"Etat: critique": Les mots de la guerre dans l’est du Congo

Enregistrement d'une famille de réfugiés dans le camp de Lushebere au Nord Kivu, République démocratique du Congo, 2008.

3 min

«Moi je suis né dans la guerre. Jusqu’à aujourd’hui! Le futur, c’est mourir. Aujourd’hui, j’ai 18 ans. Vous voyez que c’est grave.» - Louis, un patient atteint de malaria.

La récente escalade de la violence a remis la crise qui se déroule actuellement à l’est du Congo au cœur de l’attention internationale. Les populations des provinces du Sud et Nord-Kivu sont pourtant, encore trop souvent, abandonnées à leur sort et manquent toujours de protection et d’assistance. La guerre régit la vie d'une région entière. Le quotidien s’apparente à une lutte pour survivre dans un environnement où règne la violence.
Médecins Sans Frontières (MSF), une des rares organisations humanitaires qui continuent à travailler dans les zones les plus violentes de la région, donne l’alerte par le biais d’une campagne Web internationale intitulée Etat: critique. Cette campagne met l'accent sur la situation des populations congolaises qui vivent dans les provinces du Sud et Nord-Kivu et leur donne la parole. Parce que ces personnes sont les mieux placées pour parler de leurs conditions de vie et de leurs besoins. Pour mettre un visage sur leur souffrance.
Les reportages photographiques réalisés dans la région par Cédric Gerbehaye, lauréat du World Press Photo, sont la base d’un documentaire multimédia présenté sur le site internet de la campagne Etat: critique à l’adresse www.etat-critique.ch.
MSF est présente dans les provinces du Sud et Nord-Kivu depuis 1981. Nos équipes y assurent la chirurgie d'urgence, traitent les blessures par balles et les brûlures; organisent des cliniques mobiles pour atteindre ceux qui ont fui dans des zones éloignées; dispensent des soins médicaux dans les hôpitaux et les centres de santé; luttent contre les épidémies, notamment de choléra; apportent des soins de santé aux victimes de violences sexuelles et un soutien psychologique aux personnes traumatisées.
Ce site sera alimenté pendant un an de données médicales, de témoignages, de photos, de séquences vidéo afin que cette crise - et le sort des populations - ne retombent pas dans l’oubli. La situation à l’est du Congo n’est pas seulement difficile, elle est réellement critique. Les maisons et les plantations sont devenues des champs de bataille. Les enfants nés pendant la crise ne connaissent que la guerre. Les abris, la nourriture et l’eau manquent cruellement.
MSF a intensifié son intervention d’urgence dans la région afin de répondre à la situation qui ne cesse de se dégrader. L’organisation est actuellement présente à Goma et dans d'autres parties des provinces du Sud et Nord-Kivu, notamment à Rutshuru, Kibati, Kirotshe, Kiwanja, Buhimba, Masisi, Kitchanga, Mweso, Nyanzale, Kayna, Bukavu, Minova et Kalonge.
MSF reste très préoccupée du sort des nombreuses personnes perpétuellement en fuite suite aux combats incessants. Les personnes déplacées et la population résidente continuent à manquer de nourriture, d'eau potable, de soins de santé et de biens de première nécessité, notamment de couvertures, de kits d'hygiène et d'abris.
Des cas de choléra ont également été rapportés dans différents endroits et plus fréquemment que d’habitude. Les récents combats ont entraîné une recrudescence du choléra dont les facteurs de risque sont une mauvaise hygiène, le manque d'eau potable, l'exode des populations et les mauvaises conditions de vie liées à la surpopulation des camps de déplacés.
www.etat-critique.ch est disponible en français, en néerlandais, en anglais, en allemand, en espagnol et en italien. Pour le lancement de cette campagne Web, des conférences de presse seront organisées dans plusieurs grandes villes le 20 novembre, notamment à Bruxelles, Paris, Johannesburg, Nairobi et Londres.