Premières réactions sur le rapport d’enquête de l’armée américaine sur l’attaque de l’hôpital de Kunduz
© Andrew Quilty
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L’armée américaine a publié le 29 avril son rapport d’enquête sur l’attaque de l’hôpital MSF à Kunduz le 3 octobre 2015. 42 personnes, dont 14 employés de MSF ont été tuées lors de cette attaque et des dizaines d’autres blessées.
Voici les premières déclarations de MSF après la publication du rapport d’enquête de l’armée américaine sur l’attaque de l’hôpital de MSF à Kunduz en Afghanistan.
MSF n’a eu accès au rapport que le vendredi 29 avril, jour de sa mise en ligne par les autorités américaines, après une conférence de presse tenue par le général Joseph Votel, en charge du commandement militaire américain pour l’Asie centrale et le Moyen-Orient. La veille, des représentants de MSF ont été briefés oralement pendant deux heures par le Général Votel et son équipe, qui leur ont transmis les principales conclusions et recommandations du rapport d’enquête. MSF prendra le temps nécessaire pour analyser le rapport, et pour déterminer s’il est à même ou pas d’éclairer suffisamment les zones d’ombre et les questions laissées sans réponse depuis sept mois.
MSF prend acte
MSF prend acte de la décision prise par l’armée américaine de mener une enquête suite aux évènements survenus à Kunduz. Dans la majorité des cas et des contextes où MSF travaillent, les attaques menées contre les structures de santé et contre les acteurs humanitaires ne font l’objet d’aucune enquête, et leurs auteurs ne sont dès lors tenus d’endosser aucune responsabilité.
Néanmoins, MSF tient à rappeler qu’une enquête militaire menée unilatéralement par l’armée américaine est loin d’être suffisante pour éclairer les faits et les circonstances de l’attaque menée contre son hôpital. Au lendemain de l’attaque, MSF a réclamé que la Commission internationale humanitaire d’établissement des faits puisse mener sa propre enquête, en toute indépendance et impartialité. A ce jour, aucune suite n’a été donnée à cette demande par le gouvernement américain.
« Les conclusions qui nous ont été transmises par les autorités américaines reviennent à dire qu’une opération militaire «hors contrôle» a été menée cette nuit-là dans une zone urbaine densément peuplée. Cette attaque a été engagée sans qu’aucune des règles les plus fondamentales touchant au droit international et à la conduite de la guerre n’ait été respecté», déclare Meinie Nicolai, présidente de MSF. «Il est incompréhensible que dans les circonstances décrites par l’armée américaines, l’attaque n’ait pu être stoppée ».
L’hôpital était pleinement fonctionnel au moment où il a été bombardé. Le rapport de l’armée américaine établit qu’il n’y avait pas de combattants en arme, ni d’activités militaires dans l’enceinte de l’hôpital.
« Il est inenvisageable pour nous de renvoyer nos équipes –y compris ceux et celles qui ont survécu à l’attaque- travailler à Kunduz sans avoir obtenu des parties au conflit qu’elle s’engagent à tout mettre en œuvre pour que ce type d’événement n’arrive plus.» dit Meinie Nicolai. «Nous avons besoin d’un accord explicite dans lequel les belligérants, incluant les autorités afghanes et l’armée américaine, garantissent qu’elles ne mèneront pas d’opération militaire ni n’utiliseront la force contre les structures MSF, son personnel, ses patients, ses ambulances. Nous devons également être assurés que le personnel de MSF sera autorisé à fournir des soins médicaux à tous ceux qui en ont besoin, sans avoir à opérer de discrimination. Chaque jour passé à attendre l’obtention de cet accord alourdit le bilan de l’attaque, car la population de la région est désormais privée d’accès aux soins vitaux. »
Des sanctions disproportionnelles
Les sanctions administratives annoncées par l’armée américaine aujourd’hui ne sont en rien proportionnelles à la destruction d’un hôpital fonctionnel, à la mort de 42 personnes, aux blessures infligées à des dizaines d’autres et à l’anéantissement total de services médicaux essentiels vitaux qui bénéficiaient à des centaines de milliers de personnes.
En parallèle, ajoutant à la tragédie de l’attaque, il est maintenant établi que les victimes et leurs familles n’auront ni la possibilité de poursuivre en justice l’armée américaine, en Afghanistan ou aux Etats Unis, ni même celle de réclamer des compensations pour leurs pertes humaines et matérielles.
© Andrew Quilty