Les Etats de l’UE doivent reconnaître le coût humain de leur politique migratoire répressive.
© Jorge Dirkx
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Alors qu’une délégation de dirigeants européens et italiens s’est rendue sur l’île sicilienne de Lampedusa mercredi 9 octobre pour rendre hommage aux nombreuses victimes qui ont tragiquement perdu la vie en essayant d'atteindre les côtes européennes, MSF appelle les Etats membres de l’Union Européenne à reconnaître le coût humain de leur politique migratoire répressive.
Les Etats doivent concentrer leurs efforts non pas sur la fermeture de leurs frontières aux plus vulnérables mais sur la protection de vies humaines, à travers des opérations de sauvetage en mer plus efficaces et l’amélioration des conditions d'accueil.
Près de 30 000 personnes en fuite depuis le début de l’année
Depuis janvier, près de 30 000 personnes en provenance de Libye, d’Egypte ou de Syrie ont rejoint l’Italie par bateau. La majorité a fuit des violences ou des conflits et requiert une protection internationale. Le 3 octobre, un bateau transportant près de 500 personnes, principalement des Érythréens et Somaliens, a pris feu puis sombré à quelques kilomètres des côtes italiennes entraînant la mort de près de 300 passagers, y compris des enfants. Ces victimes s’ajoutent aux dizaines de milliers de réfugiés et migrants disparus en Mer Méditerranée alors qu’ils se rendaient en Europe à la recherche d’une vie meilleure et de sécurité.
Le renforcement du contrôle aux frontières et l’absence d’options légales pour entrer dans l’UE poussent ces personnes à emprunter des parcours de plus en plus périlleux. « Les Etats membres de l’UE ne peuvent plus ignorer le coût humain de leur politique. Ce récent naufrage est la conséquence directe d’une politique migratoire européenne qui criminalise l’immigration irrégulière et s’acharne à fermer ses portes aux plus vulnérables », s’inquiète Freya Raddi, coordinatrice des opérations pour MSF.
Le coût humain de la politique migratoire européenne
Ce type de mesures a de terribles conséquences sur les personnes qui ont essayé sans succès de rejoindre l’Europe. Que ce soit à quelques kilomètres des côtes italiennes ou dans les pays de transit, un nombre incalculable de vies sont brisées. Les personnes sont exposées à des violences et exactions au cours de leur traversée à cause de moyens mis en place par des autorités complices de cette politique. Ceux qui ont survécu à la traversée se trouvent aujourd’hui dans des centres d’accueil aux conditions de vie déplorables. « Le centre de réception de Lampedusa doit aujourd’hui accueillir quatre fois plus de personnes que sa capacité ne le permet et pourtant cette situation n’est pas nouvelle », déplore Freya Raddi. « Des familles dorment dehors sous des abris de fortune fait de morceaux de plastique et de matelas », poursuit-elle. Cela témoigne du manque de préparation des autorités à un phénomène migratoire pourtant connu et prévisible.
Les populations sont aujourd’hui de plus en plus mobiles et les motivations pour franchir les frontières sont multiples. « Les gouvernements ne peuvent continuer d’opposer le contrôle des flux migratoires à la protection des réfugiés et au respect des droits des migrants. Ils doivent répondre d’urgence aux questions plus larges d’aide et de protection et apporter des solutions sur le long terme », conclut-elle.
Au Maroc, à Malte et en France, les équipes MSF ont dispensé des soins médicaux et psychologiques au cours des dix dernières années.
En Italie, MSF est présente à Lampedusa depuis 2002. Elle fournit aujourd’hui un soutien technique en matière de contrôle des maladies infectieuses dans divers centres situés à Rome et en Sicile. A Raguse (Sicile), l’organisation appuie les autorités sanitaires italiennes qui disposent d'un dispensaire. De plus, l'équipe MSF est mobilisée 24 heures sur 24 pour faire face à l'arrivée de migrants sur le port de Pozzallo. L’équipe médicale procurera également des consultations gratuites aux migrants dans le centre de santé ambulatoire de Raguse.
Au nord de la Grèce, MSF fournit des soins médicaux et un soutien psychosocial aux migrants, réfugiés et demandeurs d'asile dans les postes de police frontaliers et dans les centres de détention.
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