Pénurie de fonds pour les programmes de lutte contre le VIH/sida
© Sarah-Eve Hammond/MSF
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En raison de son sous-financement, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme est aux prises avec des problèmes d’une gravité sans précédent depuis sa création il y a dix ans.
Faute d’argent, le Fonds mondial a annulé le prochain round durant lequel les pays peuvent introduire une demande de financement en faveur de programmes de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. A la veille de la Journée mondiale du sida, la vie des malades du VIH/sida est par conséquent en danger dans de nombreux pays.
Certains d’entre eux, comme le Kenya, le Lesotho et l’Afrique du Sud, s’étaient déjà entendu dire qu’ils ne pourraient pas solliciter des fonds dans le cadre de ce round, vu le sous-financement du Fonds. Et voilà que maintenant, ce round est tout simplement annulé!
Effets dévastateurs
Dans les pays où la maladie fait des ravages, MSF constate déjà les effets dévastateurs de cette pénurie de fonds. Le Cameroun et le Zimbabwe s’apprêtent à devoir faire face, dans un avenir très proche, à une pénurie de médicaments. Au Congo, le nombre de personnes qui pourront démarrer un traitement est sensiblement réduit.
Dans d’autres pays, comme le Mozambique, le manque d’argent empêche d’offrir un traitement précoce aux patients, ce que préconise pourtant l’Organisation mondiale de la Santé. Ailleurs, par exemple au Malawi, les autorités sont contraintes d’ajourner des projets importants, comme le traitement précoce et à vie des femmes enceintes vivant avec le VIH/sida, afin qu’elles et leur bébé puissent rester en bonne santé.
Cette pénurie dramatique de fonds intervient précisément au moment où la recherche scientifique met en évidence qu'un traitement contre le VIH/sida garantit non seulement la survie des patients mais qu'il diminue également la propagation du virus. En d’autres termes, l’épidémie de sida pourrait être endiguée.
« Il existe une différence criante entre, d’un côté, les derniers développements scientifiques et les promesses politiques et, de l’autre, la réalité financière », explique Tido von Schoen-Angerer, directeur de la Campagne d’accès aux médicaments essentiels de Médecins Sans Frontières. « Les bailleurs de fonds mettent en péril les perspectives de survie des personnes vivant avec le VIH/sida au moment précis où ils devraient au contraire s’investir au maximum dans cette lutte et permettre de mettre sous traitement un bien plus grand nombre de patients. Tous les gouvernements doivent contribuer aux efforts visant à endiguer l’épidémie de VIH/sida, dans la foulée de leur engagement politique en juin dernier lors du sommet sur le VIH/sida à New York. Et plus particulièrement les pays qui peuvent faire la différence, et que nous appelons à prendre de toute urgence prendre leurs responsabilités et à permettre un nouveau round de financement en faveur des pays touchés par l'épidémie.
Mécanisme de transition
Le Fonds mondial mettra au point un mécanisme de transition. Ainsi, les pays dont les programmes de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme seront interrompus avant 2013 faute d’argent, pourraient quand même s’adresser au Fonds pour obtenir un financement couvrant leurs besoins les plus urgents. En ce qui concerne le VIH/sida, des fonds pourraient ainsi être sollicités pour permettre la poursuite – et non l’instauration – du traitement. MSF appelle le Fonds mondial et ses donateurs à dégager immédiatement les fonds nécessaires pour mettre en œuvre cette disposition, mais également à donner aux pays concernés de nouvelles chances de solliciter une aide financière.
© Sarah-Eve Hammond/MSF