MSF lance une campagne mondiale pour réduire le prix du vaccin PCV

Le coût de vaccination d’un enfant a considérablement augmenté ces dix dernières années.  Nous devons réagir dès maintenant.

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Les pays en développement ne peuvent acquérir des vaccins à bas coût si leur prix reste secret. C’est pourquoi, MSF appelle le public à se mobiliser et à demander, avec nous et grâce au hashtag #AskPharma, que ce prix soit désormais rendu public.

Médecins Sans Frontières (MSF) lance une campagne mondiale nommée «A fair Shot / L’injuste prix», dont l’objectif est d’appeler les laboratoires GlaxoSmithKline (GSK) et Pfizer à: 

  • Réduire le prix de leur vaccin contre le pneumocoque (PCV) dans le pays en développement en le faisant passer à 5 dollars par enfant (soit environ 4,50 euros) et ce afin que davantage d'enfants puissent être immunisés contre cette maladie mortelle;
  • Et à rendre public le prix du vaccin pour tous les pays.

 Première étape de cette campagne: dès le 23 avril, des membres de MSF assistent à la réunion des actionnaires de Pfizer, dans le New Jersey, afin d’exhorter les membres du conseil d'administration du laboratoire à divulguer le prix de leur vaccin contre la pneumonie dans tous les pays. MSF va également distribuer des documents où des informations clé ont été dissimulées sous des caches noirs, afin de symboliser le secret entourant le prix du PCV.
En janvier, MSF a publié la deuxième édition de son rapport sur le prix des vaccins, «The Right Shot : généraliser l'accès à des vaccins abordables et mieux adaptés», qui montre une multiplication par 68 du coût de la vaccination dans les pays en développement depuis 2001. Alors que les infections dues au pneumocoque tuent environ un million d’enfants chaque année,  des régions entières de la planète n’ont toujours pas accès aux nouveaux vaccins, plus chers, notamment le PCV.
«Nos médecins voient trop d'enfants mourir de pneumonie. Nous appelons tous ceux pour qui la survie de ces enfants compte à se joindre à notre appel envers Pfizer et GSK. Nous voulons que tous les pays en développement puissent protéger leurs jeunes enfants contre cette maladie tueuse, explique le Dr. Greg Elder, directeur des opérations de MSF. Pfizer et GSK pratiquent des prix exorbitants pour le PCV, ce qui empêche de nombreux gouvernements et organisations humanitaires de vacciner des enfants. Le coût de vaccination d’un enfant a considérablement augmenté ces dix dernières années.  Nous devons réagir dès maintenant».
L’une des raisons expliquant l’augmentation du coût de la vaccination est que les prix des vaccins ne sont que rarement publiés, ce qui oblige de nombreux pays en développement, ainsi que les organisations humanitaires, à négocier avec les compagnies pharmaceutiques sans pouvoir comparer les prix, ce qui les met en position de faiblesse. Certains pays doivent signer des clauses de confidentialité qui les empêchent de divulguer le prix qu'ils payent pour leurs vaccins. Pour environ 45 pays, il n’y a pas d'informations publiques disponibles sur le prix du PCV; le secret et l’opacité  qui entourent la manière dont les prix sont fixés empêchent les Etats de protéger leurs enfants à un prix abordable. Ceci entraîne également une situation absurde dans laquelle certains pays dits ‘à revenus intermédiaires’ paient le PCV plus cher que les pays riches; Par exemple, la La Tunisie paye plus cher que la France et l'Afrique du Sud paye achète le PCV trois fois plus cher que le le Brésil.
«Il est inadmissible que le prix d’un vaccin pouvant sauver autant de vies soit gardé secret. Les Etats et les organisations humanitaires négocient à l’aveugle ce qu’ils estiment être le prix juste, précise le Dr. Manica Balasegaram, directeur général de la Campagne d'accès aux médicaments essentiels (CAME) de MSF.
A la veille de la semaine mondiale de la vaccination, MSF appelle le public à soutenir sa campagne sur les réseaux sociaux, en utilisant des textes ‘censurés’ qui symbolisent, de façon provocatrice, le manque d'informations sur les prix des vaccins et ce afin de faire pression sur les laboratoires et les pousser à être plus transparents.
MSF appelle le public à demander aux laboratoires GSK et Pfizer (grâce au hashtag #AskPharma) de divulguer le prix du vaccin contre le pneumocoque et d’en réduire le prix à 5 dollars ou moins par enfant dans les pays en développement (soit 1,50 euros par dose, et 4,50 euros pour les trois doses nécessaires pour totalement immuniser un enfant).
Chaque année, MSF vaccine des millions de personnes, majoritairement dans le cadre de réponse à des épidémies de rougeole, de méningite, de fièvre jaune et de choléra. MSF soutient également la vaccination de routine dans les projets où elle gère des activités de soins aux mères et aux enfants. En 2013, MSF a fourni plus de 6,7 millions de doses de vaccins et de produits immunologiques.
Par le passé, MSF a été amenée à acheter le PCV en vue de mener des vaccinations d’urgence. Ainsi, en 2013, MSF a utilisé le PCV et un vaccin pentavalent dans le camp de réfugiés de Yida, au Soudan du Sud. En 2014, des campagnes similaires ont été menées pour les réfugiés sud-soudanais en Ouganda et en Ethiopie. MSF souhaite aujourd’hui développer son activité dans ce domaine en y incluant le PCV - et d'autres vaccins- lors de vaccinations de routine comme dans le cadre d’urgences humanitaires.