La vague de chaleur ajoute à la détresse des réfugiés syriens de la vallée de la Bekaa
© Dalila Mahdawi/MSF
3 min
Entrés dans la tente d’une famille de réfugiés syriens depuis moins de cinq minutes, les membres de l’équipe de promotion de la santé de MSF sentent déjà les gouttes de sueur perler sur leur visage.
Ces dernières semaines, des températures sans précédent se sont abattues sur une grande partie du Moyen-Orient. Dans la vallée de la Bekaa au Liban, qui abrite plus de 410 000 réfugiés syriens, le thermomètre a grimpé jusqu’à 40 degrés. Or la chaleur n’est pas seulement pénible; elle provoque aussi des maladies.
Dans cette région, de nombreux Syriens vivent dans des constructions inachevées ou dans des campements improvisés, dont plus de 900 sont érigés au hasard des champs ou le long des routes. La fragile bâche en plastique qui compose les murs et le toit de ces campements informels protège mal du soleil de plomb. La poussière est omniprésente à l’intérieur et à l’extérieur des abris, l’air est lourd d’humidité et les mouches volent par milliers. L’accès à l'eau potable est limité et les eaux usées s’écoulent souvent autour des tentes, où les enfants ont l’habitude de jouer.
Dans les quatre cliniques MSF situées dans la vallée de la Bekaa, plus de la moitié des patients qui viennent se faire soigner souffrent de troubles liés aux fortes chaleurs. «En été, nous voyons toujours beaucoup d’infections respiratoires, des troubles gastro-intestinaux tels que les diarrhées et des maladies de peau» indique le Dr Bilal Qassem, médecin à la clinique MSF de Baalbek. «Ces maladies sont toutes directement liées aux conditions déplorables dans lesquelle nos patients vivent. Par rapport à l’an dernier, nous observons une augmentation de 20% des maladies typiques en été, et cela pourrait être dû à la récente vague de chaleur.»
En juin et en juillet, les infections des voies respiratoires représentaient plus de 42% des maladies soignées par MSF dans la vallée de la Bekaa. En juillet, les diarrhées sévères et les troubles gastro-intestinaux comptaient pour 23% des maladies traitées.
L’accès à l'eau potable étant limité et les tentes surpeuplées, les maladies de peau comme la gale sont également fréquentes. Alors que l'équipe de promotion de la santé se prépare à quitter le campement, un homme se précipite vers elle pour montrer les zébrures rouges qui couvrent son ventre et ses bras, signes révélateurs de la gale. «A cause de la promiscuité, lorsqu’une personne est malade, tout le monde tombe malade» indique le Dr Wael Harb, responsable des activités médicales de MSF.»
«Nous traitons la gale et nos équipes expliquent comment diminuer la propagation de l’infection, mais nous ne pouvons pas modifier les causes sous-jacentes de ces problèmes que sont l’hygiène déplorable et la précarité des conditions de vie» ajoute-t-il.
Les saisons changent, tout comme les défis à affronter par les réfugiés. «L'été est difficile, certes, mais l'hiver est bien pire», souligne Leila*, une mère syrienne de cinq enfants vivant dans un campement informel près de Majdal Anjar. «En hiver, vous ne pouvez pas garder vos enfants au chaud, la bâche en plastique se déchire sans cesse et vous devez passer vos journées à enlever la neige du toit.»
MSF a commencé à travailler au Liban en 1976, en fournissant une aide médicale pendant la guerre civile. MSF offre aujourd’hui des soins de santé primaires, dont le traitement des maladies aiguës et chroniques, à Tripoli, dans la vallée de la Bekaa, à Beyrouth et à Sidon. MSF gère également des services de santé maternelle et infantile dans le camp de réfugiés palestiniens d’Arsal et Chatila. À l'exception du traitement des maladies chroniques qui est réservé aux réfugiés syriens, les autres services de MSF sont également ouverts aux communautés libanaises vulnérables, aux Libanais rapatriés de Syrie ainsi qu’aux réfugiés palestiniens de Syrie. MSF soigne tous les réfugiés syriens, indépendamment de leur enregistrement au HCR.
* prénom modifié
© Dalila Mahdawi/MSF