RCA : MSF réduit temporairement ses activités suite au massacre de Boguila
© Catherine Robinson/MSF
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MSF appelle les autorités centrafricaines et les parties au conflit à condamner publiquement les attaques contre les civils et les travailleurs humanitaires.
Après l'assassinat brutal de 16 civils, dont 3 membres de son personnel humanitaire à l’hôpital de Boguila le 26 Avril, Médecins Sans Frontières (MSF) a décidé de limiter, en signe de protestation et pendant une semaine, ses activités médicales en RCA et dans les pays limitrophes au seul maintien de ses services d’urgence. Il s’agit pour MSF d’exprimer son indignation, mais également de réévaluer les conditions de travail de ses équipes et l’impact potentiel sur les activités médicales.
«Nous demandons instamment au gouvernement de transition de la RCA et à tous les groupes armés de condamner publiquement cette attaque odieuse », a déclaré Arjan Hehenkamp, directeur général de MSF. « Nous demandons à tous les groupes armés du pays de prendre leurs responsabilités envers les populations vivant dans les territoires sous leur contrôle, et de s’engager publiquement à encadrer leurs troupes et respecter les civils et les travailleurs humanitaires. Aussi, nous demandons au gouvernement de transition –appuyé par les forces militaires internationales - d’honorer leurs engagements pris en matière de protection des populations civiles qui en ont le plus besoin »
Indifférence générale
MSF est consternée que le gouvernement de transition de la RCA et les représentants des groupes armés n’aient pas largement et fermement condamné le massacre de Boguila, ainsi que tous les autres actes similaires ayant eu lieu dans l’ensemble du pays. Pourtant, il revient à ces représentants des différentes parties au conflit d’assumer cette responsabilité et de prendre position face à de tels actes.
« S’attaquer à MSF, c’est s’attaquer à un des principaux acteurs médicaux déployés aujourd’hui dans le pays et, dans certaines zones, à l’unique pourvoyeur de soins de santé », déclare Arjan Hehenkamp. « Nous restons déterminés à apporter à la population centrafricaine l’assistance médicale dont elle a besoin, dans un contexte de grand dénuement sanitaire, mais les différents acteurs doivent aussi assumer les responsabilités qu'ils revendiquent. »
Au cours des 18 derniers mois, les membres de MSF ont été régulièrement victimes de nombreux actes de violence, parmi lesquels la moitié est survenue dans la préfecture de l’Ouham, où se situe notamment Boguila. Des employés du ministère de la Santé ainsi que d'autres organisations humanitaires internationales ont également été attaqués à plusieurs reprises sur l’ensemble du territoire.
Depuis plus d'un an, les civils pris au piège du conflit continuent de souffrir d’un niveau extrême de violence, de déplacements forcés et d’une crise sanitaire sans précédent, dans l’indifférence de la communauté internationale et des forces de maintien de la paix déployées aujourd’hui en RCA.
Depuis 2006, MSF travaille dans l’hôpital de Boguila (115 lits) où des soins de santé primaires et secondaires sont dispensées pour une population estimée à 45 000 habitants dans la région . Les équipes de MSF prennent également en charge 7 postes de santé autour de Boguila dans la prestation des soins de santé primaire, le traitement du paludisme et le référencement des cas graves à l'hôpital. Chaque mois, entre 9.000 et 13.000 consultations générales sont fournies, et 5.000 à 10.000 personnes sont traitées pour le paludisme.
MSF travaille en République centrafricaine depuis 1997. Actuellement, MSF a plus de 300 collaborateurs internationaux et plus de 2.000 employés centrafricains qui travaillent dans le pays. MSF gère sept projets réguliers (Batangafo, Carnot, Kabo, Ndélé, Paoua, Bria et Zémio ) et six projets d'urgence ( Bangui, Berbérati, Boguila, Bossangoa, Bangassou et Bocaranga) ainsi que des cliniques mobiles dans le nord-ouest du pays. Les équipes de MSF fournissent également une assistance aux réfugiés Centrafricains qui ont fui vers le Tchad, le Cameroun et la République Démocratique du Congo.
© Catherine Robinson/MSF