La population ivoirienne prise dans l’étau du conflit
© Gaël Turine / VU
3 min
MSF s’inquiète de la dégradation de la situation en Côte d’Ivoire. Les affrontements armés d’une intensité croissante et le blocage politique ont de graves répercussions sur la population.
Dans l’ouest de la Côte d’Ivoire et à Abidjan, les combats provoquent de nouveaux déplacements de population. Les victimes de violences comme tous les patients ayant besoin de soins se heurtent à de grandes difficultés pour se faire soigner. En cause: l’insécurité mais aussi des ruptures d’approvisionnement en médicaments résultant des sanctions internationales.
A Abidjan, le quartier d’Abobo ne dispose que d’un hôpital fonctionnant normalement pour quelque deux millions d’habitants. La plupart du personnel de santé a déserté les deux autres hôpitaux de ce quartier en proie aux affrontements. Depuis fin février, MSF prend en charge en collaboration avec le ministère de la Santé les urgences dans l’hôpital d’Abobo Sud. «En l’espace de deux semaines, 129 patients, dont 81 souffrant de blessures par balle et à l’arme blanche, ont été reçus aux urgences, et 31 cas graves ont été opérés», observe le Dr Mego Terzian, responsable des urgences à MSF. Pour faire face à l’afflux de blessés, MSF a augmenté le nombre de lits d’hospitalisation, le faisant passer de 12 à 20.
Peur d’aller à l’hôpital
Cependant, des patients ont peur de sortir dans la rue pour aller se faire soigner à l’hôpital. Les déplacements dans la ville sont rendus difficiles par les combats et les barrages érigés par des jeunes armés de gourdin ou de machette. Autre conséquence de l’insécurité, de nombreux habitants prennent la fuite. Ces dernières semaines, une vingtaine de camps de personnes déplacées se sont formés à Abidjan. Il y règne une situation sanitaire est incertaine.
Dans l’ouest du pays, les affrontements provoquent des mouvements de populations jusqu’au Libéria voisin où se trouvent déjà plus de 82000 réfugiés. 45000 d’entre eux sont arrivés ces trois dernières semaines. Depuis décembre dernier, les équipes de MSF sont présentes au Libéria ainsi que dans l’ouest de la Côte d’Ivoire où elles dispensent des soins de santé primaire, dans des structures qui ont été abandonnées par une bonne partie du personnel médical et qui manquent de médicaments.
En Côte d’Ivoire, des équipes de MSF dispensent des soins aux populations déplacées et résidentes dans les villes de Duékoué et Guiglo, et s’apprêtent à le faire à Bangolo et Zouan-Hounien. L’instabilité de la situation rend cependant difficile l’accès aux populations, notamment dans les zones proches de la ligne de front. «Dans ce contexte d’accès précaire aux soins et de déplacement de populations, l’accès de nos équipes est essentiel notamment pour effectuer un suivi épidémiologique», explique Renzo Fricke, coordinateur des urgences à MSF.
L’impact des sanctions internationales
Le conflit armé n’est toutefois pas le seul obstacle aux soins pour les populations. Pour peser sur la crise politique, la communauté internationale a imposé des sanctions commerciales et financières qui, ajoutées aux difficultés de transport, provoquent des ruptures d’approvisionnement en médicaments et matériel médical. Dans plusieurs régions du pays, des structures de santé manquent de médicaments de base et aussi de traitements pour soigner des maladies chroniques ou aiguës, notamment pour faire des dialyses rénales.
Les donations de médicaments et de matériel médical faites par MSF à diverses structures de santé revêtent donc une grande importance. Mais elles ne suffisent pas à pallier tous les besoins.
MSF est une organisation médicale humanitaire qui intervient en toute impartialité, dans le strict respect de la neutralité. Ses activités en Côte d'Ivoire sont exclusivement financées par des donateurs privés, ce qui lui assure une totale indépendance.
© Gaël Turine / VU