence de groupes rebelles, l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), les violences intercommunautaires et les raids contre le bétail.