Violence extrême à l’encontre des migrants à la frontière sud du Mexique
© Juan Carlos Tomasi
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Les équipes qui travaillent pour l’organisation internationale médicale humanitaire MSF font état d’une augmentation des enlèvements et d’une escalade de la violence à laquelle sont confrontés les migrants et les réfugiés à la frontière sud du Mexique.
Dans des témoignages collectés ces dernières semaines par le personnel Médecins Sans Frontières (MSF) qui prodigue des soins médicaux et psychologiques aux migrants voyageant à travers le sud-est du Mexique, les patients ont parlé d’enlèvements, de torture, d’extrême violence, de traitement cruel et d’abus sexuels à des fins d’extorsion, auxquelles ces personnes sont exposées dès qu’elles franchissent la frontière du Guatemala en direction de Tenosique.
Nous constatons une augmentation exponentielle du nombre d’enlèvements dans cette région ainsi qu’une augmentation des méthodes de cruauté et de torture utilisées par les groupes criminels opérant dans cette région.
En moins d’un mois, l’équipe MSF de Tenosique a pris en charge 11 migrants qui ont été victimes d’enlèvement et de torture. Ce chiffre est le même que le nombre total de cas d’enlèvements traités pendant les huit premiers mois de cette année, au même endroit.
Au cours de consultations médicales et psychologiques, les survivants ont raconté avoir été emmenés dans des maisons abandonnées où ils ont été contraints de se déshabiller, ont été attachés pendant des heures et laissés à l’extérieur, lors températures élevées et par mauvais temps, en échange des numéros de téléphone de leurs proches.
Les équipes de MSF ont soigné des patients atteints de blessures par balle et par arme blanche. Ils ont soigné des victimes d'agression sexuelle, notamment des personnes qui ont subi des actes de torture, tels que des décharges électriques aux organes génitaux et à l'anus. Plusieurs de ces patients ont déclaré avoir été forcés d'assister au viol de leurs compagnons.
MSF fournit une assistance médicale à Tenosique, dans le sud-est du Mexique, depuis quatre ans. Bien que la violence ait toujours été une réalité de la migration vers le nord, du Guatemala en passant par le Mexique, l'extorsion de fonds et ce niveau de violence extrême ont été plus répandus dans les villes dangereuses situées plus près de la frontière américaine, jusqu'ici peu répandues dans le sud du pays, a déclaré Pomares.
Ces derniers jours, MSF a averti que les politiques du gouvernement mexicain en matière de criminalisation, de persécution, de détention et d’expulsion visant à contenir les flux migratoires vers les États-Unis, avaient forcé la population migrante à emprunter des itinéraires de plus en plus dangereux. Ces mesures exposent davantage les femmes, enfants et hommes à des gangs criminels opérant en toute impunité dans la région, en particulier sur la route reliant le Guatemala à Tenosique. Ils opèrent également dans des villes mexicaines situées à la frontière avec les États-Unis, où plus de la moitié de la population desservie par MSF au cours du dernier mois ont déclaré avoir été enlevée.
C’était juste une question de temps avant que les violences contre la population de migrants et de réfugiés que nos équipes ont vues à la frontière nord, se soient déplacées vers le sud du pays.
«Ce que nous constatons, ce sont les conséquences humanitaires du durcissement des politiques migratoires, conçues pour infliger davantage de souffrances aux milliers de personnes qui fuient désespérément pour survivre. Le manque de protection et la cruauté avec laquelle ils sont traités sont inacceptables.»
© Juan Carlos Tomasi