Ebola en Afrique de l’Ouest: mobilisation exceptionnelle requise
© Sylvain Cherkaoui/Cosmos
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L’épidémie d’Ebola poursuit sa progression en Guinée, en Sierra Leone et au Libéria. Au risque de voir l’épidémie perdurer, une mobilisation exceptionnelle des gouvernements de la région ouest-africaine et de l’ensemble des organismes d’aide est nécessaire.
La recrudescence de cas d’Ebola en Afrique de l'Ouest est due à la mobilité de la population qui assiste à des funérailles où les mesures de contrôle de l'infection ne sont pas appliquées. Près de 470 patients dont 215 cas confirmés ont été pris en charge dans les centres de traitement de Médecins Sans Frontières (MSF) depuis le mois de mars en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone. Soixante foyers actifs ont également été identifiés dans ces trois pays.
Soixante foyers actifs : les limites de la réponse atteintes
« L’épidémie est hors de contrôle », s’inquiète le Dr Bart Janssens, directeur des opérations de MSF, « avec l’apparition de nouveaux foyers en Guinée, en Sierra Leone et au Libéria, le risque d’une propagation à d’autres zones est aujourd’hui réel. »
La multiplication des endroits touchées rend difficile la prise en charge des patients et le contrôle de l’épidémie. MSF, seule organisation active dans la prise en charge des patients atteints du virus, peine aujourd’hui à mettre en place une réponse pour les nouveaux foyers, alors qu’ils nécessitent une prise en charge urgente.
« Nous avons atteint nos limites », ajoute Dr Bart Janssens. « Malgré les moyens humains et matériels déployés par MSF dans les trois pays touchés, nous n’avons plus la capacité d’envoyer des équipes sur les nouveaux foyers actifs. »
Déjà 528 cas, 337 décès selon l’OMS
L’épidémie d’Ebola qui frappe actuellement l’Afrique de l’Ouest est d’une ampleur sans précédent par la répartition géographique, le nombre de cas et le nombre de victimes. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), il y a eu 528 cas d'Ebola dont 337 décès depuis le début de l'épidémie en Guinée, en Sierra Leone et au Libéria.
Malgré la présence d’organisations sur le terrain, les actions de sensibilisation entreprises à ce jour n’ont pas permis de réduire la crainte de la population face à l’Ebola. Les communautés continuent d’être effrayées par une maladie qui reste totalement inconnue dans la région, et elles sont méfiantes à l’égard des structures de santé.
Une réelle reconnaissance de l’ampleur de cette épidémie par la société civile, les autorités politiques et religieuses fait encore défaut. Très peu de personnalités influentes se sont fait le relais de messages encourageant la lutte contre la maladie.
Engagement des autres acteurs nécéssaire et attendu
Au vu de l’évolution de l’épidémie, Ebola n’est plus un problème de santé publique exclusivement guinéen, il touche l’ensemble de la région ouest-africaine.
«L’OMS, les autorités des pays touchés et des pays limitrophes doivent déployer des efforts à la hauteur de l’ampleur de cette épidémie. Il faut notamment mettre à disposition du personnel médical qualifié, organiser des formations à la prise en charge de l’Ebola et intensifier le suivi des contacts et la sensibilisation auprès des populations », conclut-t-il.
En bref :
En Guinée, MSF appuie les autorités sanitaires pour la prise en charge médicale des patients à Conakry, Télimélé et Guéckédou. Les équipes de MSF répondent aux alertes dans les villages, sensibilisent les communautés et offrent un soutien psychologique aux patients et à leurs familles. MSF apporte également un soutien au suivi épidémiologique.
En Sierra Leone, en collaboration avec le Ministère de la santé, l'équipe mettra en place une unité de prise en charge à Kailahun cette semaine. De petites unités de soins de transit ont déjà été installées à Koindu et Daru et une troisième le sera prochainement à Buedu. L’organisation a également fourni au ministère de la Santé du matériel pour installer des unités de transit dans divers endroits du pays.
Au Libéria, au cours des dernières semaines, une équipe de MSF a mis en place une unité de prise en charge à Foya (dans le nord du pays) et une autre dans l'hôpital JFK à Monrovia. MSF a également organisé des formations et a effectué des donations de matériels. Le 18 juin, une équipe a rejoint Foya afin de mener une mission d’évaluation des besoins.
MSF emploie actuellement près de 300 travailleurs expatriés et nationaux dans la région. Plus de 40 tonnes de matériel ont été envoyées pour lutter contre l’épidémie.
© Sylvain Cherkaoui/Cosmos